Document d'archives : L’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi retrace son parcours et ses liens avec le musée de Salagon et ses jardins

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Pierre Lieutaghi est fils unique, issu d’une famille modeste, dont le père est ouvrier et la mère vendeuse vivaient en Bretagne, région d’origine de la famille maternelle. Il évoque son enfance à Quimper où il fait remonter son intérêt pour la botanique, auprès d’une tante qui l’emmenait en promenade. Il y découvre la cueillette et les usages des plantes sauvages comestibles. Lorsque ses parents s’installent à Paris pour des raisons professionnelles, il entre au lycée Pasteur, sur la commune de Neuilly. Le changement social est radical et, à travers les relations tissées avec ses camarades de classe, il s’ouvre à de nouveaux horizons intellectuels tout en continuant de peindre et de dessiner. Son attrait pour l’ethnobotanique se construit d’abord par une démarche naturaliste : la connaissance des oiseaux, de la géologie, puis de la botanique vers l’âge de vingt ans. De 1955 à 1965, il vit et travaille à Paris, employé un temps au Muséum d’Histoire naturelle dans un laboratoire de préhistoire. Il fréquente, et continuera toute sa carrière à fréquenter, la bibliothèque du Muséum. Il y fait la découverte des textes fondateurs de la médecine botanique comme ceux de Mattioli (1501-1578). Il suit les cours d’André-Georges Haudricourt de Jacques Barrau. C’est par ce dernier qu’il va prendre connaissance du terme "ethnobotanique" dans lequel il va inscrire sa démarche. Il arrive, un peu par hasard, en 1965 en Haute-Provence, d’abord à Forcalquier, puis à Mane. Malgré son attachement à la Provence où il va s'installer, il gardera la nostalgie des sols siliceux et des paysages de sa Bretagne natale. Sollicité par l’éditeur Robert Morel, spécialiste des livres-objets, il publie en 1966 Le livre des Bonnes Herbes, toujours réédité au moment de l’entretien, puis en 1969, Le livre des arbres. Sa carrière d’auteur débute, il va continuer avec des périodes d’écriture plus collectives et d’autres plus personnelles. En 1981, la Mission du patrimoine ethnologique est créée au ministère de la Culture incitant fortement à la collecte en région dans le domaine de l’ethnologie. La Fédération nationale des foyers ruraux lui commande des enquêtes en ethnobotanique dans plusieurs régions. Pierre Lieutaghi se charge alors de rédiger des questionnaires écrits. A cette occasion, Pierre Lieutaghi relève le fait que l’ethnobotanique française manque d’archives orales, car il ne s’agissait alors que de prises de notes. Ces enquêtes donneront lieu à la publication de l’ouvrage Badasson et compagnie en 2009 (Actes Sud). En 1979, Pierre Lieutaghi est à l’initiative de la création de l’association l’EPI (Association Études Populaires et Initiatives). Les objectifs sont la collecte et la transmission, par les publications et les stages autour des axes de la botanique et de l’ethnobotanique en lien avec la société. Ces stages, qui ont perduré jusqu’en 1988, ont été très enrichissants et nombre de stagiaires ont travaillé dans le domaine, constituant ainsi un véritable réseau. Interrogé sur ses liens avec Pierre Martel, le fondateur de l’association Alpes de Lumière, il reconnaît en lui un homme passionné, qu’il décrit à la fois comme un savant et un griot, capable de captiver son auditoire grâce à son érudition et son talent oratoire, notamment lors des visites qu’il organisait sur le territoire. Interrogé sur la quantité importante d’enquêtes enregistrées portant sur les pratiques ethnobotanique des néo-ruraux, le témoin sur les changements notables de la deuxième moitié du 20ème siècle : la gratuité des médicaments par l’instauration de la Sécurité sociale a modifié les pratiques thérapeutiques naturelles des anciens, tandis que plus récemment nombre de néo-ruraux se sont tourné vers l’herboristerie et l’auto-thérapie. Pierre Lieutaghi évoque ensuite son investissement dans la création des jardins de Salagon et détaille tous les espaces et leur construction : le premier jardin, consacré aux herbes et plantes villageoises est créé à l’emplacement de l’ancien poulailler de la ferme de Salagon ; vient ensuite une évocation du « Jardin médiéval », construit à partir de sources écrites médiévales, autour de trois pôles, médicinal, culinaire et ornemental, créé en collaboration avec Pierre Coste, alors directeur du musée de Salagon. Au début des années 2000, le département des Alpes de Haute-Provence reprend la gestion du prieuré de Salagon, entreprend, dont il avait fait l'acquisition en 1983. Toujours sous l’impulsion de Pierre Lieutaghi, et en collaboration avec Danielle Musset, alors directrice du musée, le « Jardin des temps modernes » est remanié (il avait été créé en 1990 et terminé en 1998 - Note de D. Musset). Vient ensuite la création du « Jardin du chêne blanc » dont le projet était de reconstituer des espaces différents du paysage à partir de plantes sauvages prélevées dans la nature. Celui-ci, trop complexe à entretenir, n’a pu perdurer sous la forme imaginée au départ. Ainsi, le livre homonyme désigne un jardin qui n’existe pas. Dans ces ensembles, plus de 2000 espèces sont représentées, grâce à une collaboration internationale par un échange de graines via l’index Seminum notamment . En 2001, Pierre Lieutaghi et Danielle Musset organisent le premier séminaire d’ethnobotanique à Salagon. D’abord orienté sur l’aire méditerranéenne, il s’est ouvert à l’espace européen puis au monde entier. Il s’agit du seul séminaire national consacré directement à l’ethnobotanique.
Pierre Lieutaghi est enregistré par Véronique Ginouvès à Mane (04)

Cote :

MMSH-PH-6220

Description physique :

Information matérielles :
1 fichier numérique, format wave (44.1khz, 16 bits)
Importance matérielle :
Durée : 2h 2min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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