Document d'archives : Archives de l'Observatoire de Paris

Contenu :

Jusqu'en 1971, date où se mettent en place de nouvelles structures avec en particulier la création des départements scientifiques, l'Observatoire de Paris, a à sa tête une direction, flanquée de deux conseils qui se réunissent périodiquement, le Conseil de l'Observatoire et le Conseil Scientifique de l'Observatoire. Les décisions prises par ces instances dirigeantes concernent l'administration de l'Observatoire de Paris, ainsi que sa vie scientifique.
De 1945 à 1971, l'astronomie française a profité de la phase de croissance commune à toutes les branches de l'industrie et de la recherche avec les augmentations de crédits et de budgets. Mais le rôle personnel d'André Danjon fut un facteur déterminant dans cette expansion : il fut sans aucun doute le patron de l'astronomie française de 1945 à 1963, et sut donner à l'Observatoire de Paris et à l'astronomie française en général un rayonnement international de premier plan tant par les gestions qu'il prit aux moments opportuns que par sa forte personnalité, qui lui permit d'intervenir au plus haut niveau scientifique international. C'est tout cet aspect d'André Danjon que l'on peut saisir à travers les archives de la direction, sans oublier qu'André Danjon fut un astronome important qui, grâce à son astrolabe impersonnel, montra sa maîtrise de l'astronomie fondamentale.
Cette période a vu l'accomplissement de progrès scientifiques immenses. La création de la station de Nançay, grâce à l'appui inconditionnel d'André Danjon aux projets de Jean-François Denisse - qui fut directeur de la station de Nançay avant de succéder à Danjon à l'Observatoire de Paris - place la France au premier plan de la découverte de la radioastronomie solaire. A Meudon, qui est rattaché à l'Observatoire de Paris depuis 1926, la création de nombreux laboratoires (laboratoires d'astrophysique) et la multiplication du nombre des chercheurs donnent également à l'astronomie française les premières places.
Les recherches dans le domaine de l'appareillage scientifique et de l'optique aboutissent à la création de la caméra électronique par André Lallemand.
L'activité de l'Observatoire de Paris s'est étendue hors des murs du bâtiment Perrault, de Meudon et de Nançay. En particulier, André Danjon a établi des relations privilégiées avec l'Observatoire de Haute-Provence en étant à la tête du comité de direction de cet observatoire et en lui donnant la possibilité de jouer un rôle de premier plan grâce à la construction du grand télescope.
Les successeurs d'André Danjon surent marquer leur mandat par de grandes entreprises. Jean-François Denisse, en créant l'Institut national d'astronomie et de géophysique, a offert la possibilité à l'Observatoire de Paris de voir gérer ses crédits de recherches en astronomie. Jean Delhaye a dirigé une vaste opération de recherches de sites favorables à l'installation d'observatoires, opération appelée "prospection", sur tout le territoire français et même à l'étranger.
On a dit qu'André Danjon avait donné à l'astronomie française un rayonnement international. Deux actions menées sous son impulsion suffisaient à le prouver. La participation de l'Observatoire de Paris à l'Année géodésique internationale (A.G.I.) a été déterminante dans le déroulement de cette manifestation internationale qui visait à effectuer pendant un an (1958) des observations dans des centres choisis et à concentrer les résultats en vue de leur exploitation globale. Fournissant conseils, directives, matériel, coordonnant les opérations, dépouillant les résultats, André Danjon, par le biais de l'Observatoire de Paris et du Comité central des expéditions scientifiques, créé à cette occasion, a montré que de telles opérations procuraient d'immenses bénéfices dans tous les domaines de la recherche grâce à la coopération des scientifiques.
Toujours dans le domaine de la coopération internationale, André Danjon a coopéré à la construction de l'European southern observatory (E.S.O.), observatoire européen de l'hémisphère sud qui devait être construit pour rattraper le retard des observatoires de l'hémisphère austral. Ce sont presque uniquement les archives de la prospection du site que l'on possède : la construction de l'E.S.O. au Chili n'y est pas retracée ni même la présidence de Jean-François Denisse au Comité directeur après la construction.
André Danjon s'était plaint, lors de son arrivée à la tête de l'Observatoire, de l'état d'abandon où étaient laissées les archives de ses prédécesseurs. Il est certain qu'il prêta une attention toute particulière à ce problème dès 1945. Malheureusement, les circonstances de son départ l'ont empêché de remettre de l'ordre dans tous ses papiers, et ils ont été entassés sans aucune méthode dans un couloir. De là, lorsqu' André Danjon est mort, elles ont été transférées dans les combles du bâtiment Perrault, d'où elles sont sorties vingt ans plus tard.
Il a semblé bon, et plus profitable pour l'Observatoire de Paris, d'étendre le classement du fonds André Danjon à ses deux successeurs immédiats, MM. Jean-François Denisse et Jean Delhaye (même si les archives laissées par André Danjon sont beaucoup plus nombreuses). Cela permettait d'atteindre la date de 1971, qui a vu la mise en place des nouveaux statuts de l'Observatoire de Paris. Ce terme marquait pour ainsi dire la fin d'une époque ; les directeurs, qui n'occupent plus leur poste à vie depuis le départ d'André Danjon en 1963, devenaient présidents. Mais surtout, en reculant le terme de la période choisie, on voulait essayer de montrer qu'il était possible de fournir un cadre de classement à des archives émanant de la direction de l'Observatoire de Paris. Se limiter aux seules archives d'André Danjon n'aurait pas été assez probant et serait revenu à classer des archives privées, ayant appartenu à une personne physique. Pour cette raison, en incluant les papiers des deux directeurs suivants dans notre classement, c'est davantage les archives des directeurs de l'Observatoire de Paris en tant que personne morale qu'on a voulu y intégrer. Une construction différente s'imposait, de type institutionnel, qui ne visait plus seulement l'activité d'une seule personne.
Il fallait donc prendre du recul pour juger de l'action de la direction de l'Observatoire de Paris sur une période de 36 ans. Le bénéfice qu'on a pu tirer de travailler dans le long terme a été de mieux percevoir l'évolution de l'Observatoire de Paris et de ses structures. De même, la découverte de nouvelles perspectives pour l'astronomie française et internationale apparaît plus distinctement.

Cote :

Ms 1061

Inventaire d'archives :

Observatoire de Paris - Archives

Description :

Mise en forme :
Il a bien souvent été difficile de séparer ce qui relève de l'Observatoire de Paris proprement dit de ce qui est personnel à l'activité du directeur, administrative ou scientifique. Les parties consacrées au rôle de l'Observatoire de Paris dans la recherche française et internationale sont personnelles à André Danjon et ses successeurs, et relatives à leur rôle dans les divers organismes où ils ne sont pas nommés de par leur fonction. Mais cette fonction intervient parfois, par exemple, quand l'Observatoire de Paris fournit des moyens à des observatoires de province ou pour des opérations faites en coopération.
Les archives occupaient environ douze mètres linéaires lorsqu'elles ont été toutes réunies dans le même local après avoir été collectées dans les différents services de l'Observatoire de Paris. Il a d'abord fallu procéder à un regroupement par matière, en suivant un plan qui s'est constitué au fur et à mesure de leurs dépouillements. Des investigations plus poussées ont permis de fixer un cadre de classement et de procéder, parallèlement à ces regroupements, à un tri qui, finalement, a permis d'éliminer deux mètres linéaires. Ces éliminations étaient essentiellement constituées de doubles de rapports (concernant surtout les activités où André Danjon a joué le rôle de secrétaire, et tenait donc plusieurs exemplaires d'un même rapport à fin de diffusion), de factures d'achat de petit matériel. Mais l'absence quasi totale de classement des archives regroupées a conduit inévitablement à un tri, pièce par pièce de la totalité des dossiers. Il a fallu prendre l'avis d'astronomes pour faire ressortir ce qui était important dans cette masse.
Toute la correspondance et les articles conservés ont été regroupés au début de la première partie. Jusqu'en 1954, André Danjon avait suivi un classement thématique qu'il a abandonné pour le classement chronologique, habituel pour le courrier. Les articles, que l'on peut retrouver sous leur forme publiée, ont paru intéressants quand ils étaient accompagnés de notes manuscrites ou de brouillons.
Suivent les archives propres à l'Observatoire de Paris, qui concernent son fonctionnement administratif et scientifique. Les documents présentent soit un caractère ponctuel et isolé auquel il fallait s'attacher car on ne les trouve nulle part ailleurs, soit un caractère sériel et plus officiel qui n'enlève rien à leur intérêt. Les uns et les autres ont été classés dans des sous séries thématiques, permettant de créer des cadres utilisables à l'avenir.
Le cadre de classement a été créé de toute pièce à partir de ce fonds trouvé en vrac dans différents locaux de l'Observatoire de Paris. Comme il a été dit plus haut, le fait d'avoir étendu le fonds, initialement prévu aux papiers d'un directeur, à la direction de l'Observatoire de Paris jusqu'en 1971, a provoqué un changement de classification, dès lors qu'on ne classait plus les papiers d'une personne, mais d'une institution. L'intérêt de cette démarche pour l'Observatoire de Paris est facilement démontrable ; institution prestigieuse, qui possède une mémoire de son activité ancienne (manuscrits d'astronomes à partir du XVIIe siècle), l'Observatoire de Paris ne parvenait pas à maîtriser son histoire récente, celle de l'après-guerre, soit qu'elle fut mal entretenue, soit qu'elle fut détruite.Ce fonds a de fait un intérêt tant pour l'histoire administrative, avec les dossiers de construction de bâtiments, de réforme des statuts que pour l'histoire scientifique, avec par exemple tout ce qui concerne la station de Nançay.
Classement et inventaire réalisé par Benoît VAN REETH, stagiaire de l'école des Chartes, sous la direction de la Mission des archives auprès du Ministère de l’éducation nationale de décembre 1983 à février 1984.

Ressources complémentaires :

Voir également :
- Bordereau C.N.R.S. n° 80-204 (Cote 101) : Plan Monnet
- Procès-verbaux de la commission du plan, groupe astronomie (Cote 103) : Deuxième plan quinquennal
- Procès-verbaux de la commission du plan (Cote 202) : Création du laboratoire d'astronomie fondamentale à Font-Romeu : documents préparatoires, correspondance
- Comité directeur de l'Institut de physique du globe, 1945-1946 (Cote 205)
- Procès-verbaux des réunions (Cote 210) : Observatoire de Haute-Provence : correspondance avec les constructeurs, 1942-1947

Institutions :

Observatoire de Paris

Où consulter le document :

Observatoire de Paris - Bibliothèque et Archives

Liens