Document d'archives : Intérieur: mouvements sociaux, grèves, troubles, sans spécifications...
Titre :
Intérieur: mouvements sociaux, grèves, troubles, sans spécifications
Contenu :
Sans doute un des cartons les plus riches et les plus intéressants de tout le fonds.
Les mouvements sociaux y sont étudiés à travers le regard des journaux qui défendent
l'ordre social en place. Le ton des résumés du service laisse transparaître une
certaine préoccupation face au développement d'une situation incontrôlable aux
portes de la France.
Cadre d'ensemble des agitations qui secouent toute l'Italie. Les épicentres en sont
les villes industrielles, Milan en particulier. Les socialistes sont souvent
dépassés et se montrent gagnés par l'incertitude. Les journaux (en particulier
Il Giornale d'Italia, L'Idea
Nazionale et Il Corriere della Sera) hurlent
de rage et en appellent à la répression. Il Popolo d'Italia a une
attitude plus équivoque: nettement antisocialiste, il ne perd pas une occasion de
jouer sur les divisions dans le camp prolétaire, défend la logique des industriels
et de l'"économie", mais évite de se mettre directement à dos les ouvriers en lutte;
son attitude envers les travailleurs des services est plus nette: il se déchaîne
contre eux, soutenant l'action des jaunes, des Arditi et des nationalistes; une
place est faite aux communiqués et aux informations sur l'UIL. Il Resto del
Carlino est pratiquement philosocialiste-réformiste, tandis que La Stampa et Il Secolo
conservent une attitude assez prudente: ils fournissent une information relativement
étendue, rapportant souvent des points de vue différents; ils évitent en général
d'user du ton de l'hystérie, même s'ils ne sont pas exempt de certaines formes
d'alarmisme ; il semble qu'ils soient plus préoccupés par le pourrissement de la
situation que par le risque d'une révolution.
Les anarchistes sont très actifs, et présents dans presque tous les conflits: ils
sont en particulier au premier rang dans les agitations de rue à Milan et dans les
émeutes d'Ancône, où ils semblent jouer un rôle hégémonique, tout en attirant autour
d'eux d'autres composantes socialistes ou républicaines. Malatesta est désigné par la presse comme le responsable de tout ce
qui se produit, mais la police n'ose pas l'emprisonner. Quand elle l'arrête, elle le
relâche immédiatement par peur de nouvelles réactions prolétaires.
Excès et violences inutiles se multiplient, rapportées et souvent gonflées outre
mesure par la presse; les journaux, scandalisés, parlent de "chasse à l'officier".
Le climat propice à la réaction s'installe peu à peu (voir par ex. La Stampa du 24 juillet).
Le carton est intéressant pour la description du climat social italien, mais aussi
pour la photographie qu'il donne des réactions hystériques de la presse et de la
manière dont on prépare l'opinion publique à accepter la réaction d'ordre.
Entre juillet et août plusieurs bombes éclatent dans certains cafés de Milan (le
cafè Cova par ex.). Plusieurs anarchistes sont arrêtés, parmi lesquels Elena
Melli. Les
fascistes attaquent la rédaction milanaise de l'Avanti!
Polémiques entre anarchistes et socialistes, affrontements entre socialistes et
populaires (Abbadia San Salvatore, San Giovanni Rotondo), les fascistes attaquent
les socialistes, les anarchistes, les populaires et les ligues blanches, et la
presse ne semble pas pressée de les condamner. Les épicentres de ces agressions
sont; Crémone et les Romagnes (en particulier), Milan, Florence, Bologne, Vérone,
Ancône; à partir du mois de novembre elles se font aussi fréquentes à Bari,
Livourne, Syracuse, Novara, Bergame, Côme, Ferrare, Cerignola, Bologne, Turin,
Lucques, etc.
Cote :
ARCH/0260/56
Inventaire d'archives :
Description physique :
Importance matérielle :
255 pièces
Institutions :
Lieux :
Italie -- Politique et gouvernement -- 1915-1922, Italie, Ancône (Italie), Milan (Italie), Italie -- 1919-1920 (Grèves)