Document d'archives : Montferrand

Contenu :

<p>Les archives de Montferrand constituent certainement l’un des fonds anciens communaux les plus riches qui soient déposés aux Archives départementales du Puy-de-Dôme. La documentation couvre une large période, qui va de la première moitié du XIIIe siècle jusqu’à la première moitié du XVIIIe siècle.</p> <p>Elles revêtent un intérêt évident pour l’étude de la ville de Montferrand, notamment à travers la suite quasi ininterrompue des délibérations du consulat entre 1470 et 1731 (série BB), et celle des comptes des consuls, de 1258 à 1694 puis de 1718 à 1731 (série CC). Le plus ancien registre de compte des consuls (1259-1272, E-dépôt 113 II CC 154) est fait en papier, seulement dix ans après le plus ancien document en papier conservé en France (registre du notaire marseillais Giraud Amalric, 1248). Elles sont aussi particulièrement riches pour l’histoire des états de Basse-Auvergne, et complètent à ce titre la sous-série 5 C des archives départementales, et pour l’histoire de l’Auvergne, notamment au XVIe siècle. Les archives offrent aussi un terrain propice aux études philologiques avec de nombreux documents en occitan, notamment au sein de la série des comptes des consuls pour les XIIIe et XIVe siècles, édités par Anthony R. Lodge. Par ailleurs, les documents produits et conservés au sujet des différentes juridictions ayant leur siège à Montferrand offrent un regard intéressant tant sur l’administration de la justice que sur la rivalité entre les différentes villes de Basse-Auvergne, tandis que les registres du tribunal de la Purge renseignent sur l’encadrement des lépreux.</p>

Informations sur le producteur :

Montferrand (Puy-de-Dôme)

Informations sur l'acquisition :

Historique de conservation :
<p>Les archives de la Ville de Montferrand ont toujours fait l’objet d’un soin particulier de la part des consuls : recueil des privilèges de la communauté, elles constituent tout à la fois un des éléments de l’identité urbaine et le réservoir des preuves à apporter en cas de conflit juridique impliquant la ville.</p> <p>Aucun renseignement sur la conservation des documents de la Ville n’est toutefois antérieur au XIII siècle. Un écrit communal existe pourtant dès avant la charte de franchise accordée à la fin du XII siècle, puisque celle-ci mentionne un <emph render=\"italic\">Livre des coutumes</emph> : « 94 - <emph render=\"italic\">Totas las chauzas que hom [no] trobarias escriutas en la charta o el lhibre dels uzatjes de Monferrant devont esser acordadas, aordenadas o jutjadas pel senhor o pels cosols</emph> »[1].</p> <p>La production manuscrite qui augmente au XIII siècle rend nécessaire un moyen de conservation spécifique : l’arche [2]. La première mention d’un tel coffre commun remonte à en 1264 : les consuls versent alors 7 sous et 6 deniers pour l’<emph render=\"italic\">archa de portar […] e per I mesagé</emph> [3].</p> <p>Les comptes des consuls, qui s’ouvrent au XIVe siècle, donnent régulièrement l’inventaire des pièces de la ville, réalisé lors du changement de consulat. La liste dressée le 7 mai 1380 (CC 170, fol. 45) recense ainsi les sceaux, chartes de privilèges et autres arrêts rendus en cour de justice, tous actes fondateurs ou de grande importance pour les droits de la commune. L’explosion documentaire et les nécessités de classement suscitent l’apparition de boîtes pour le rangement, et même de plusieurs arches [4], qui peuvent être mobiles et suivre le consulat dans ses changements de domicile.</p> <p>En 1409, les archives rejoignent la collégiale Notre-Dame où elles prennent place dans une armoire située près de l’autel saint Pierre (CC 175, fol. 19 v.). Cette sanctuarisation des archives est à rapprocher du dépôt, dans la seconde moitié du XIII siècle, du Trésor des Chartes dans la Sainte Chapelle du Palais à Paris, ou de l’exemple clermontois, où, en 1402, les élus font faire sur ordre du duc de Berry « une huche fermant à trois clefs » qu’ils placent, pour plus de sécurité, dans l’église cathédrale [5].</p> <p>En 1462, les registres de compte mentionnent l’achat de sacs pour les archives (CC 187, fol. 3 et 6 v). On ne voit apparaître aucune mention d’un garde des archives ; sans doute cette fonction était-elle assumée par les consuls eux-mêmes.</p> <p>En 1496, la communauté manifeste une prise de conscience de ses éléments fondateurs et de ses archives : considérant que la charte de coutume de Louis de Beaujeu (1291), écrite en latin, est inconnue des habitants, elle décide de la traduire en français (AA 5, fol. 1) ; cette même année, les archives sont qualifiées de « trezor de la ville » et sont installées dans deux pièces situées à l’étage de la tour nord de la collégiale (« en la chambre de la ville de Montferrand située au-dessus la chappelle de Estevenot » [II 1, liasse 3, pièce 2, fol. 1]).</p> <p>Le rattachement de Montferrand à Clermont en 1630, confirmé en 1731, n’entraîne pas de déménagement des archives du consulat. Clos dans la première moitié du XVIII siècle, le fonds semble oublié dans la tour nord de la collégiale Notre-Dame. C’est là que le rejoignent pendant la Révolution, d’après Mazure [6], des archives de la ville de Clermont. En 1842, Etienne Hormisdas Thévenot, inspecteur des Monuments historiques du Puy-de-Dôme, constate la présence de ces archives en faisant une inspection de l’église de Montferrand, et sollicite leur évacuation [7]. Quelques années plus tard, la ville de Clermont-Ferrand transfère les deux fonds dans l’hôtel de ville.</p> <p>Enfin, en 1922, la Ville, qui souhaite aménager une bibliothèque populaire dans la salle où étaient conservés les fonds anciens de la commune, les dépose aux Archives départementales, où elles sont toujours conservées.</p> <p>[1] TEILHARD de CHARDIN (Emmanuel), <emph render=\"italic\">La première charte de coutumes de Montferrand</emph>, extrait des <emph render=\"italic\">Annales du Midi</emph>, tome III, année 1891, Toulouse : Edouard Privat, 1891. <lb></lb>[2] PICOT (Johan), « Montferrand, la communauté, le consulat et l’arca communis (milieu XIIIe-début XVIe siècle) », dans <emph render=\"italic\">Le bazar de l’hôtel de ville. Les attributs matériels du gouvernement urbain dans le Midi médiéval</emph>, JEAN-COURRET, Eziechiel, LAVAUD, Sandrine, PETROWISTE, Judicaël et PICOT, Johan direction, Bordeaux, Ausonius Editions, 2016, p. 72. <lb></lb>[3] <emph render=\"italic\">Ibid</emph>.<lb></lb>[4] <emph render=\"italic\">Ibid</emph>. p 78. <lb></lb>[5] <emph render=\"italic\">Ibid</emph>. p 80. <lb></lb>[6] MAZURE, <emph render=\"italic\">Inventaire des archives de la ville de Clermont-Ferrand</emph>, AD Puy-de-Dôme, 3 T 73. <lb></lb>[7] THEVENOT (Etienne Hormisdas), « Rapport spécial, sur l’église de Montferrand, à M. le Ministre de l’Intérieur », &lt;<emph render=\"italic\">Annales scientifiques, littéraires et industrielles d’Auvergne</emph>, t. 15, 1842, p. 415-436.</p>

Description :

Critères de sélection :
<p>conservation</p>
Mise en forme :
<p>Classement définitif</p>
Mise en forme :
<p>Les archives sont rangées dans une arche, dont la première mention remonte au XIIIe siècle. Avec l’explosion documentaire de la fin du Moyen Âge apparaît le besoin de rationaliser l’accès au coffre municipal en rangeant les documents en diverses boîtes au sein de l’arche des archives. Le plus ancien inventaire conservé (E-dépôt 113 II II 1) date du XVIe siècle et contient des additions jusqu’en 1583. D’autres sources permettent de suivre les documents : lors du changement de consulat les consuls font la liste des pièces qu’ils transmettent à leur successeur (série CC) ; peut-être exhaustives aux XIIIe et XIVe siècles, quand elles énumèrent les documents fondateurs de la commune (E-dépôt 113 II CC 170, fol. 45 r.), ces listes se limitent par la suite aux documents les plus utiles, servant à faire foi dans les procès (en 1603, « Inventaire sommaire des pièces remises par lesdits comptables et maire… » qui mentionne surtout des obligations et exploits, E-dépôt 113 II CC 285, fol. 55 v.). L’article E-dépôt 113 II II 3 contient les anciennes étiquettes en parchemin (XVe-XVIIe siècles) qui servaient au classement des archives, probablement rangées dans des sacs.</p> <p>Les deux volumes de l’, publiés respectivement en 1902 et 1922, sont le fruit du travail d’environ quarante ans fourni par Emmanuel Teilhard de Chardin (1844-1932), archiviste paléographe, qui classe les archives de Montferrand d’après le cadre de classement des archives communales. Commencé dans les années 1880, ce travail ne s’achève pourtant pas avec la publication du tome deuxième en 1922. Des correspondances échangées par le maire de Clermont-Ferrand, M. Rouchon, archiviste départemental, Emmanuel Teilhard de Chardin et les imprimeries Mont-Louis attestent qu’un tome troisième était en préparation en 1923 mais n’a pas vu le jour. Les notes de Teilhard et les bons à tirer avant impression définitive sont conservés aux Archives départementales (3 T 67-72). L’inventaire publié par Teilhard s’arrête ainsi à l’article E-dépôt 113 II FF 49. La suite du fonds comporte des étiquettes dont les analyses ont été rédigées par Teilhard, tandis que des documents, retrouvés au fur et à mesure, constituent des suppléments à chacune des séries. C’est dans cet état qu’était le fonds après le travail de Teilhard. Un répertoire dactylographié est venu compléter ce travail pour couvrir la fin du fonds (à partir de E-dépôt 113 II FF 50).</p> <p>En 2019 a été réalisée une reprise de l’inventaire du fonds de Montferrand par Louis Borel de Bretizel, élève de l’Ecole des Chartes, en stage aux Archives départementales, sous la direction de Pierre-Frédéric Brau, directeur. Le travail a consisté en la récupération des données de l’ grâce à une reconnaissance optique de caractère, le récolement des documents pièce à pièce afin de les reclasser ou de constater les déficits éventuels,  la structuration des informations selon les normes archivistiques en vigueur, leur rangement intellectuel selon un plan de classement conforme à la norme ISAD (G), et l’inventaire des suppléments afin de les insérer dans le nouvel instrument de recherche. Aucune cote n’a été modifiée, ce qui laisse l’inventaire de Teilhard toujours valable. Cependant, à l’ordre quasi systématiquement chronologique adopté par Teilhard au sein des séries a été préférée la réalisation d’un répertoire méthodique, intégrant aux informations de l’inventaire papier les suppléments postérieurs..</p> <p>En l’état actuel, l’ensemble du fonds a été traité, à l’exception des présentations du contenu des articles séries EE et FF (1 à 49) de l’inventaire de Teilhard.</p>

Ressources complémentaires :

<p>Tiers Etat de Basse-Auvergne (5 C)</p>
<p>Chapitre Notre-Dame de Montferrand (7 G)</p>

Références bibliographiques :

<p>BOSSUAT (André), <emph render=\"italic\">Le bailliage royal de Montferrand (1425-1556)</emph>, Clermont-Ferrand : PUF, 1957, 201 p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 6201].</p> <p>LODGE (R. Anthony), <emph render=\"italic\">Le plus ancien registre de comptes des consuls de Montferrand, en provençal auvergnat : 1259-1272</emph>, Clermont-Ferrand : La Française d’Edition et d’Imprimerie, 1986, 183 p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 4343].</p> <p>LODGE (R. Anthony), <emph render=\"italic\">Les comptes des consuls de Montferrand (1273-1319)</emph>, Paris : École des Chartes, 2006, XLI-212 p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 6102].</p> <p>LODGE (R. Anthony), <emph render=\"italic\">Les comptes des consuls de Montferrand (1346-1373)</emph>, Paris : École des Chartes, 2010, XLV-619 p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 14192].</p> <p>LODGE (R. Anthony), <emph render=\"italic\">Les comptes des consuls de Montferrand (1378-1385)</emph>, Paris : École des Chartes, 2019, XL-596 p.</p> <p>PICOT (Johan), « Montferrand, la communauté, le consulat et l’arca communis (milieu XIIIe-début XVIe siècle) », dans <emph render=\"italic\">Le bazar de l’hôtel de ville. Les attributs matériels du gouvernement urbain dans le Midi médiéval</emph>, JEAN-COURRET, Eziechiel, LAVAUD, Sandrine, PETROWISTE, Judicaël et PICOT, Johan dir., Bordeaux : Ausonius É ditions, 2016, pp. 69-90.</p> <p>PICOT (Johan) et TEYSSOT (Josiane) : « Les villes d’Auvergne et le roi : Montferrand au XIIIe siècle », dans <emph render=\"italic\">Dans le secret des archives : justice, ville et culture au Moyen-Age : sources et commentaires</emph>, BILLORE (Maïté) et PICOT (Johan) dir., Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2014, 399 p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 14588].</p> <p>PICOT (Johan), « ‘La Purge’ : une expertise juridico-médicale de la lèpre en Auvergne au Moyen-âge », dans <emph render=\"italic\">Revue historique</emph>, Paris : PUF, 2012/2, n°662, pp. 292-321. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-historique-2012-2-page-292.htm</p> <p>RANQUET (Henri du), RANQUET (Emmanuel du), <emph render=\"italic\">Montferrand : ses vieilles pierres : château, remparts, église, logis</emph>, Clermont-Ferrand : imprimerie générale, 1936, 235 p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 625].</p> <p>TARDIEU (Ambroise), <emph render=\"italic\">Histoire de la ville de Montferrand et du bourg de Chamalières en Auvergne</emph>, Moulins, 1875, 129 p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 3 BIB 1131].</p> <p>TEILHARD de CHARDIN (Emmanuel), « Montferrand avant sa charte de commune » dans <emph render=\"italic\">Mémoires de l’académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand</emph>, tome 24, 1882, pp. 321-340. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 102].</p> <p>TEILHARD de CHARDIN (Emmanuel), <emph render=\"italic\">La première charte de coutumes de Montferrand</emph>, extrait des <emph render=\"italic\">Annales du Midi</emph>, tome III, année 1891, Toulouse : Edouard Privat, 1891, pp. 283-309 [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 10441].</p> <p>TEILHARD de CHARDIN (Emmanuel), <emph render=\"italic\">Inventaire sommaire des archives communales : ville de Clermont-Ferrand : fonds de Montferrand</emph>, Clermont-Ferrand : Mont-Louis, tome 1, 1902, tome 2, 1922.</p> <p>TEILHARD de CHARDIN (Emmanuel), « Du commencement de l’année à Clermont et Montferrand », dans <emph render=\"italic\">&gt;Bibliothèque de l’Ecole des Chartes</emph>, tome LIII, 1892, pp. 273-279. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 76/29].</p> <p>TEILHARD de CHARDIN (Emmanuel), <emph render=\"italic\">Comptes de voyage d’habitants de Montferrand à Arras en 1479</emph>, extrait de la , tome LXVII, 1906, pp. 13-59. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 10675].</p> <p>TEYSSOT (Josiane), <emph render=\"italic\">Montferrand 1196-1996</emph>, Clermont-Ferrand : La Française d’Edition et d’Imprimerie, 1996, 101 p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 3625].</p> <p>THIOLIER (Charles), <emph render=\"italic\">Montferrand : institutions consulaires, vie quotidienne (XVe, XVIe, XVIIe siècles)</emph>, Paris, 1995, 251-XCVIII p. [Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 3609].</p>

Institutions :

Montferrand (Puy-de-Dôme)

Où consulter le document :

Archives départementales du Puy-de-Dôme

Liens