Document d'archives : A propos des pratiques alimentaires chez les populations de l'Ahaggar dans la première partie du 20e siècle

Contenu :

L'informateur Matadden Mehimed est un vieillard de 80 ans environ. C'est Sidi ag Kraji, chef Taîtoq, qui l'a fait venir enfant à Idélès avec sa mère, sa fille (la mère de Mahdi) et de nombreuses personnes. Il grandit dans une famille d'accueil d'origine arabe qui s'appelle Baqadir Ould Heddi et vit 3 à 4 ans à Touat avant de retourner chez les Tiatta (les habitants de Tit). Selon Mehimed et son neveu Mahdi, Baqadir et son frère Salem, des mrabtine de Tit (sing. Titti, plu.Tiatta), considérés à l'époque comme "les plus purs", étaient les premiers cultivateurs à Idélès. La discussion entre Marceau Gast et Matadden Mehimed porte sur les modes alimentaires dans l'Ahaggar. Selon ce dernier, les caravanes de sel vers le Sudan (Niger et Mali actuels) et vers l'Amadghor n'existaient pas à l'époque des deux chefs de l'Ahaggar El Hadj Ahmed Ag Elhadj Elbekri et d'Ahitarel Ag Mohammed Biska mais ont connu un essor durant le commandement de Moussa ag Amastane. Selon Mehimed, les touaregs de l'Ahaggar achetaient le blé de Touat qu'ils cultivaient dans l'Ahaggar. Le riz tafeghet en tamahaq, très peu rapporté de l'Adghagh ou du Sudan, ne faisait pas partie des coutumes culinaires des populations de l'Ahaggar qui préféraient le mil rapporté de Damergou, Tahoua et d'Egedeh (Agadez). Ils se nourrissaient également de lait et de différentes plantes notamment le Panicum turgidum Afezou, Aristida punges Oulloul, les graines d'Asphodelus tenuifolius Tebehit et Eruca sativa Tanekfait. Marceau Gast interroge également Mehimed sur plusieurs sujets liés à l'alimentation des touaregs de l'Ahaggar notamment sur la façon de préparer le thé, rapporté de l'Azguer, sur un plat connu dans l'Ahaggar appelé Tikhammazin et sur quelques préparations culinaires à base de mil broyé comme Aghahara (synonyme:Aghgéra), alakou et érélé. L'informateur ignore une préparation appelée Kachri évoquée par M. Gast dans l'entretien. Les touaregs savaient confectionner différents récipients utilisés dans leur vie quotidienne pour transporter et conserver leurs provisions. L'informateur cite le van de sparterie (téseit tan taleggit et tan agoum), les sacs de peau (adaboun), les récipients de palme tressée de différentes tailles (elgoutgout, elqeff), la calebasse (atekals ou gasso) et d'autres qui sont en bois (aghlal) qui vient du Sudan. La marmite en cuivre était très peu utilisée et les touaregs préféraient la marmite en poterie (teghirt). Pendant l'enregistrement, on entend un échange de salutations, en arabe dialectal, entre Marceau Gast, Mehimed et son neveu, Mahdi. Ce dernier, de mère originaire du Sudan, enchaîne la conversation avec M. Gast sur les bienfaits du beurre blanc et du lait de chèvres pour les nouveaux nés. La mère, deux jours, en attendant la montée de son lait, nourrit son bébé, à l'aide d'une cuillère ou d'un biberon de bois appelé amoula, avec le lait de chèvre additionné de quelques gouttes d'eau et une datte mise à macérer pour sucrer cette préparation. Selon Mahdi, c'est Mme Regnier, infirmière à Idélès, qui avait introduit, pour la première fois, le biberon de verre qui avait remplacé le biberon de bois dans la région. L'allaitement du bébé dure en général deux ans et ensuite l'enfant est nourri de différentes bouillies (esink,taraouait) et de pâte à base de dattes et de beurre (tarkit). La conversation est interrompue par une brève discussion en francais entre Gast et Barrère, de passage au cours de l'enregistrement.

Cote :

MMSH-PH-4236

Inventaire d'archives :

Fonds Marceau Gast

Langues :

tamacheq ; arabe dialectal ; français

Description physique :

Information matérielles :
1 bde
Importance matérielle :
37min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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