L’informateur, né le 21 mars 1915, déclare qu’il est issu d’une très vieille famille qui a toujours vécu dans le Château-Viéra, la plus ancienne maison de Turriers comme l’attestent de très vieux papiers datant du XVe siècle retrouvés dans le grenier. Il explique qu’il n’y avait pas d’eau dans cette maison et que sa famille avait fait appel à Monsieur Jargaille du Pont-de-Labeaume, sourcier qui aurait trouvé dix-huit sources grâce à son pendule. Les besoins en eau étaient alors largement inférieurs, car il y avait moins de bétail, et pas de sanitaires. La famille arrivait alors à subvenir à ses besoins grâce à son puits. Depuis toujours les membres de sa famille ont été agriculteurs. Lui possédait deux cents brebis, quatre ou cinq chèvres, un cochon pour nourrir la famille. Il déplore le fait que le prix de l’agneau à l’abattage est dérisoire, du fait de la faible augmentation du prix, comparée aux charges,les agriculteurs n’arrivent plus à vivre décemment dans les campagnes qui sont abandonnées les unes après les autres. Les pâturages ont laissé la place aux arbres qui gagnent du terrain, et la diversité des fleurs s’en ressent : les boutons d’or, gentianes ou violettes ont disparu en même temps que les petits troupeaux. Il se souvient que les enfants commençaient à travailler à douze ans et les femmes de l’époque vaquaient aux occupations ménagères qui étaient nombreuses. Concernant les bêtes, il explique qu’il faisait la traite à la main en se levant à 3h30 du matin. Par la suite il a cultivé des salades et des haricots verts qui étaient vendus à Gap, Sisteron et même à Barcelonnette.

Production et technique du son : voix d'homme ; parlé.