Document d'archives : Un enfant de Mirecourt reprend malgré lui l'archèterie familiale et tente toute sa vie de patron de demeurer un artisan

Contenu :

Hélène Claudot-Hawad, ethnologue et descendante d’une famille de luthiers, a mené plusieurs entretiens sur le métier de luthier et d’archetier entre 1981 et 1993. En 1982, elle s’est rendue dans leur ville d’origine et capitale de la lutherie, Mirecourt, et elle y a rencontré des anciens du métier, issus de la même génération que son père. Charles-Alfred Bazin raconte son parcours d’archetier. Son père,Louis Bazin, le fait travailler dans son atelier durant l’été 1922. Il en est propriétaire et l’atelier connaît alors un plein essor. La rentrée venue, il imposera à son fils d’y rester. Charles-Alfred Bazin était déjà au collège et espérait poursuivre des études, finalement il restera au sein de l’atelier familial et y mènera son apprentissage. La maison Bazin, qui comptait jusqu’à cinquante ouvriers, déployait une fabrication automatisée tout en maintenant, d’autre part, une fabrication artisanale sur laquelle reposait sa renommée. La fabrication " à la division " (chaque élément conçu indépendamment des autres et en série par un ouvrier) est rémunérée à la pièce et presse les ouvriers à la rentabilité avec des gestes plus efficaces et plus rapides. Par contre, la pratique artisanale reste rémunérée à l'heure. En 1936, Charles-Alfred Bazin quitte le giron familial, part à Paris exercer un autre métier, mais il est rattrapé par l’obligation de reprendre l’affaire de son père accidenté. Après la guerre, le commerce décline en perdant son client américain. La disparition des orchestres et l’émergence des enregistrements musicaux participent également de la crise. Les jeunes luthiers doivent changer de métier, la ville de Mirecourt les oriente vers les postes, les douanes, la gendarmerie… Charles-Alfred Bazin pense que l’origine ouvrière des patrons de Mirecourt les a empêchés de valoriser et de commercialiser leur fabrication sur le plan artistique. Il pointe la concurrence déloyale entre Paris et Mirecourt. Par une suite d’anecdotes, il dresse le portrait de sa famille d’archetiers et de luthiers, dans le métier depuis la seconde moitié du XIXe siècle et de la profession à l’échelle de Mirecourt. Il présente divers catalogues d’archets (façons, matières, prix), une liste d’appréciations sur le travail artisanal des ouvriers. Il évoque certaines coutumes liées à la profession comme le congé du lundi, pendant lequel les luthiers, propriétaires de lopins de terre depuis la révolution, cultivaient et élevaient des animaux de basse-cour, afin également de compléter leurs revenus. Il décrit les rituels de la sainte Cécile, patronne des luthiers, fête revivifiée récemment par les jeunes luthiers. Charles Bazin, quant à lui, avec un groupe d’amis dénommé “Les célibataires endurcis” et luthiers pour la plupart, proposait d’amuser la ville avec des parades musicales sur le mode comique et d’autres activités comme les concours de pêche. C'est suite à sa requête auprès de l'Académie Française, comme il le précise, que le mot "archetier" a été introduit dans le dictionnaire de la langue française. Cette distinction était souhaitée par les luthiers fabricants de violons, altos, violoncelles et contrebasses.

Cote :

MMSH-PH-3490

Inventaire d'archives :

Fonds Hélène Claudot-Hawad

Description physique :

Information matérielles :
1 cass. Numérisé au format WAVE (44,1khz/16bits)
Importance matérielle :
1h 33min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Liens