Document d'archives : Ministère du Blocus

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Le sous-fonds du ministère du Blocus est divisé en six sous-parties. La première relativement courte (articles 543 à 559), porte sur l'organisation d'un point de vue logistique du ministère. On y retrouve notamment de la documentation sur l'administration du ministère, les installations, le budget alloué ainsi que sur le personnel du ministère et de ses « organes périphériques » (les divers comités et commission interministérielles ou interalliés qui sont rattachés au ministère).
La deuxième sous-partie forme en quelque sorte le cœur du sous-fonds. C'est dans cette section intitulée Guerre économique et financière (articles 560 à 783, pour un total de 223 articles) que l'on retrouve l'essentiel des archives concernant les politiques et mesures adoptées par le ministère et ses organes périphériques visant à instituer et imposer le blocus contre l'ennemi. Cette sous-partie est subdivisée entre la part économique du blocus (articles 560 à 660), visant le commerce et le ravitaillement ennemis, et la part financière (articles 661 à 709), plus spécifique aux mouvements de capitaux et titres financiers ennemis. Les archives y sont organisées selon différentes logiques de classement. On retrouve d'abord une logique de classement par organisme (comités, commissions, bureau d'études, autres ministères, etc.) présentant les fonctions et actions exercées par  chacun d'eux, permettant ainsi de saisir le rôle qu'ils ont joué dans l'imposante structure du Blocus. Cette partie du fonds est composée notamment des archives du Comité supérieur du Blocus, du Comité internationale permanent d'action économique, du Comité de restriction des approvisionnements et du commerce de l'ennemi, de la section économique et interalliée de l'État-major de l'Armée, du Bureau d'études économiques et autres organismes. Cet ensemble de documentation offre une vision globale de l'ampleur du travail de coopération multilatérale qui fut nécessaire à la bonne conduite des opérations du blocus. Viennent ensuite des logiques d'organisation thématique assez variées : les mesures générales prises contre le commerce et le ravitaillement ennemis par les pays alliés, les négociations et accords interalliés, le contrôle des titre financiers, les études et mesures de préparation à la période d'après-guerre concernant principalement la reprise des relations commerciales et le rétablissement des différents modes de transport en Europe. Les articles 622 à 660 sont classés par type de produits/marchandises comme par exemple les denrées alimentaires, les minéraux, les textiles, les produits chimiques et industriels, les produits de l'industrie cinématographique et radiotélégraphique. Les articles 710 à 762 portent sur le ravitaillement de la France, des régions occupées/libérées et des autres pays d'Europe ou du Proche-Orient, qu'ils soient alliés, neutres ou ennemis. Cette section dresse un portrait fort intéressant des défis logistiques que pose l'approvisionnement d'une Europe dévastée et affamée durant la période post-armistice. Les obstacles sont nombreux : la distance et les infrastructures de transport endommagées (Europe de l'Est et Balkans), les crises socio-politiques toujours en cours (en Hongrie, dans les Balkans et en Russie), la souveraineté ambigüe pour certaines régions (Pologne, Alsace-Lorraine et rive gauche du Rhin), les besoins criants en vivres et matières premières pour d'autres régions (l'Autriche et la Belgique). Finalement, cette sous-partie se conclut par les questions d'ordre maritimes (articles 763 à 783), dont le contenu porte principalement sur les dispositions interalliées relatives au tonnage, à la navigation neutre et aux conventions maritimes. On y retrouve aussi une section sur les activités maritimes classée par pays.
La troisième sous-partie est tout aussi imposante que la deuxième en termes de volume (articles 784 à 979, pour un total de 195 articles). Celle-ci porte l'intitulé Renseignements sur la situation politique, socio-économique, commerciale et d'approvisionnement. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une véritable banque d'informations sur les pays auxquels le ministère du Blocus s'est intéressé durant sa période d'activité. Le classement de cette sous-section est organisé par pays ou zones géographiques et on y retrouve une subdivision en trois blocs regroupant les « pays ennemis » (articles 784 à 824), les « pays neutres » (articles 825 à 947) et les « pays alliés » (articles 948 à 979). Au sein du bloc regroupant les « pays ennemis », dont la plupart des articles concernent l'Allemagne, on retrouve de la documentation assez générale sur la situation économique et politique de ces États/empires[1], mais également de la documentation portant sur des sujets plus spécifiques. Parmi ces spécificités nous pouvons évoquer la présence dans l'ensemble sur l'Allemagne de documents portant sur les affaires des territoires rhénans, sur les mesures prises pour contrer les effets du blocus allié ou sur la propagande allemande à l'étranger.
Le bloc des « pays neutres » est le plus volumineux (122 articles), ce qui reflète bien la relation particulière que devait entretenir l'organisation interalliée du blocus avec les pays neutres (particulièrement les pays limitrophes de l'Allemagne) pour s'assurer que ceux-ci mettaient en œuvre les mesures convenues pour asphyxier le commerce et le ravitaillement ennemis. Pour ce bloc, la logique de classement originale du fonds a été minutieusement respectée puisque des dossiers ou ensembles communs rassemblant des pays avaient été constitués à l'époque. Cette division est due en partie au fait qu'au cours des premières phases de structuration du blocus interallié, le Royaume-Uni gérait de son côté les relations avec les pays neutres dits « du Nord » (Danemark, Islande, Norvège, Pays-Bas et Suède) alors que la France gérait les relations avec la Suisse et l'Espagne. Plus tard, les relations avec les pays neutres furent gérées communément entre les deux alliés, mais la France retint tout de même de grandes responsabilités à l'égard de la Suisse. Les services du ministère du Blocus surveillaient étroitement les échanges des entreprises suisses, plusieurs d'entre elles étant soupçonnées de faire passer des marchandises en Allemagne malgré les contre-indications des alliés. Cela se traduit par la grande quantité de documentation concernant la Suisse dans cette sous-partie (40 articles), mais également dans le reste du fonds.
Le troisième et dernier bloc de cette sous-partie concerne les « pays alliés ». Encore une fois, le classement d'origine a été respecté pour l'ordre de présentation des pays et zones géographiques. Les premiers sont des pays européens (ex : Russie, Pologne, Grèce, Roumanie, etc.) ayant leur ensemble d'article propre à chaque pays, alors que la fin de ce bloc est constitué d'ensembles d'articles représentants des zones géographiques (ex : Afrique, Asie, Amérique du Sud, etc.). Ceux-ci [ensembles par zones géographiques] réunissent parfois plusieurs pays dans un même article en raison de la faible quantité de documents accumulés pour ces pays. Curieusement, on remarque l'absence d'un ensemble de documentation dédié aux États-Unis dans ce bloc des « pays alliés »[2].
On retrouve ensuite une très courte quatrième sous-partie composée de seulement cinq articles (articles 980 à 984) concernant le contrôle des communications postales et télégraphiques. Les archives présentes dans cette sous-partie constituent principalement de la documentation générale ou des radiotélégrammes individuels, mais on y trouve aussi des rapports hebdomadaires sur le contenu des radiotélégrammes ennemis, ce qui peut offrir une perspective intéressante sur les informations considérées comme pertinentes par les membres des services du Blocus.
La cinquième sous-partie, assez volumineuse (articles 985 à 1101, pour un total de 116 articles), porte principalement sur les importations/exportations des divers pays auxquels le Service des dérogations aux interdictions d'exportations et de transit (D.E.T.) s'est intéressé. Cette sous-partie débute avec des archives portant directement sur les activités de ce service [la D.E.T.]. Il y est notamment question de sa politique de réglementation, des listes de prohibitions de sortie [de marchandises] française et britannique ainsi que les autres marchandises dont le commerce est réglementé par les politiques alliées. Après cette section dédiée aux opérations de la D.E.T., vient un classement par pays regroupés par zones géographiques (Europe, Amériques, Afrique et Asie-Océanie). La structure des ensembles d'articles constitués par la D.E.T. pour chaque pays est généralement assez similaire d'un pays à l'autre : d'abord de la documentation concernant les exportations françaises dans ce pays (et parfois dans son empire) suivi de documentation au sujet des exportations de ce pays. Les renseignements présents dans ces articles offrent un excellent aperçu des flux commerciaux en Europe et ailleurs dans le monde durant cette époque marquée par la transition entre le maintien du blocus à la fin de la guerre et le processus de normalisation des relations commerciales entre les belligérants qui s'étira bien au-delà des premiers mois post-armistices. La Suisse est le seul pays qui figure à titre d'exception en termes de structure et de contenu pour son ensemble d'articles. Afin de garantir une surveillance étroite du transit des marchandises étrangères arrivant en Suisse, pour empêcher qu'elles soient redirigées vers les pays ennemis, le ministère du Blocus créa un organe externe basé en Suisse qui portait le nom de Société suisse de surveillance économique (S.S.S.). Pour cette raison, les articles consacrés à la Suisse dans cette sous-partie (articles 1045 à 1073) regroupent non seulement la documentation de la D.E.T. au sujet de la Suisse, mais également une masse de documentation relative à la S.S.S. ou produite par cet organe externe. Cela explique l'attention qui était portée à la Suisse par l'organisation interalliée du Blocus. Cette sous-partie se termine par quatre ensembles d'articles distincts reliés de près ou de loin aux importations/exportations. Le premier, le plus large des quatre (13 articles), est un ensemble de documentation constitué par la D.E.T. au sujet du transit de marchandises entre divers pays européens durant la période 1917-1919. Le deuxième ensemble (3 articles), aussi constitué par la D.E.T.[3], porte sur les prisonniers de guerre de toutes nationalités européennes et le ravitaillement destiné à ces derniers. Les deux derniers ensembles, peu volumineux, portent sur des sujets connexes au commerce extérieur français. L'un, composé de deux articles, fut émis par le Service de la guerre économique et des listes noires (S.G.E.) et l'autre, ne rassemble que quelques documents provenant de l'Office national du commerce extérieur, du Sénat et des chambres des députés de France.
La sixième et dernière sous-partie (articles 1102 à 1121) est dédiée aux licences d'exportations et aux certificats de garantie. L'essentiel des documents qui composent cette sous-partie sont des licences et des certificats délivrés à diverses entreprises françaises, européennes ou extra-européennes par le ministère du Blocus ou d'autres organes rattachés au ministère. Tout comme pour d'autres grandes sections du fonds, la logique de classement initial du fonds a été préservée. Dans le cas des licences d'exportations, les articles 1105 à 1115 contiennent un total de 5354 licences classées dans l'ordre dans lequel elles étaient dans les cartons originaux. L'article 1111 possède quelques licences accompagnées d'échantillons de tissus[4]. Les certificats de garantie conservés sont d'origine plus disparate, la série la plus complète et imposante (mais tout de même lacunaire) provient du Comité interallié de commerce en Suède (n° 11701 à 52491). Bien que ces nombreux documents donnent une bonne indication des marchandises sur lesquelles portaient les réglementations du Blocus, l'absence de classement chronologique, thématique ou par entreprise rend les perspectives de recherche dans ces séries limitées, à moins de savoir exactement ce que l'on recherche.
[1] Dans la logique de classement adoptée, les empires ennemis sont « décomposés » en ensembles de pays ou de zones géographiques en fonction des nouvelles divisions territoriales adoptées après la guerre : l'Empire austro-hongrois est divisé entre Autriche, Pays tchécoslovaques, Pays yougoslaves et Hongrie, alors que l'Empire ottoman est divisé entre Turquie et Palestine/Syrie.
[2] Il n'y a pas d'ensemble pour les États-Unis dans les « pays neutres » non plus, quoi que logiquement, si un tel ensemble avait été constitué, il aurait fort probablement été placé dans le bloc « pays alliés » puisque les États-Unis étaient entrés en guerre du côté des alliés en avril 1917.
[3] L'ensemble fut laissé dans cette sous-partie puisqu'il fut constitué par le Service des dérogations aux interdictions d'exportations et de transit (D.E.T.).
[4] On peut retrouver de tels échantillons de produits (tissus et peaux, cadrans, broches métalliques, etc.) dans d'autres articles du fonds. Quand c'est le cas, une note de bas de page est ajoutée à la description du contenu de l'article dans l'instrument de recherche.

Cote :

444QO/543-444QO/1135

Inventaire d'archives :

Blocus

Description physique :

592 articles, 273 cartons soit 31,3 ml

Ressources complémentaires :

Répertoire numérique détaillé par Frédéric Dallaire, stagiaire et vacataire, sous la direction de Séverine Blenner-Michel, conservatrice en chef du patrimoine, La Courneuve, juin 2020, 102 p. Voir l'instrument de recherche .

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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