Le couvent de Raon dut son existence aux ducs de Lorraine. En 1467, Jean de Calabre céda aux religieux de l’observance un terrain à Raon-l’Étape pour bâtir un couvent. À sa mort, son fils, le duc Nicolas, reprit le projet . Mais ce fut le duc René II qui put achever l’œuvre de ses prédécesseurs, aidé en la circonstance par une famille aisée de Raon, la famille Cachet. L’église, dédiée à Sainte-Marthe, renfermait, au dire de dom Calmet, de nombreuses reliques. Ce couvent fut placé sous la juridiction de l’abbé de Moyenmoutier. En 1630, le duc de Lorraine ordonna aux cordeliers de Raon de céder leur couvent aux récollets. Les observants obéirent, mais à la suite des guerres qui survinrent bientôt après, les cordeliers profitèrent des circonstances pour réintégrer leur couvent . Lorsqu’une chapelle fut érigée à La Neuveville-lès-Raon avec l’autorisation de l’abbaye d’Étival, les cordeliers furent parfois chargés de sa desserte. Au moment de la Révolution, le couvent de Raon comptait treize religieux, dont sept prêtres et six frères lais. Le gardien en était le père Dominique Gilbert. Deux des cordeliers, les pères Jean-François Prévôt et Eloi Huraux, furent déportés et moururent en rade de l’île d’Aix, l’un le 18 juin et l’autre le 13 octobre 1794 . Les bâtiments composés d’une église au nord et de deux corps de logis en retour, estimés le 21 septembre 1792 à 5500 livres, furent mis en vente en floréal an IV . La vente passée le 26 prairial suivant fut faite pour la somme globale de 10086 livres . Comme les fonds des cordeliers de Mirecourt et des Thons, les archives des cordeliers de Raon-l’Étape ne nous sont pas parvenues. Une pièce seulement, un bail de 1785, est conservée aux Archives des Vosges. Du reste, l’inventaire des titres du 7 janvier 1791 ne paraît pas complet et ne fait état que des registres des comptes .