Document d'archives : Cirque Arlette Gruss

Contenu :

Trois programmes.

Cote :

68P/38

Inventaire d'archives :

Fonds Pottier

Informations sur le producteur :

La genèse : premier chapiteau
En 1985, le cirque Arlette Gruss effectue ses débuts en Irlande, où le public se fait rare. Fin décembre, le cirque revient en France. Dès 1986, le cirque Arlette Gruss effectue sa première tournée en France. En cette première saison, les spectateurs se font rares aux guichets. Les recettes sont maigres.
L'équipe, composée d'une quinzaine de personnes regroupe les membres de la famille et quelques passionnés. À l'époque, le cirque français est en crise. Nombre d'enseignes prestigieuses ont cessé leurs activités. Arlette Gruss veut changer les mentalités et bannir à jamais le misérabilisme ambiant. Elle se lance alors dans quelques innovations. L'agencement intérieur du chapiteau utilise le velours et supprime le plastique. Les projecteurs sont peu nombreux, mais optimisés par Gilbert Gruss. Le spectacle est essentiellement composé par les membres de la famille. L'organisation de la tournée fait en sorte d'éviter les villes d'un jour. Cinquante localités accueilleront chaque année le cirque aux mêmes périodes.
Michel Palmer endosse le costume de Monsieur Loyal.
Arlette Gruss choisit le slogan : « Avec nous, faites la différence ».
Années 1987 à 1993 : le deuxième chapiteau
Dès 1987, le public se fait un peu plus nombreux et la tendance se confirmera l'année suivante. En 1988, Gilbert Gruss commence à concevoir les programmes, ce qu'il ne cessera de faire par la suite. Forte de cet encouragement, Arlette Gruss affronte Paris en décembre 1989, sur la pelouse de Reuilly. À cette occasion, Monsieur Kriegel, directeur du Paradis Latin, remet au cirque le « Trophée de la qualité ».
En décembre 1990, Gilbert Gruss, reçoit à Paris un chapiteau neuf où l'accent est mis sur le confort du spectateur. Il n'y a alors plus de mâts intermédiaires. L'accès aux loges et gradins se fait sur un plancher. Chaque place est individualisée grâce aux sièges baquets. Il y a également un accès pour les personnes à mobilité réduite. C'est Line Renaud qui baptise ce nouveau temple de toile.
Dès 1991, un orchestre de six musiciens se substitue aux bandes sonores, le seul orchestre vivant à cette époque. La régie du spectacle s'étoffe et c'est désormais Frédéric Manoukian qui, tout en étant le chef d'orchestre et arrangeur du cirque National Alexis Gruss, gère amicalement dès que ses moments de liberté le lui permettent, les créations et adaptations musicales.
En 1992, Arlette Gruss fait partie du jury du XVIe siècle festival international du cirque de Monte Carlo. Le cirque reçoit également le Prix National du cirque. En novembre de la même année, le cirque Arlette Gruss est choisi pour l'organisation du Gala de la Presse à Paris. Une soirée sera donnée au profit de l'Association Perce-neige présidée par Madame Lino Ventura. La fin de l'URSS permet au cirque d'accueillir pour la première fois des artistes russes.
À partir de 1993 France 3 filme et diffuse le spectacle. C'est à cette période qu'André (connu pour ses duos avec Frisco) arrive.
Au fil des saisons, le nombre des villes visitées s'amenuise. Afin de fidéliser au mieux la clientèle, les localités s'engagent à accepter le cirque chaque année à la même période (exemple : Lille en mars, Nice en septembre, Nancy fin octobre).
1994 à 1999 : troisième chapiteau
En 1994, la girafe Willy foule la sciure Yann Gruss, le fils aîné d'Arlette, vient remplacer un autre dresseur blessé. Il s'agit d'un dresseur présentant une grande variété d'animaux (ours, lions, tigres, panthères noires, guépards, wallabys, watuzis, boas, rennes, zébus, chimpanzés, bœufs etc.) et il propose au public des numéros de "voltige" avec ses tigres, c'est-à-dire des sauts rapides et des courses dans la cage.
Fin 1994, début 1995, Gilbert Gruss prend possession d'un nouveau chapiteau. Le chapiteau avec coupole octogonale possède une structure modulable. Sa contenance peut passer selon les besoins de 1 350 à 2 200 places. C'est ce lieu que choisissent Yves Mourousi et Marie-Laure Augry pour organiser une soirée. Le « tout Paris » de la politique, du spectacle, des médias est au rendez-vous. Les Chœurs de l'Armée rouge donnent un récital en avant-spectacle de cirque. A partir de cette année, les artistes se produisant sur scène viennent du monde entier.
En 1996, le cirque s'installe pour la première fois à Bordeaux.
En 1997, la troupe Biasini rejoint le cirque. C'est à ce moment-là que Gilbert Gruss rencontre sa future épouse, Linda Biasini. Sur proposition du Premier Ministre, la même année, Arlette Gruss est faite chevalier dans l'ordre de la légion d'honneur. Cette distinction lui sera remise par Alain Juppé. C'est également l'époque de l'arrivée de Dominique Texier dans l'entreprise, organisateur de tournée et contact presse.
Lucien Gruss, frère d'Arlette Gruss, s'intègre au cirque en 1998. C'est aussi le retour de Kobann et de ses lionnes dans la cage.
Gilbert Gruss fait appel à des ateliers de création de costumes : Abiscène et Véronèse. Son orchestre intègre de nouveaux instrumentistes dont le violon. L'éclairage est assuré par Julien L'Homme. À partir de 1999, les costumes seront conçus par Roberto Rosello. Cet artiste, davantage habitué aux exigences du music-hall et de l'opéra, découvre le monde du cirque. Cette saison marque aussi les débuts de Kévin Gruss sur la piste, fils de Gilbert et Brigitte (la première femme de Gilbert) et petit-fils d'Arlette.
2000 à 2006 : après la tempête, le quatrième chapiteau
Arlette Gruss n'a jamais voulu participer à la bataille cirque traditionnel contre nouveau cirque. Elle était convaincue que la richesse du cirque est dans sa diversité. Des suites de la tempête de décembre 1999, un nouveau chapiteau sera livré en trois semaines à La Rochelle, en janvier 2000. Le soir de la première, le chapiteau est plein avec un public debout et une ovation. C'est le lancement du 15e spectacle anniversaire du cirque Arlette Gruss : « Arlette dépasse les bornes ». Michel Palmer modifie son personnage de Monsieur Loyal, qu'il conçoit désormais comme un comédien rythmant le spectacle. Son rôle évolue alors considérablement par la suite.
En 2000, Arlette Gruss est également nommée chevalier des arts et des lettres par Catherine Trautmann. Les enchaînements de numéros et les costumes se modernisent. Le graphisme de l'affiche qui sera utilisée tout au long de l'année 2000 a une volonté de suggérer l'ambiance du spectacle. Auparavant, les affiches étaient simples et très « cirque » (lion rugissant, tête de clown&) et n'étaient pas forcément utilisées une année tout entière ; ce n'est plus le cas à partir de celle d'« Effervescence ». C'est le début d'une nouvelle ère Arlette Gruss.
En 2002, Gilbert Gruss fait appel à un nouveau compositeur canadien : Germain Bourque. Après avoir travaillé au Cirque du Soleil et au cirque Knie il rejoint l'équipe du cirque Gruss et y apporte une nouvelle couleur musicale. Son but est d'associer au mieux la musique à l'image. A côté de cela, le cirque participe au Téléthon, aide diverses associations de solidarité (Prima, Laurette...) et organise des séances pédagogiques pour les écoles. Enfin, des journées à tarif réduit sont organisées, pour favoriser l'accès au spectacle.
L'année 2003 voit l'arrivée d'un nouvel équipement : une piste surélevée à 40 cm du sol reposant sur vérins hydrauliques (système mis au point et exploité par Alexis Gruss senior et son frère André Gruss (père d'Alexis Gruss) en 1954, puis largement utilisé par Jean Richard dans son cirque éponyme dans les années 1970). La conception est d'Arthur Verstraete. Le revêtement est en tartan recouvert d'un tapis. Ses deux principales qualités sont son horizontalité et sa solidité (elle supporte quatre éléphants)
En 2004, Lucien Gruss quitte le cirque, et c'est Gilbert qui le remplace avec la cavalerie.
En 2005, c'est Linda Gruss qui reprend la place aux côtés des chevaux. Par ailleurs, le cirque renforce son administration, devenant ainsi une PME de 130 personnes de 11 nationalités, avec un siège social sédentaire et un budget quotidien de 25 000 euros. Il s'agit également de l'année des 20 ans du cirque, fêtés avec un programme intitulé « Rêves ».
Le choc de 2006 : la mort d'Arlette Gruss
Le 2 janvier 2006, Arlette Gruss meurt de maladie dans sa maison d'hiver de La Fontaine-Saint-Martin. Le 6 janvier 2006, amis et artistes l'applaudissent une dernière fois au passage de son cercueil. Gilbert Gruss est désormais directeur général, en plus de créer chaque spectacle avec, notamment, l'aide de Julien Lhomme. En 31 ans, plus de 600 artistes ont foulé cette piste.
À partir de cette période, la décoration intérieure du chapiteau est confiée aux élèves du Lycée Professionnel Léonard de Vinci à Paris, encadrés de leur équipe enseignante. Les masques, coiffes et chapeaux sont conçus par William Guilhem et Emmanuel Blin pour les ateliers Lisadora. C'est Catherine Gauthier, artiste proche du milieu théâtral, qui écrit avec Michel Palmer les textes du spectacle. Gilbert Gruss s'entoure également d'une directrice de casting en la personne de sa seconde épouse Linda Biasini et d'une conseillère chorégraphique Marisa Biasini, sœur de Linda.
Michel Palmer, Le Monsieur Loyal du cirque Arlette Gruss prend sa « retraite » en fin de saison 2007 avec la dernière de « Pile ou Face ». Cette saison est également la dernière de Frisco, arrivé au cirque en 1990.
Il n'y aura pas de Monsieur Loyal en 2008, certaines présentations de numéros étant contées ou chantées. Cependant Claude Brunel tiendra le rôle de fil rouge du spectacle « Mirages ». 2008 est aussi l'année des débuts de Laura-Maria Gruss, petite-fille d'Arlette, fille de Gilbert et Linda, sixième génération de la famille à officier dans le monde du cirque. Le décès de Dominique Texier est à déplorer à Rouen.
2009 : la « Cathédrale » Arlette Gruss
Après deux ans d'études techniques, le nouveau chapiteau baptisé « La Cathédrale » voit le jour à Bordeaux en 2009. Il est de fabrication française pour la toile (entreprise Girondine AB2CS) et italienne pour les structures métalliques (Anceschi Carlo & Cie). Il a nécessité quatre mois de fabrication et a fait l'objet d'un cahier des charges strict. Les calculs ont été faits par le bureau d'études ASTEO (région lyonnaise). Il réunit tente d'accueil, salle de spectacle et coulisses. Sa résistance aux intempéries est exceptionnelle pour sa taille.
Quelques chiffres :
Dimensions : 49 mètres sur 85 mètres pour une hauteur de 22 mètres
Toile en 5 quartiers pour un poids total de 7 tonnes et une superficie de 2 700 m
8 mâts de 20 mètres de haut
2 mâts de 11 mètres de haut
8 corniches de 6 à 10 mètres de haut
120 poteaux de tour de 4,5 mètres de haut
452 pieux d'ancrages plantés à 1,40 mètre de profondeur
1 500 places assises
Germain Bourque gère les arrangements musicaux jusqu'en 2009. Cette année-là, Kévin Sagau prend la relève de Monsieur Loyal. D'abord discret la première année (n'intervenant qu'au final de « La Cité du Cirque »), il reprend Monsieur Loyal en 2010 avec le spectacle du 25e anniversaire « La Légende » dans une présentation parfois slamée et chantée.
2010 à 2013 : poursuite de l'évolution sous le chapiteau
Groupe de fauves du dresseur Tom Dieck, en janvier 2013.
L'anniversaire des 25 ans du cirque est fêté par la Patrouille de France qui survole le chapiteau le 16 août 2010. Depuis le début de l'année, le chorégraphe Bruno Agati habille de danse chaque numéro. Il est assisté de Linda et Marisa Biasini. Cette année-là voit également le retour de Frédéric Manoukian pour le spectacle du 25e anniversaire.
En 2011, Christophe Denizot prend le relais comme compositeur de « Poussières d'Étoile », tandis que Kévin Sagau poursuit son rôle, entouré de deux chanteurs lyriques qui accompagnent certains numéros en chanson. Quant à Nora Gruss, la sœur de Gilbert (et fille d'Arlette), caissière depuis les débuts du cirque, elle s'investit dans une association, « Le rêve de Norinia », pour permettre aux handicapés (elle souffre elle-même d'un handicap) de partager son univers.
Une nouvelle entrée des artistes fait son apparition sous le chapiteau. Reculée de plusieurs mètres et derrière un rideau rouge face aux gradins, cette nouvelle infrastructure a la particularité d'être mécanisée par un système de levage permettant de monter et descendre l'orchestre et de faciliter l'entrée en piste d'un matériel imposant (notamment le globe des motos en 2011 et 2012). Une nouvelle organisation des gradins de face et, par conséquent, de l'entrée du public, est mise en place. Celle-ci se fait désormais de chaque côté des gradins dits « Carré Or » avec un côté pair et un côté impair. Le reste des gradins devient intégralement numéroté. Le hall d'accueil du chapiteau subit aussi quelques changements. L'accueil figure au milieu du hall et la boutique souvenirs au niveau de l'ancienne entrée du public, face aux portes d'entrée. Cette même année, la Cathédrale sera installée dans l'intégralité des villes de la tournée (de Bordeaux à Paris).
Pour la 27e création, intitulée « L'autre Monde », Gilbert Gruss propose un nouveau spectacle, dans lequel le rideau d'entrée des artistes s'illumine. Comme chaque année, les nouveaux costumes sont créés par Roberto Rosello et l'orchestre est désormais dirigé par Antony Saugé (qui fait partie du groupe de Frédéric Manoukian). Côté artistes, le globe des motos fait son retour ainsi que le numéro de la roue de la mort (absent depuis 2006). Nouveauté également avec le numéro de Kévin Gruss qui change de domaine en présentant de la magie (il est plutôt habitué aux numéros aériens), ainsi que le retour de Marisa Biasini assistant son mari dans un numéro d'échelles, déjà présenté en 2006 sous le chapiteau. C'est aussi la fin de la présentation du spectacle par Kévin Sagau, qui prend congé, provisoirement, après 4 ans.
2013 à 2015 : renouvellement du reste de l'équipement et retour aux sources
La création 2013 de Gilbert Gruss et de son équipe s'intitule « Symphonik ». C'est le retour du groupe de fauves de Tommy Dieck Jr qui était présent en 2005. L'année 2013 est aussi une année de nouveautés : nouvelles bâches pour le parc routier, nouvelles tentes pour le zoo. Les couleurs rouge et blanc se retrouvent sur l'ensemble du matériel.
Enfin, entre 2013 et 2015, Gilbert Gruss confie à PROCAR le renouvellement et la modernisation de son parc de matériels roulants, pour un investissement de 2,5 millions d'euros : unités mobiles logistique, semi-remorques et remorques habitation, remorque sanitaires, remorque buanderie, nouvelle billetterie, bureaux, école et toilettes du public.
En 2014, Gilbert Gruss présente son nouveau spectacle, intitulé « History ». C'est le retour du clown André, et de Kévin Sagau à la présentation.
Pour les 30 ans du Cirque Arlette Gruss en 2015, Gilbert Gruss imagine un spectacle fêtant cet anniversaire. Un hommage est rendu à Arlette Gruss dès le début de celui-ci. Pour fêter l'évènement, le clown Mathieu est de retour, accompagné des motards du Globe of Speed (présents en 2011 et 2012), ainsi qu'une attraction inédite : les Motards Freestyle (FMX Riders), qui effectuent des cascades à travers la longueur du chapiteau (depuis les gradins de face, jusqu'au rideau d'entrée des artistes). De ce fait, l'organisation du chapiteau change légèrement avec la suppression de la loge d'honneur "Arlette Gruss", face à l'entrée des artistes, ainsi qu'une partie des gradins de face « Carré Or ».
2016 à 2018 : Types de numéros
Le cirque Arlette Gruss a la particularité d'associer numéros de voltige et numéros d'animaux, dans un spectacle entre tradition et modernité. Les types de numéros proposés sont classiques, mais leur présentation est modernisée par des jeux de lumières et rythmée par la musique.

Le spectacle se déroule toujours selon le même rituel : une première partie, un entracte, une seconde partie, avec un thème, et un conteur qui est le fil rouge du spectacle (et qui, à l'exception de quelques années, est Monsieur Loyal). Il y a traditionnellement un numéro de fauves, un numéro d'éléphants et un numéro de cavalerie qui rythment le déroulement du spectacle. Le cirque associe des recettes qui fonctionnent, reconduites d'une année à l'autre (la cavalerie, les clowns, Monsieur Loyal, et depuis les années 2010 les motos) et des numéros de voltige qui varient d'une année à l'autre, avec des compagnies qui changent et qui viennent du monde entier.

La cavalerie Gruss est aussi une tradition. Elle est généralement gérée par un membre de la famille, le plus souvent une fille. Les chevaux sont depuis quelques années présentés par Laura-Maria Gruss et sa mère, Linda Biasini-Gruss. Ces chevaux (un groupe de 8 frisons notamment) sont dressés par le frère d'Arlette Gruss : Lucien Gruss.

Depuis la reprise de la direction par Gilbert Gruss, les transitions entre les spectacles associent de la danse, et chacun endosse plusieurs rôles : en plus de son spectacle, chacun danse, jongle, mime ou donne un coup de main.

Ressources complémentaires :

2001.73.96, Fonds Neveu, Cirque Arlette Gruss. Paris. 1996. Pipo et Pierric. Sous le châpiteau familial et fidèle à la tradition d'Arlette Gruss, deux clowns se retrouvent pour le plaisir de la musique., 1996, Neveu, Sylvie;

Personnes :

Cirque Arlette Gruss

Lieux :

France

Thèmes :

cirque

Type de document :

programmes

Où consulter le document :

Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) - Centre de conservation et de ressources

Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) - Centre de conservation et de ressources

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