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L’Atlas photographique de la Lune est un des projets les plus ambitieux de l’Observatoire de Paris au tournant du XXe siècle. Il a pour but de dresser une cartographie complète de la Lune grâce à une instrumentation de pointe, couplée aux récents progrès techniques de la photographie. Porté par Maurice Loewy, alors directeur de l’Observatoire de Paris, en collaboration avec Pierre Puiseux et avec l’aide de Charles Le Morvan, ce projet se propose de livrer une description détaillée des reliefs de la Lune mais aussi, plus généralement, de concourir à l’augmentation du savoir sur ce satellite et son histoire.

Maurice LOEWY (1833-1907), dont les origines juives ont barré la voie de l’enseignement supérieur dans l’Empire austro-hongrois, arrive à l’Observatoire de Paris en 1860. Il y est d’abord astronome adjoint en 1861, astronome titulaire en 1866, sous-directeur en 1878 avant d’en prendre la direction de 1897 à sa mort. Pierre PUISEUX (1855-1928), fils et frère d’astronome, est élève astronome à l’Observatoire de Paris en 1879, aide-astronome en 1881, astronome adjoint en 1885, astronome titulaire en 1904 et chef du service du grand équatorial coudé après la mort de Loewy en 1907. Charles LE MORVAN (1865-1933) entre à l’Observatoire de Paris en tant qu’auxiliaire en 1890, puis devient employé titulaire en 1896, aide-astronome en 1904 et astronome adjoint en 1920.

La réalisation de l’Atlas photographique de la Lune n’aurait été possible sans le développement, quelques années auparavant, d’un instrument d’exception : le « grand équatorial coudé ». En 1874, Maurice Loewy imagine un instrument équatorial à deux miroirs plans, de forme coudée, permettant à l’observateur de travailler dans une position fixe, bien plus confortable qu’à l’oculaire des grandes lunettes. Ce système est mis en service pour la première fois à l’Observatoire de Paris en 1882, avec la réalisation du petit équatorial coudé, puis est appliqué à grande échelle en 1991 avec la construction du grand équatorial coudé par Paul Gautier. On y adjoint un objectif astronomique de 60 cm de diamètre dû aux frères Henry. En 1893, avec un objectif également dû aux frères Henry et spécialement achromatisé pour les rayons photogéniques, Loewy, Puiseux et Le Morvan effectuent les premiers clichés de la Lune au grand coudé. Le projet de l’Atlas est officiellement annoncé à l’Académie des Sciences le 9 juillet 1894.

A partir des négatifs sur verre, Charles Le Morvan réalise des agrandissements, sur verre également, à partir desquels sont produits les tirages. Pour la reproduction, le choix est fait de l’héliogravure, une technique certes coûteuse mais qui permet d’obtenir des images nuancées et stables. Il s’agit d’un procédé de gravure qui utilise de la gélatine photosensible pour faire passer une image sur une plaque de cuivre. Les soins de la reproduction sont confiés à la maison Fillon & Heuse puis à Maurice Schützenberger.

Publié entre 1896 et 1910, l’Atlas photographique de la Lune offre les vues les plus précises du satellite jusqu’à l’arrivée des sondes spatiales. Il se compose de 12 fascicules contenant chacun un index général, une planche de titre, et 5 ou 6 photographies associées à un papier semi-transparent qui détaille les principaux reliefs lunaires. Le tout est complété d’un index général.