Document d'archives : Nador

Contenu :

Il s’agit d’un court récit littéraire, rédigé en
2003
, écrit à la troisième personne, mais derrière lequel se cache l’histoire vécue. Le personnage principal est Jean, 24 ans, appelé pendant la guerre d’Algérie dans les rangs de la DBFM (la demi-brigade de fusiliers marins). Le récit a pour unité de temps avril 1961 : début avril lors de l’arrivée de Jean en Algérie et les 27 et 28 avril 1961 marqués par des représailles de l’armée envers des civils algériens ; une unité de lieu pour la majorité du texte : Nador, nom du fortin, dans lequel Jean est affecté, situé dans le djebel Zakri, à une quinzaine de kilomètres de Nedroma, C’est un secteur particulièrement difficile et une zone de grandes tensions, en raison de la proximité de la frontière du Maroc (10 kilomètres) et de l’édification de la ligne Pedron (rempart de barbelés, de haies électrifiées et de champs de mines pour dissuader le passage des rebelles venus du Maroc). Quelques lignes, au fil du récit, sont consacrées à ses premiers étonnements : découverte de la présence des supplétifs algériens, les harkis, dans les forces françaises ; confirmation de l’injustifiable présence française en Algérie « Nous n’avions rien à faire ici, nous étions des intrus » ; existence du fossé entre les colons et les soldats du contingent : les premiers reprochant aux seconds de n’avoir pas pris fait et cause pour eux sans restriction, les seconds s’indignant d’avoir été obligés de sacrifier une partie de jeunesse au risque de leur vie. Mais la raison essentielle pour laquelle ce témoignage a été écrit est la confrontation avec la pratique de la torture et le silence entretenu dans les rangs du contingent. Cette révélation a pour origine une escarmouche « normale » en temps de guerre. Une patrouille du fortin est prise sous le feu des rebelles, dans la nuit du 27 au 28 avril 1961, mais aucun homme n’a été blessé. La riposte est violente : bouclage de la mechta et arrestations de suspects ramenés au fortin dont un couple « [la femme] avec sa robe rabattue sur ses hanches, les seins nus, humiliation sans nom pour les Berbères». Le couple amené dans la salle radio est mis entre les mains d’une équipe spécialisée ; la femme est torturée à l’électricité devant son mari afin de faire parler ce dernier. Outre un profond bouleversement, il est stupéfait de l’absence de réactions du contingent et des officiers. Il tente d’apporter une explication en invoquant d’une part, les pratiques « d’un ministère de la haine », « [qui] [...] avait pris le pouvoir, faisant administrer la torture pour un oui ou pour un non, aux hommes, aux femmes, parfois aux enfants, bien loin de la propagande qui prétendait la réserver aux terroristes les plus abominables » et d’autre part, de sa protection au plus haut niveau « ceux qui désavouaient ces actes et en méprisaient les auteurs pressentaient, ou savaient par expérience, qu’un pouvoir occulte censurerait leurs remarques, et au besoin les sanctionnerait cela joint à une forme de lâcheté intellectuelle ».

Cote :

CNRS IHTP ARC 2015

Inventaire d'archives :

Décolonisations

Informations sur le producteur :

Pharabod, Jean-Pierre
Jean-Pierre Pharabod, est physicien, il a fait partie des appelés du contingent pendant la guerre d’Algérie.

Description physique :

Importance matérielle :
37 p.

Personnes :

Pharabod, Jean-Pierre

Lieux :

Algérie

Thèmes :

Torture

Où consulter le document :

Humathèque Condorcet - Service des archives

Humathèque Condorcet - Service des archives

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