Document d'archives : Une étudiante française boursière au Centre de Recherches et d'Etudes Arabes parle de son expérience d’apprentissage au sein de...

Titre :

Une étudiante française boursière au Centre de Recherches et d'Etudes Arabes parle de son expérience d’apprentissage au sein de l’établissement et donne sa vision socio-politique du Liban en 1975

Contenu :

Après son baccalauréat en 1967, l’informatrice a entamé des études de philosophie à Strasbourg. Ses nombreux voyages en Turquie, Irak, Iran, Liban, et un intérêt pour la cause palestinienne l’ont conduite, en parallèle à la préparation de l’agrégation, à prendre pendant 3 ans des cours d’arabe qui lui ont permis d’obtenir l’équivalence de la première année du Diplôme universitaire d’études littéraires (DUEL). Sa passion pour l’apprentissage de la langue et la culture arabe l’amène à solliciter une bourse pour étudier à Damas en Syrie et c’est finalement pour Beyrouth qu’elle l’obtient. Elle arrive au Liban en compagnie de son mari en 1974 pour intégrer le Centre de Recherches et d'Etudes Arabes (CREA) où elle passe en deuxième année. L’étudiante est critique envers l’enseignement du CREA qui lui semble très traditionnel, très scolaire et où sa soif de découverte de la culture arabe n’est pas satisfaite. Elle pense que la direction jésuite devrait se remettre en question et que les méthodes d’enseignement bénéficieraient d’un changement radical. Au sujet des étudiants qui fréquentent le CREA, elle note la fracture entre les pro-Kataëb et les boursiers qui n’ont pas la même vision politique, les mêmes affinités. Pour acquérir une connaissance plus conforme à ses aspirations, elle prend également des cours à l’institut orientaloù elle reçoit des enseignements de culture islamiste et de politique. Lors de ses vacances, elle préfère se rendre en Syrie où les contacts humains lui semblent plus chaleureux et où le régime politique lui paraît plus intéressant qu’au Liban. La situation palestinienne au Liban la touchant particulièrement, elle se rend fréquemment dans les camps où la demande récurrente est la traduction de documents d’informations à diffuser en France. Selon elle, le Liban est un pays dont la partie chrétienne, qui revendique son origine phénicienne, renie son appartenance à la culture arabe et privilégie l’Occident. Les relations de l’informatrice avec les chrétiens libanais sont limitées compte tenu de ses convictions politiques marquées à gauche et il en va de même pour les relations avec les Français de l’ambassade, du corps enseignant, de la coopération, du monde des affaires dont les conversations lui semblent superficielles, centrées sur les questions de confort matériel et en aucun cas soucieuses du pays qui les accueille. Ainsi, l’étudiante note que si l’on ne se fond pas dans ce moule on peut se sentir exclu même en tant que Français. D’un autre côté, être arabisant peut susciter des réactions de défiance de la part du monde arabe qui considère que sa culture subit une certaine forme de pillage. La situation à Beyrouth au moment de l’entretien est tendue et lorsque l’informatrice est interrogée sur son sentiment de peur, on entend des bruits d’explosion. L’étudiante confie son désarroi face aux événements qui opposent les Kataëb avec ses groupes de défense des quartiers et les Palestiniens qui demandent à ce que l’on cache leurs armes. Le problème palestinien a changé la donne au Liban, et l’informatrice a du mal à prédire comment la situation va évoluer et dans quel sens. Concernant son avenir, elle compte retourner en France pour y faire sa maîtrise et contribuer au développement de la connaissance de la culture arabe.

Cote :

F3484

Inventaire d'archives :

Fonds Jean Métral

Description physique :

Information matérielles :
1 bde
Importance matérielle :
Durée : 1 h 24 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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