La période 1960-1965 est marquée par la reprise progressive des relations diplomatiques entre la France et les pays arabes à la suite de la signature des accords d'Evian, le 18 mars 1962. Toutefois les relations entre les pays occidentaux et les pays de la zone Levant sont émaillés de nombreux conflits et affaires litigieuses : le soutien allemand à Israël qui conduit à une rupture des relations entre les pays de la Ligue Arabe et l'Allemagne fédérale en 1965, en est sans doute le point culminant. Par ailleurs, les conflits à l'intérieur de la zone elle-même sont nombreux. Ainsi, la volonté hégémonique panarabe de Nasser alimente des tensions dans les pays voisins, l'attitude distanciée de Bourguiba en Tunisie suscite l'ire des pays plus orientaux, on notera aussi le retrait de la Syrie de la République Arabe Unie en 1961 et l'échec de la conférence d'Alger qui mènera à la désunion afro-asiatique.
Après avoir émergé dans la période précédente, le panarabisme de Nasser est la question majeure de ces six années. Nasser s'impose comme le leader de la pensée panarabe dirigée avec véhémence contre « l'impérialisme » (la Ligue Arabe fait pression sur la France pour qu'elle accorde à l'Algérie son indépendance) et la « dictature sioniste ». Néanmoins, l'idéologie panarabe qui s'incarne dans la Ligue Arabe, se heurte à plusieurs clivages au sein de la région. L'organisation peine à asseoir son autorité et malgré les très fréquentes réunions ne parvient pas à atteindre la puissance espérée. Le conflit des eaux du Jourdain cristallise ces lacunes : bien que les pays arabes se liguent contre les entreprises israéliennes et annoncent avec fermeté leur volonté de n'ignorer aucune mesure pour contrecarrer les plans sionistes, Israël poursuit ses avancées. Le plan de partage prévu par l'ONU ne sera jamais respecté. Le plan politique est également marqué par l'arrivée du parti Baath en Syrie, une émergence timide d'un mouvement panislamiste, les revendications kurdes et différents projets avortés d'unions arabes (fusion syro-égyptienne, projet du Croissant fertile). Sur le plan militaire, les questions atomiques qui font leur première apparition tandis que le pétrole et les livraisons d'armes occupent toujours une importance de premier ordre. Ces dernières sont d'ailleurs placées sous l'égide de la NEACC dont l'utilité commence à être remise en question.