Document d'archives : Jean-Noël Pelen, chercheur au CNRS, évoque son parcours professionnel – entre histoire, ethnologie et linguistique – et laisse...

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Jean-Noël Pelen, chercheur au CNRS, évoque son parcours professionnel – entre histoire, ethnologie et linguistique – et laisse ressurgir le souvenir des témoins rencontrés sur ses différents terrains

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Les deux enquêtrices connaissent bien le témoin qui a été chercheur dans le laboratoire Telemme à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme : Anne-Marie Granet a partagé plusieurs projets scientifiques avec Jean-Noël Pelen depuis plus de 30 ans et Véronique Ginouvès a archivé ses sources orales qu’il a déposé à la phonothèque. Une familiarité qui se ressent tout au long de l’entretien par la convivialité qui lie les participants. JN Pelen est né à Marseille, il y a passé 20 ans et c’est une ville restée importante pour lui. Tous les hommes de sa famille (ses deux grands-pères, son frère) sont cheminots et il a habité une cité SNCF au n°21 puis 17, dans les quartiers Nord de la ville. Il est le seul de son quartier à passer le baccalauréat (au lycée Saint-Charles). Un baccalauréat littéraire en poche, le surréalisme en tête, il fait des études de linguistique puis s’intéresse à l’ethnologie après avoir écouté les cours de Jean Molino alors à l’université de Provence. Mais la rencontre avec Philippe Joutard, qui a alors 36 ans, est décisive. Il assiste à la soutenance de sa thèse d’État à Aix-en-Provence, où il a l’occasion d’entendre Michel Vovelle et Jacques Mandrou. Il suit ses séminaires avec beaucoup d’admiration pour ses recherches. L’historien lui conseille un collectage dans les Cévennes. Il commence son terrain en 1972 et se passionne lorsqu’il rencontre ses témoins, aguerris à l’expérience du réel avec une vision qui s’oppose au savoir fragmenté de l’université : Gabriel Teissier, Raoul Pic et plus tard Jacques Espelly et Marcel Volpilière ou Laurent Merlo…. lui font découvrir un monde qui n’existe plus mais qui le touche profondément, riche d’un savoir, de l’immensité de leur expérience et dont l’étude nécessite de croiser l’histoire, la linguistique et l’ethnologie. Il travaille avec Jean-Claude Bouvier,Charles Joisten, Jean-Michel Guilcher, Alexis Bétemps tous intéressés par la collecte, les questions de mémoire et d’archives orales. Il soutient sa thèse en 1977 et entre au CNRS sur un poste de technicien puis obtient rapidement un poste de chercheur par concours interne. En 1980, il participe à la création du CREHOP et puis à celle de la phonothèque qu’il organise suivant trois niveaux : le témoin, l’enquêteur et l’enquête elle-même. Mais c’est la création des « ethnotextes » et l’engagement académique et associatif autour de cette démarche qui crée une véritable dynamique. Il s’agit alors, au contraire de la vision plus classique de certains ethnologues, de se placer du côté des témoins, de légitimer leur parole. Il regrette la « part obscure » de cette notion qui n’a pas été bien reçue. Il a en particulier fortement ressenti le rejet des chercheurs institutionnels : l’ethnotexte implique l’interdisciplinarité et cela n’a pas joué en faveur de la notion. L’ouvrage collectif Tradition orale et identité culturelle reçoit pourtant un grand succès international et national mais hors du courant institutionnel. Jean-Noël Pelen continue ses recherches avec des travaux qu’il coordonne « Le Pays d’Arles par ses gens » (Mission du patrimoine ethnologique, 1987), ou des projets de collecte qui deviennent des ouvrages « L’homme et le taureau » avec Claude Martel (Glénat, 1991) ou « Jours de Provence » avec Laurent Merlo (Payot, 1995). Suite à sa rencontre avec Béatrice Mésini en 1993, il s’ouvre à la sociologie. La recherche sur les exclus (Mission du patrimoine ethnologique, 1998) auquel Jacques Guilhaumou sera associé, s’avère essentielle pour lui car il passe de la mémoire du passé à l’expérience du réel et la question de la mise en acte des choix de vie le touche particulièrement. La méthode d’entretien est toujours la même, du cévenol à l’exclu, orientée vers le témoin, l’écoute et l’empathie. Il revient sur son HDR qu’il a faite sur travaux en 1996, très rapidement. Dans son jury il retrouvait Philippe Joutard et Jean-Claude Bouvier mais aussi Geneviève Calame-Griaule, dont il évoque la figure. Il a toujours eu des facilités d’écriture mais si « L’écriture éclaire la pensée » c’est aussi un long travail de patience. Pour sa thèse il est passé par 5 versions et une architecture pensée : après un premier manuscrit, une photocopie annotée qui va être mise au propre puis un nouveau travail d’écriture photocopié, annoté et mis au propre. Revenant sur plusieurs personnes qui ont marqué son parcours, la figure de Claude Levi-Strauss est également évoquée – en lien avec sa secrétaire Nicole Belmon avec qui il a travaillé comme spécialiste de l’oralité - mais le témoin demande une pause et l’entretien s’arrête à sa demande.

Cote :

MMSH-PH-6199

Inventaire d'archives :

ANR Histinéraires

Description physique :

Importance matérielle :
Durée : 2 h 04 min

Type de document :

enregistrement sonore, entretien

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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