Document d'archives : On marche etc... Vidéo-journal de la Marche des chômeurs et des précaires (printemps 1994)

Contenu :

Vidéo-journal.
Fiche technique :
- Réalisation coordonnée par Mogniss H. Abdallah avec Reda Sadki (journaliste).
- Images : Maher Abi Samra.
- Photos : Noureddine Amir.
- Son : Belkacem Lahbaïri.
- Mixage : Amar Hammami.
- Commentaire : Mustapha Arab dit Belade.
- Musique : On marche etc. de Serge Gainsbourg.
- Montage: Kamel Salhi.
- Et la participation ou les images de Pedro Lino (marcheur), Eric Lebreux (Marseille), AC! (Limoges), Patrice de Boosere (Vidéorême – Roubaix).
- Production : Agence IM'média – 1994.
Du 6 avril au 28 mai 1994, une dizaine de colonnes sillonnent la France en direction de Paris pour dénoncer le chômage subi et la précarité. Parmi les Marcheurs et Marcheuses, il y a des chômeurs, des sans logis, des travailleurs, des syndicalistes, permanents ou non, français ou immigrés, avec ou sans papiers, jeunes ou vieux.
Cette convergence « improbable » entre des protagonistes sociaux très divers va provoquer des étincelles sur le parcours entre marcheurs eux-mêmes, entre marcheurs et la direction nationale du nouveau collectif Agir ensemble contre le chômage (AC!).
Ainsi, la colonne du Sud-est partie de Toulon le 10 avril 1994 est le théâtre d'un énième clash suite à des rumeurs de dégradations commis par des Marcheurs dans un hôtel Formule 1. Il est alors question d'exclure les ZR (« Zonards rebelles » aux allures « clodos ») de la Marche.
Les Marcheurs du Sud-est s'y opposent. L'épisode de la tension avec les ZR va souder sans domicile français et immigrés qui, suite à de vives discussions internes, tenteront de dépasser les a priori racistes omniprésents du type « les immigrés prennent nos places dans les foyers » ou «  3 millions de chômeurs = 3 millions d'immigrés de trop ».
Le slogan avait été affiché par le FN sur le parcours de la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983. La Marche de 1994 se réfère constamment à cette dernière. A Salon-de-Provence, Khelil Belheine de l'association Nedjma rejoint la Marche des chômeurs, et ce pour tenter de mieux articuler les revendications des immigrés pour l'égalité des droits avec les autres mouvements sociaux, à l'instar de la « nouvelle citoyenneté » que prônait l'association Mémoire Fertile à la fin des années 80.
Dans cet état d'esprit, le film donne à voir une séquence où Momo du Comité des sans-logis (CDSL) propose de participer à une action de réquisition-logements d'un immeuble de la Banque de France. Il « propose », l'AG des marcheurs dispose.
D'autres actions vont se multiplier, par exemple pour la gratuité des transports en coordination avec Malika Zediri de l'APEIS. Par ailleurs, la Marche des chômeurs ralliera les défilés traditionnels du 1er mai et tiendra à souligner l'unité avec les travailleurs, notamment à l'occasion d'une étape le 26 mai à l'usine Rhône-Poulenc d'Ivry sur-Seine.
Cependant, unité ne signifie pas unanimisme. Saïd Bouamama, sociologue et militant lillois, constate qu'il y a tout comme en 1983 « deux marches dans la marche », ne portant pas les mêmes revendications, ni les mêmes perspectives. Dans le Nord, il critique la « marche des enveloppes » - consistant avant tout à réclamer une reconnaissance d'associations et quelques subventions pour « gérer la misère », alors même que l'appel initial entendait « dénoncer la situation sociale actuelle et poser la question du modèle de société », donnant sens aux revendications sur le partage du temps de travail sans diminution de salaire.
Entre optimisme fanfaron (« On est 40 000 ! » ) et pessimisme raisonné ( « il n'y a que des militants chevronnés, ils sont où les chômeurs et les cousins? ») ce vidéo-journal pose inévitablement en pointillé la question : à quoi cette Marche aura-t-elle servi, et à qui? Quoi faire, après ?

Cote :

NUMAUD/0013/023

Conditions d'accès :

Consultable sur les postes informatiques en salle de lecture de La contemporaine.
Prendre contact avec le département des archives (collections@lacontemporaine.fr).

Description physique :

Importance matérielle :
Durée : (00:50:00)

Ressources complémentaires :

Ce document est disponible en ligne sur la chaine Youtube  de l'Agence IM'média.

La Contemporaine

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