L’informateur raconte qu’en 1940 il a été fait prisonnier cinq ans en Pologne à Danzig (Gdansk), au retour de la guerre il reprend le métier d’agriculteur. Il possédait alors une cinquantaine de moutons et quelques chèvres. Il cultivait le blé, le seigle et des légumes secs comme les pois-chiches, lentilles, haricots, toutes les terres étaient cultivées. A l’époque il y avait aussi de la lavande sauvage, plus tard des pins ont été plantés à la place. Les habitants allaient très peu à l’épicerie,ils n’y achetaient que le café, le sucre, le savon et l’huile. A l’automne, il faisait des provisions pour 6 mois. L’hiver, l’informateur fabriquait des outils pour entretenir les champs et faisait son pain. Il explique qu’après la guerre de 1914-1918, le village s’est dépeuplé et beaucoup d’habitants, en 1929, sont partis s’installer dans la vallée et dans les villes car il ne restait que des vieillards. Lui, est resté et a monté une distillerie de lavande après la guerre. Il produisait jusqu’à deux cent litres d’essence et des courtiers venaient de Grasse pour la lui acheter. Il embauchait des ouvriers saisonniers italiens de Cuneo, charbonniers en hiver, coupeurs de lavandes sauvages en été. Il explique avoir utilisé l’essence de lavande pour soigner les bêtes. Les autres cultures se limitaient au blé pour la farine, il était coupé à la faucille, et transporté à dos de mulets. Le son était donné aux poules et aux bêtes faibles. Le pain était cuit au four communal en été, et en hiver dans la maison pour la chauffer. Il explique que pour faire le pain il réalisait son propre levain et qu’il pétrissait son pain, il en faisait 25 kilos tous les quinze jours pour cinq personnes, et beaucoup plus en été pour les saisonniers. Avec la crème de lait de chèvre, il préparait des fougasses et plus tard, il a acheté une vache pour avoir du beurre. Il fabriquait aussi des pâtes, à la main, qu’il faisait sécher à l’air assez vite pour éviter la moisissure. Avant l’invention des bocaux de verre, les conserves de porc se plaçaient dans des terrines en terre remplies de graisse. Les légumes secs comme les lentilles étaient battus avec un fléau et les pois-chiche étaient foulés puis conservés en sacs de jute. Quant aux fruits, ils consommaient des pommes, des poires, et des prunes. Celles-ci étaient pelées,mûres, puis séchées sur des canisses, mais il fallait les rentrer la nuit pour éviter l’humidité. La méthode pour les pruneaux était différente : il fallait ébouillanter les prunes avant de les mettre à sécher. Pour les fêtes de Noël, il cuisait du nougat en remplaçant les amandes trop rares, par des noix. Il se souvient aussi d’une variété de poires grises qui se conservait tout l’hiver et les pommes se conservaient toute l’année. Il cultivait aussi de l’orge, de l’avoine, des betteraves, des pommes de terre, des poireaux, du chou et fabriquait des paniers en hiver avec de l’osier récolté en automne. L’enquêtrice pose des questions sur les plantes locales cultivées comme l’hysope, la menthe, la lavande, la sauge. Il parle ensuite des foires qui n’existent plus. Il est question ensuite de transhumance, d’une race locale de brebis, un peu rustique, prévue pour la montagne, et déplore que la diversité de race n’existe plus. Il est question aussi de loups et des attaques de brebis.