Randi Deguilhem découvre la Syrie alors qu’elle est étudiante en histoire de l’Antiquité à la New-York University. Un voyage organisé par ses enseignants passant par la Jordanie, la Syrie et l’Egypte va être l’occasion d’une double prise de conscience : à son retour aux Etats-Unis, elle se spécialise dans l’histoire du Proche-Orient et apprend l’arabe ; d’autre part, la découverte de ces cultures lui fait comprendre à quel point les représentations qu’elle pouvait en avoir par le biais des médias de l’époque étaient en décalage avec la réalité. En 1981, elle obtient une bourse lui permettant de retourner en Syrie pour y travailler sur les archives juridiquesdu 19° dans le cadre de sa thèse. Etudiante américaine, elle fréquente alors déjà régulièrement la bibliothèque de l'IFEAD, ouverte à tous les chercheurs, y compris les personnes extérieures à l’Institut. Lorsqu’elle obtient sa thèse en 1986, elle vit déjà depuis deux ans en France où elle s’est installée avec son mari. Une nouvelle thèse s’avère alors nécessaire pour elle, si elle veut avoir l’opportunité de travailler dans la recherche en France. C’est dans ces circonstances qu’elle obtient une allocation de recherche au début des années 1990 qui lui permet de passer plus de trois ans à l’IFEAD. Si Randi Deguilhem quitte l’IFEAD en 1994 pour retourner en France où elle deviendra directrice de recherche à l’ Iremam, elle se rend encore régulièrement à l’Institut et en Syrie qui sont, pour elle, non seulement des lieux de travail, mais aussi un autre chez soi. Cet entretien apporte un ensemble d’éléments importants pour la compréhension de la vie de l’Institut au début des années 1990 : le statut des personnels syriens, l’ouverture de l’IFEAD aux étudiants étrangers, les travaux de constitution d’archives telles que la Cartothèque, etc. On y découvre également comment Randi Deguilhem en est venue à réaliser des films sur la société syrienne et les enjeux politiques associés à ce travail (contribuer à modifier le regard des Occidentaux sur les pays du Proche-Orient). Relativement à l’enquête sur les archives de l’Ifpo, Randi Deguilhem suggère d’interroger davantage de chercheurs syriens.

Randi Deguilhem est enregistrée par Véronique Ginouvès et François Siino à Aix-en-Provence