Document d'archives : 1971-1976

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Les dossiers les plus significatifs de la sous-série Yougoslavie 1971-1976 sont certainement ceux consacrés à la situation intérieure du pays à une époque où commence à se poser la question de la succession du chef de l'Etat, le maréchal Tito, et où apparaissent les premiers signes de la renaissance des nationalismes au sein de la fédération.
Le représentant de la France à Belgrade, Pierre Sebilleau, met l'accent sur le processus de réforme des institutions inauguré en septembre 1970 lorsque Tito lance l'idée d'une présidence collective de la fédération yougoslave. Les oppositions et réticences observées aboutissent, en avril-mai 1971, à une véritable crise qui s'exprime lors de la réunion du praesidium de Brioni. En dépit de la réforme constitutionnelle, des tensions s'expriment en Croatie et Slovénie, entraînant une mise au pas. Les manifestations organisées en l'honneur des 80 ans de Tito, en 1972, ne peuvent cacher les tensions internes du parti qui se traduisent par la démission de plusieurs dirigeants serbes tandis que le représentant de la France observe avec attention l'affaiblissement physique du maréchal. La réaffirmation de l'autorité du parti entraîne une « reprise en main » de la Ligue des communistes et de la population. Cette épuration qui concerne plus particulièrement la Croatie en 1971 puis la Serbie en 1972, se poursuit les années qui suivent et si Tito réaffirme son autorité avant d'être élu président à vie par l'assemblée fédérale de mai 1974, la répression continue notamment avec l'affaire dite du groupe prokominformiste.
Les volumes 313 et 314 relatifs au parti, la Ligue des communistes yougoslaves, mettent l'accent sur les mêmes thématiques avec l'étude des rapports internes au sein du parti, les répercussions de la crise politique et les mesures d'épuration présentées par le pouvoir comme un règlement de comptes avec le nationalisme d'une part, l'anarcho-libéralisme de l'autre.
Le chercheur consultera également avec profit les volumes 315 et 316 consacrés à la fédération yougoslave ; ils soulignent les difficultés du parti confronté à la résurgence des nationalismes, surtout en Croatie, où l'agitation et la grève des étudiants provoquent une épuration interne des structures du parti et des procès politiques. Le nationalisme croate s'exprime également par les actions terroristes des Oustachis à l'étranger dont témoignent les documents regroupés dans les volumes 317 et 318 consacrés à l'émigration politique. Ils évoquent la succession d'attentats qui visent les représentations diplomatiques et consulaires yougoslaves à l'étranger, notamment en France en 1972. Cette vague d'attentats entraîne évidemment de vives représentations des autorités yougoslaves.
On retrouve l'écho des troubles qui agitent le pays dans les volumes 323 et 324 consacrés aux questions culturelles avec des documents sur les procès d'étudiants et la mise au pas des milieux universitaires.
A côté de l'émigration politique, de nombreux documents évoquent l'émigration économique des Yougoslaves en RFA et en France notamment ; on en trouve l'écho dans le volume 325 consacré au travail, mais également dans les questions administratives et techniques et tout particulièrement dans le volume 373 relatif aux Yougoslaves en France avec des documents sur l'accueil de ces migrants et la formation qui leur est dispensée. Des statistiques détaillées complètent ce dossier.
Sur le plan économique, l'accent est mis sur l'autogestion, système adopté par la Yougoslavie en 1950 en réaction contre le socialisme étatique et la gestion administrative de l'économie, ainsi que sur les mesures d'assainissement économique adoptées en 1971 et qui suscitent le mécontentement de la population, et sur l'échec du plan de stabilisation en 1973, à un moment où commencent à se faire sentir les effets de la crise énergétique. On notera dans le volume 330 la précieuse collection du Bulletin d'informations commerciales du conseiller économique de l'ambassade, et les analyses de la presse économique yougoslave. Si le représentant de la France note le déséquilibre de la balance commerciale entre les deux pays, il se montre attentif au développement des relations financières et commerciales de la Yougoslavie, tant avec les Etats-Unis qu'avec l'Union soviétique, à l'aide financière occidentale accordée au pays, notamment aux crédits allemands.
Les volumes consacrés à la politique extérieure du pays mettent naturellement l'accent sur la ligne politique suivie par le président Tito, promoteur du non-alignement, et la place acquise par la Yougoslavie sur le plan international dans son rôle d'animation du mouvement des non-alignés. Dans ce domaine, on note l'intensité des relations avec l'Egypte, les entretiens entre les présidents Tito et Sadate alimentant le dossier relatif aux relations avec les pays du Proche-Orient (volumes 352 et 353). Les assurances données par les Etats-Unis à la Yougoslavie après l'invasion de la Tchécoslovaquie et le développement des relations économiques avec les pays occidentaux alimentent les dépêches du représentant de la France à Belgrade et les notes de synthèse de la direction d'Europe. La même attention porte sur les relations avec Moscou et sur les perspectives liées à la disparition de Tito. Le chercheur trouvera encore dans le volume 344 consacré aux relations avec les pays du bloc communiste, de nombreux documents sur la question macédonienne. L'évolution politique des pays de la péninsule ibérique, Espagne et Portugal, apparaît très suivie par la diplomatie yougoslave (volume 347) tandis que le dossier consacré aux relations avec l'Autriche est pratiquement dédié entièrement à la question des Slovènes de Carinthie (volume 348).
Les différends frontaliers avec l'Italie avec la question de la zone B de Trieste génèrent de nombreux télégrammes et dépêches diplomatiques. La crise entre les deux pays atteint son paroxysme en avril 1974 avec la mobilisation des troupes et le rappel des réservistes avant de s'apaiser avec les négociations et l'accord d'octobre 1975.
Deux volumes généraux évoquent les relations avec la France, les entretiens et les échanges entre les responsables des deux diplomaties, ces dernières ayant une vision assez proche des problèmes internationaux. Cette convergence de vues est toutefois mise à mal en 1973 par les positions yougoslaves aux Nations-Unies contre les essais nucléaires français. Les volumes 362 à 371 évoquent les voyages officiels français en Yougoslavie (volumes 362 à 367) et yougoslaves en France (volumes 368 à 371).

Cote :

209QO/307-209QO/375

Inventaire d'archives :

Europe / Yougoslavie (1944-1976)

Informations sur le producteur :

direction d'Europe

Informations sur l'acquisition :

versement administratif, mars 1982, 1928INVA, cartons 3748 à 3770.

Description :

Mise en forme :
Les dossiers concernant la Yougoslavie correspondent à la série 27 du plan de classement de la direction Europe. Le classement d'origine a été respecté mais les dossiers ne contenant que quelques documents ont été regroupés.

Conditions d'accès :

Libres.

Conditions d'utilisation :

Libres.

Description physique :

69 articles, soit 2,20 ml.

Ressources complémentaires :

Répertoire numérique détaillé par Hélène HUSZTI, stagiaire de l'Ecole nationale des chartes, sous la direction de Pascal EVEN, conservateur général du patrimoine,  La Courneuve, février 2017, 14 p. Voir l'inventaire. 

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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