Charles Fontaine est né à Neufchâteau le 13 novembre 1827, de Joseph Fontaine (1782-1863), voiturier, et de Marie-Élisabeth Mouton (1791-1848). On ne sait que peu de choses sur sa jeunesse, mais sans doute a-t-il suivi des études, au moins jusqu’au certificat, comme en atteste la teneur des cahiers qu’il a rédigés et les nombreux tableaux comptables et statistiques qui nous sont parvenus.

Agriculteur, Charles Fontaine travaille à la ferme-école de Lahayevaux vers 1850. Établie le 1er avril 1849 en application du décret du 3 octobre 1848 qui organise l’enseignement agricole en France, il s’agit de la seule ferme-école du département des Vosges. Composée d’un ensemble de trois fermes (Lahayevaux, Boinville et Auvilley) situées entre Attignéville et Tranqueville, elle occupe une surface cultivée de près de 260 hectares en 1854. En 1850, elle n’accueille encore que 11 élèves placés sous la direction de
M. Lequin, directeur, de M. Lebeuf, comptable, de César [Thuilly], chef de pratique, de M. Thomas, jardinier et enfin de M. Lièvre, vétérinaire. Charles Fontaine intègre cette équipe vers 1850-1851 et y exerce la fonction de chef de pratique ; il donne également des cours sur les harnais, sur les voitures et ferrure. Il apprend aussi aux élèves à mesurer les bêtes à cornes. En outre, la ferme-école étant exploitée par une société payant une rente au propriétaire, la tenue d’une comptabilité exhaustive (travaux des champs, comptes de magasins, consommation des animaux, rendements…) est nécessaire ; cette tâche échoit, au moins à partir de 1859, à Charles Fontaine qui fait indubitablement montre d’un grand talent pour la comptabilité et l’élaboration de statistiques.

La ferme-école est cependant en proie à des difficultés financières, à un point tel qu’une saisie doit être opérée par un huissier en mars 1862. Charles Fontaine prête alors une somme d’argent au directeur ; il ne la reverra jamais. C’est sans doute ce qui a motivé son départ ; il n’exploite plus dès lors que sa propre exploitation agricole dont les revenus lui permettront de devenir un cultivateur aisé entre 1862 et 1893. La ferme-école subsiste quant à elle ; elle est néanmoins transférée à Mirecourt en 1879. Bien qu’habitant à Neufchâteau depuis novembre 1862, Charles Fontaine exploite près de 10 hectares (un peu plus de 800 ares de champs, et près de 200 ares de près) dont il loue une partie. Il vend une partie de ses récoltes, dont il calcule le rendement chaque année. Il élève en outre quelques animaux (porcs, vaches, chevaux) qui lui permettent de recevoir des revenus complémentaire en vendant du lait, des veaux ou en effectuant des travaux pour des tiers. Âgé de 63 ans, il commence à restreindre son activité agricole vers 1890 ; il procède la vente de la quasi-totalité de ses près et d’une partie de ses champs.

Charles Fontaine aura deux épouses avec qui il contractera des mariages arrangés : il épouse Barbe Octavie Vuillaume, âgée de 22 ans et fille du maire de Sionne, le 15 juillet 1862. Brodeuse, elle ne lui donne pas de descendance et s’éteint à Sionne en 1872. Deux ans plus tard, il épouse Marie Druaux native d’Aouze ; elle lui donne une fille unique, Léonie, née en 1878 à Neufchâteau. Marie s’éteint en janvier 1893, quelques mois avant Charles Fontaine qui décède le 27 novembre 1893 à Neufchâteau.