Document d'archives : Récit de vie d’un luthier qui fabriqua des violons dans sa maison natale de Mirecourt de 1920 aux années 1980

Contenu :

Hélène Claudot-Hawad, ethnologue et descendante d’une famille de luthiers, a mené plusieurs entretiens sur ce métier entre 1981 et 1993. En 1982, elle s’est rendue dans leur ville d’origine et capitale de la lutherie, Mirecourt, et y a rencontré des anciens du métier, issus de la même génération que son père. Ici elle s’entretient avec Jean Villaume (Jean-Baptiste à l’état civil), dit le Jeanjinot, déjà interrogé lors d’une précédente enquête menée chez son frère, le luthier Gustave Villaume. La maison est située dans un quartier du vieux Mirecourt, anciennement fief de la profession. Une pièce du logis - dans lequel vit toujours le témoin - était déjà réservée à l’atelier du temps où son père travaillait, lui aussi luthier de profession. Ce père sera mobilisé lors de la guerre de 1914, dont il reviendra pour mourir (en 1921). Les deux frères aînés de Jean sont dans la lutherie, sa mère le place par commodité en apprentissage en 1917, où il rejoint ses frères chez Léon Mougenot. Il n’a pas encore douze ans. Trop petit de taille, on doit le surélever pour qu’il travaille à l’établi. De ses premières années dans le métier, Jean Villaume raconte l'effort de travail difficile à fournir pour un enfant et les étapes de l'apprentissage sous le contrôle des plus grands. Il évoque les distractions du dimanche à Mirecourt (bal, cinéma, fanfare municipale). Il travaille dans la Maison Mougenot quelques années mais la quitte pour des raisons financières. Il embauche alors dans une nouvelle Maison dont il n’apprécie cependant pas le travail qu’il juge grossier (pratique du moulage de la voûte et du fond au détriment du travail à la main). Au contraire, la fabrication artisanale des violons à la main est restée quasi identique des temps anciens jusqu’à aujourd’hui. Jean Villaume travaille finalement à domicile, grâce aux commandes de son frère Gustave, devenu propriétaire d’un atelier à Nancy. Ils évoquent, avec l’enquêtrice, les différents hommes de leurs familles liés à la lutherie et le rôle des femmes et filles des luthiers dans les ateliers. Après avoir donné le contexte familial de son enfance, Jean Villaume revient sur les types de rémunération des luthiers, sur leurs difficiles conditions de vie et sur son souhait (assouvi) que ses enfants connaissent d’autres métiers avec de meilleures situations. Evoquant chaque étape de la fabrication d’un instrument, Jean Villaume a encore les gestes dans les mains ; il illustre ce qu’il décrit par l’exposition des outils et la démonstration de leur usage. Il dit pouvoir reconnaître les violons de sa fabrication parmi tous, chaque luthier possèdant une facture et un style singuliers : “chacun a sa main”. Il se fait aussi chroniqueur de la vie luthière de Mirecourt : il distingue les grandes Maisons que sont les manufactures (Laberte-magnié, Thibouville-Lamy) des artisans (dont Dieudonné, Mougenot...) dans les années 1920, et décrit quelques us et coutumes des luthiers (leur apparence vestimentaire, leur esprit frondeur et jovial, leur pratique de l’alcool).

Cote :

MMSH-PH-3489

Inventaire d'archives :

Fonds Hélène Claudot-Hawad

Description physique :

Information matérielles :
1 cass. Numérisé au format WAVE (44,1khz/16bits)
Importance matérielle :
40min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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