Document d'archives : Union sidérurgique du Nord de la France (Usinor) (et ancienne Société des forges et aciéries de Denain et d'Anzin). Usine de...

Titre :

Union sidérurgique du Nord de la France (Usinor) (et ancienne Société des forges et aciéries de Denain et d'Anzin). Usine de Denain : service du personnel, comité d'établissement, service études industrielles, services travaux. Entrée 1996 11.

Contenu :

Associées à l’ensemble du fonds de l'usine de Denain, les archives du service du personnel permettent de comprendre le fonctionnement et l’activité d’un service essentiel dans une entreprise qui a employé jusqu'à près de 8000 personnes. Elles apportent également un éclairage intéressant sur les relations sociales au sein de l’usine, qu’il s’agisse de confrontations, lors de manifestations revendicatives par exemple, ou d’entraide avec la Caisse mutualiste de solidarité. Chacun des dossiers de ce fonds présente un intérêt particulier dans l’étude de l’usine de Denain et de son personnel.
Les registres d’entrée et de sortie du personnel retracent entre 1898 et 1971 les mouvements du personnel, retracent la carrière des ouvriers, leur situation familiale et les causes de leurs départs.
Les fiches de postes décrivent chaque poste de travail et les opérations effectuées afin d'en déterminer la catégorie et le salaire horaire correspondant. A défaut de photographies ou de films, ces documents sont un recueil important des pratiques dans les métiers de la sidérurgie.
L’ensemble des archives du service sécurité témoigne de l’importance grandissante de la prévention des risques d'accidents du travail et de la sécurité des ouvriers à partir des années 1950 dans un intérêt économique et social. La distribution de primes de sécurité aux services prudents, les nombreuses notes de service préventives et les visites du Comité d’hygiène et de sécurité en sont la preuve.
Ces documents permettent également de retracer toutes les étapes de la fermeture de l’usine et ses conséquences sur la gestion du personnel : licenciements économiques progressifs, cessations anticipées d’activité, mutations vers d’autres usines Usinor et de mesurer les répercussions de la crise sidérurgique sur une usine du Nord, autrefois la plus importante de France.
Ce versement comporte quelques documents relatifs à la formation initiale et continue proposée par l’usine de Denain, des écoles maternelles à l’Ecole technique de formation des apprentis en passant par les stages de reconversion préconisés à partir des années 1970.
Une partie importante de ce fonds concerne le droit syndical, les réunions des représentants du personnel et du Comité d’établissement. Cet aspect réglementaire de la vie de l’entreprise est bien représenté dans les archives du service du personnel de l’usine de Denain. L’ensemble des comptes rendus de ces réunions informe sur le climat social et la marche de l’entreprise. Le bilan social, rédigé une fois par an, complète ces données en faisant le point sur l’emploi, les rémunérations, les conditions d’hygiène et de sécurité, les conditions de travail, la formation, les relations professionnelles et les œuvres sociales.
Importantes aussi pour l’histoire locale du Denaisis, ces archives sont le dernier témoignage d’une activité sidérurgique implantée durant un siècle et demi et dont la crise a marqué profondément toute la région.

Cote :

1996 11 1 à 73, D1 à D100

Inventaire d'archives :

État général des fonds

Informations sur le producteur :

HISTORIQUE DE L'USINE DE DENAIN
La présence de charbon dans la région du Denaisis et le besoin de rails pour la construction du chemin de fer du Nord entraînèrent la création en 1834 des Forges et laminoirs d’Anzin et en 1835, des Forges de Denain. La Révolution industrielle stimula la demande en fonte. Les deux usines sidérurgiques décidèrent de réunir leurs efforts pour la satisfaire en constituant en 1849 la Société des hauts-fourneaux et forges de Denain et d’Anzin.
La mise au point des procédés Bessemer, Martin puis Thomas à partir des années 1860 ouvrit l’ère de l’acier en Europe. Les usines de Denain et d’Anzin s’équipèrent d’aciéries utilisant ces nouvelles méthodes entre 1873 et 1875. Devenue société anonyme en 1870, la société prit en 1888 la dénomination Hauts fourneaux, forges et aciéries de Denain et d’Anzin.
La réputation des aciers de Denain, notamment de ses tôles, dépassa les frontières françaises. L’accroissement de la production s’accompagna d’aménagements de terrains et d’achats importants de matériel jusqu’en 1914. Les usines de Denain d'Anzin formaient ainsi l'un des ensembles les plus importants de la sidérurgie française. Les destructions massives et les réquisitions de l’armée allemande durant la première guerre mondiale stoppèrent brutalement leur croissance. La reconstruction, commencée en 1919, fut l’occasion de redéfinir les activités des deux usines : Denain concentra toute la production de métal et de tôles tandis qu’Anzin se spécialisait dans la fabrication de produits longs.
La fin de la seconde guerre mondiale et l’effort qui s’ensuivit suscita un besoin accru en acier et en tôles, matières de base de la société de consommation. Il fallait mettre en œuvre des moyens de production extrêmement puissants pour répondre à la demande nationale. C'est dans ce contexte que les Forges et aciéries du Nord et de l'Est et la Société des forges et aciéries de Denain et d'Anzin mirent en commun leur patrimoine sidérurgique. Cette fusion, qui donna naissance en 1948 à la société Usinor, permit d'installer à Denain, alors la plus importante des usines sidérurgiques françaises et la plus grande productrice de tôles de tous genres, le premier train continu à larges bandes à chaud de France. L'usine intégrée de Denain put dès lors assurer la transformation du minerai, du coke et de la ferraille en fonte puis en acier Thomas ou Martin pour en faire des tôles planes, des bobines laminées à chaud ou encore des aciers pour ressort, produits surtout utilisés dans le secteur automobile.
Une rationalisation poussée et une plus grande spécialisation de la production d’Usinor entraînèrent la constitution de deux groupes d'usines distincts. Le groupe A, avec les usines de Denain et Montataire, fabriquait des produits plats, l'usine de Denain accueillant les services centraux tandis que Montataire se consacrait au relaminage à froid des tôles produites par la première. Le groupe B rassemblait les usines de Valenciennes, Louvroil-Hautmont et Anzin spécialisées dans les produits longs.
En 1962, l'usine de Denain afficha une production de deux millions de tonnes, tonnage encore jamais atteint par une usine sidérurgique française. En 1966, Usinor-Denain fusionna avec la Société des Aciéries de Longwy et prit le nom de Denain-Nord-Est-Longwy.
L'usine prospèra jusqu'en 1974, dernière bonne année de la sidérurgie française avant le début d'une grave crise économique et industrielle qui toucha particulièrement Denain et Usinor dans son ensemble. Le secteur sidérurgique fut restructuré au début des années 1980 autour des seules unités de production économiquement et techniquement viables, entraînant le départ de 120 000 personnes sur les 160 000 que comptait la sidérurgie en 1974. L'usine d'Anzin ferma ses portes vers 1973, la production de fonte et d'acier fut stoppée à Trith et Thionville à partir de 1976, entraînant la fusion des groupes A et B au sein d’un groupe Nord avec les usines de Dunkerque, Denain, Montataire et Biache. En 1978, ce fut au tour de Denain de subir un plan de restructuration qui conduisit à l'abandon progressif de sa production d'acier. En juillet 1980 après l'arrêt du dernier haut-fourneau, seul le train-à-bandes resta en activité jusqu'en 1985. La même année Usinor-Denain devenait Denain-sidérurgie, filiale d'Usinor-Aciers. Après 1985 n'ont subsisté sur le site de l'usine que les Ateliers de Denain spécialisés dans la réparation des wagons et le Centre de parachèvement, atelier de finitions.
La fermeture progressive de l'une des usines sidérurgiques les plus importantes de la région a provoqué un traumatisme profond, tant sur le plan humain qu’économique. Les effectifs de l’usine de Denain sont ainsi passés de 6.300 employés en 1979 à moins de 200 en 1984. Ces départs massifs concentrés sur quelques années ont été répartis par des conventions générales de protection sociale entre cessations anticipées d'activités, mutations internes, reconversions dans des métiers autres que ceux de la sidérurgie, démissions et licenciements jusqu'à la disparition définitive de l'usine de Denain en 1988.
Usinor a été nationalisée en 1982.
HISTORIQUE DU SERVICE DU PERSONNEL
Le service du personnel a suivi les évolutions structurelles de l'usine de Denain elle-même. Depuis la création de l'entreprise jusqu'à la fondation de la société Usinor, le service du personnel de Denain avait en charge les employés des usines de Denain et d'Anzin. A partir de 1948, ce service étendit ses compétences au personnel du groupe A qui regroupait Denain et Montataire et dont Denain était le siège. Lors de la fusion des groupes A et B dans les années 1970, l'usine de Denain conserva un service du personnel tandis qu'un service central du personnel du groupe Nord était installé à Valenciennes. Cette structure administrative servait d'intermédiaire entre la direction des affaires sociales du siège parisien et les établissements provinciaux. A partir de l'annonce de la fermeture programmée et progressive de l'usine de Denain en 1978, le service du personnel des services centraux de Valenciennes prit une part de plus en plus importante dans la gestion du personnel d'Usinor-Denain comme il le faisait déjà pour l'usine voisine de Trith, ce qui explique que certains documents des services du personnel de Valenciennes et de Denain ont été conservés dans un même lieu.
Ces bouleversements successifs n’eurent cependant pas de conséquence majeure sur le fonctionnement du service du personnel, c’est pourquoi aucune césure chronologique n’a été opérée dans cet inventaire.
LISTE DES CHEFS DU PERSONNEL DE L'USINE DE DENAIN
  • 1966 : Broch (Avelange, directeur de l’usine de Denain).
  • 1967 : Broch assisté de Proust.
  • 1968 : Broch assisté de Proust.
  • 1969 : Salmon assisté de Proust (Spreux, directeur).
  • 1970 : Salmon assisté de Proust.
  • 1971 : Salmon assisté de Proust.
  • 1972 : Salmon assisté de Proust (Callewaert, directeur).
  • 1973 : Salmon assisté de Proust.
  • 1974 : Salmon assisté de Proust (Diers, directeur).
  • 1975 : Parent assisté de Proust.
  • 1976 : Parent assisté de Proust.
  • 1977 : Parent assisté de Proust (André, directeur).
  • 1978 : Parent assisté de Proust.
  • 1979 : Parent assisté de Proust.
  • 1980 : Parent assisté de Salomez.
  • 1981 : Lemoine assisté de Salomez.
  • 1982 : Lemoine assisté de Salomez (Frimat puis Garnier, directeurs).
  • 1983 : Lemoine assisté de Mairesse.
  • 1984 : Lemoine.
  • 1985 : Lasbleis assisté de Douchement puis Miens (Montlahuc, directeur).
  • 1986 : Lasbleis assisté de Miens.
  • 1987 : Lasbleis assisté de Miens.
  • 1988 : Lasbleis assisté de Miens (Lemoine, directeur).

Informations sur l'acquisition :

Ce dépôt résulte d'opérations de collecte menées par le service des archives d’Usinor, l’Espace archives de Sérémange sur les sites de Denain et Valenciennes afin de sauver des documents laissés à l’abandon et menacés de destruction.
Historique de conservation :
Les archives du service du personnel de l'usine Usinor de Denain étaient réparties entre trois dépôts différents entrés au CAMT sous les numéros 1994 12, 1995 6 et 1996 11.
Le versement 1994 12 comportait les archives de quatre entreprises différentes : Usinor-Denain, dont les services du personnel et de la direction, la Manufacture des chaînes et ancres de Saint-Amand, la Société française de constructions mécaniques et les mines d'Anzin.
L’entrée 1995 6 associait des archives du service du personnel de Denain à des documents du service du personnel des services centraux de Valenciennes.
Enfin le troisième versement entré sous le numéro 1996 11 rassemblait des archives des services du personnel, de la direction générale, des études industrielles et des travaux neufs.
L'ensemble de ces documents est parvenu au CAMT par des chemins différents mais ont tous été produits par le service du personnel, c'est la raison pour laquelle nous avons rassemblé les archives de ce service sous le numéro de versement 1996 11 afin de restituer un fonds homogène et facilement accessible.
Le périple mouvementé de ces archives avant leur entrée au CAMT expliquent leur mauvais état global et les difficultés rencontrées parfois au moment du classement pour déterminer les lieux de production et la destination de certains documents.
Lacunes :
Le fonds de l'usine Usinor de Denain a été sérieusement démantelé au cours des restructurations et déménagements successifs, ainsi les archives du service du personnel étaient réparties entre trois versements provenant de trois lieux différents. Cet inventaire ne regroupe cependant pas l’ensemble des archives du service puisque des dossiers de personnel ont été conservés par Usinor (ces dossiers sont sans doute conservés à Paris ou à Dunkerque) pour permettre les reconstitutions de carrière. Certains documents ont également été emportés par des employés avant leur départ, d'autres ont peut-être été pris dans les sous-sols des bureaux administratifs restés longtemps sans surveillance. Enfin, les nombreuses destructions opérées au moment de la fermeture de l’usine n'ont vraisemblablement pas épargnées les archives de ce service (les documents relatifs à l'activité de l'usine au XIXe  siècle restent introuvables. La plupart d'entre elles ont probablement disparu pendant la première guerre mondiale, l'usine ayant souffert des bombardements et des démantèlements allemands). De plus, les mauvaises conditions de conservation ont rendus illisibles un certain nombre de documents.

Conditions d'accès :

Les documents antérieurs à la nationalisation d'Usinor en 1982 sont des archives privées. Ceux produits à partir de cette date (et jusqu'en 1995, date de la reprivatisation du groupe Usinor-Sacilor) sont des archives publiques.
Fonds communicable et reproductible suivant les délais légaux prévus par le Code du patrimoine pour les archives publiques.
Publiable sur internet

Conditions d'utilisation :

La réutilisation des documents extraits du fonds est gratuite et libre, sous réserve des dispositions relatives aux droits de la propriété intellectuelle et au respect de la vie privée (voir les modalités d’application sur le site internet des ANMT).

Description physique :

173 unités archivistiques.
Importance matérielle :
59.89

Ressources complémentaires :

Archives nationales du monde du travail (Roubaix) :
Autres fonds Usinor (Denain, Trith, Services centraux, Dunkerque, Louvroil, etc, voir l'Etat des versements Usinor).
Documentation conservée au CAMT sous la cote AQ 65 :
  • AQ 65 K 66. Haut-fourneaux, forges et aciéries de Denain et d'Anzin : statuts, comptes rendus d'assemblées générales ordinaires et extraordinaires (1888-1963), coupures de presse (1876-1927), Livre d'or de la société des haut-fourneaux, forges et aciéries de Denain et d'Anzin, 1849-1949.
  • AQ 65 K 291. Usinor : statuts, comptes rendus d'assemblées générales ordinaires et extraordinaires et comptes rendus d'exercice de la société Usinor (1948-1972), plaquettes de présentation des usines de Louvroil et Hautmont.
Espace archives de Sérémange (l'Espace archives est chargé du tri, du classement et de la conservations des archives du groupe Arcelor) :
Versements n° 147, 36 et 70 : fonds de photographies des usines de Denain et de Dunkerque (remise de médailles du travail, vues intérieures et extérieures de l'usine) (sans date).
Versement n°122 : archives de la direction de l'administration générale des entreprises du groupe Usinor (1931-1985).
Fonds documentaire important sur la société Usinor et ses établissements (plaquettes d'informations, Denain informations…).
Archives départementales du Nord :
  • Microfilm 7 Mi 1 : Hauts-fourneaux, forges et aciéries de Denain et d'Anzin : procès-verbaux du Comité central (1876-1882), rapports du conseil d'administration aux assemblées générales (1885-1902), rapport du conseil d'administration (1899), rapports de la commission d'inventaire (1874-1893), bilans (1899-1892).
  • 949 J : plans de l'usine et des propriétés des forges sur Denain et Escaudain (1881-1930).
  • 1084 J : documents divers.
  • 842 J : papiers de M. René Damien, ancien président directeur général d'Usinor, décédé en 1971.
  • 111 J : Fonds d'entreprise Tison (Denain Nord) : dont plans d'ateliers, de logements Usinor Denain (111J78 à 111J83).
Archives départementales du Pas-de-Calais :
  • Usine de Biache-Saint-Vaast : livres de paye (1914-1940), retraites ouvrières (1911-1912), assurances ouvrières vers 1930, comités d'entreprise (1964-1973).
  • 7 Mi 6-9 : Forges et aciéries du Nord et de l'Est
Musée municipal de Denain :
Photographies, biographies, articles de journaux, écrits sur des accidents de travail, fascicules d'information sur l'activité de l'usine et autres.

Références bibliographiques :

  • BECO (J. de), La sidérurgie du Nord : Problèmes d'actualité, vol.1.
  • CATTIAUX (Guy), Denain : des hommes d'acier, Denain, 1989, cote CAMT H16.
  • DENOYELLE (Robert), Les feux éteints, Denain, 1988, cote CAMT H 2557.
  • DHÉRENT (Catherine), Archives du monde du travail, région Nord-Pas-de-Calais : Guide de recherche, cote CAMT H 1770.
  • FREYSSINET (Michel), La crise de la sidérurgie française, Hatier, 1982.
  • GÉRÔME (Noëlle), sous la direction de, Archives sensibles : Images et objets du monde industriel et ouvrier, ENS Cachan, Cachan, 1995
  • HARDY-HEMERY (Odette), De la croissance à la désindustrialisation : Un siècle dans le Valenciennois, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1984, cote CAMT H10.
  • HARDY-HEMERY (Odette), "Une nébuleuse en expansion aux XIXème et XXème siècles : l'espace de l'usine sidérurgique de Denain" dans Le Mouvement Social, oct.-déc. 1983, n°125.
  • LEFEBVRE (François), Historique du mouvement ouvrier à Denain (1883-1930), cote CAMT H2146.
  • PRECHEUR (Claude), La sidérurgie française, A. Colin, 1963.
  • RENHAY (Philippe), Les conflits à Usinor-Dunkerque, 1973-1979 ou la CFDT à la grève, 1981.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales du monde du travail.

Où consulter le document :

Archives nationales du monde du travail - ANMT

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