Document d'archives : Un enseignant parle de sa vie au Liban en 1975 et donne sa vision de la place et du rôle de la culture française dans le pays

Contenu :

L’informateur, célibataire, est originaire de Metz où il a fait ses études primaires et secondaires. Il s’est ensuite installé à Strasbourg où il a entamé un cursus de psychologie.Il est arrivé au Liban en 1969 en tant que coopérant dans le cadre de son service militaire car son frère marié à une Libanaise était établi dans ce pays. Son adaptation matérielle a été ainsi facilitée et ses voyages dans le pays et en Syrie, notamment, en sont le reflet : il est hébergé dans la famille de sa belle-soeur d’origine syrienne, chez des amis libanais. Quant à ses loisirs, l’informateur dit avoir peu de contacts avec le milieu français, il n’apprécie guère les soirées mondaines, ni le monde associatif français leur préférant les sorties avec ses amis libanais. Professionnellement, il se partage entre différentes fonctions : enseignant contractuel à l’Ecole Supérieure des Lettres et à l’université de Kaslik, pigiste pour le journal L’Orient-Le jour et il travaille aussi bénévolement pour son frère. L’informateur aborde ensuite sa vision de la présence française au Liban dont l’action, selon lui, est encore sous le poids historique du mandat qui apporte une caution à un système où l’impérialisme culturel domine. Au sujet de la spécificité de la culture française, l’homme note que la langue française, langue officielle notamment pour les concours n’aide pas à un développement de la culture arabe et à sa diffusion, elle constitue au contraire un barrage car elle est l’apanage de la classe dirigeante du Liban qui historiquement,en a permis le développement afin de conserver ses intérêts. L’informateur préconise un rôle de la langue française secondaire et non pas dominant. Il lui semble que la France en a pris progressivement une certaine conscience car elle cherche à développer le français en tant que langue étrangère et non plus comme langue de culture. Selon lui, cette évolution créera à l’avenir une distinction linguistique dans les classes sociales, l’élite conservera le français et la masse se tournera plus vers l’anglais, langue économique. Est-ce que cela condamnera le milieu français à long terme ? L’informateur souligne que si le milieu chrétien est favorable à cette présence, il n’en est pas de même pour le milieu musulman qui accepte surtout les Français soutenant la cause palestinienne. Quant à ses relations professionnelles, l’homme avoue avoir surtout de bons rapports avec l’équipe du journal L’Orient-Le jour partageant les mêmes points de vue idéologiques et politiques. Dans sa vie privée, il souligne que son engagement, lutte politique contre les institutions diffusant une culture française impérialiste, a posé des problèmes notamment du côté familial et universitaire. Il apporte ensuite une précision au sujet de ses relations amicales qui sont, à son avis, conditionnées par son statut social et par le fait qu’il soit Français. Les Libanais d’une classe aisée se sentent sur un pied d’égalité alors que ceux d’origine modeste manifestent une admiration qui le gêne. Il en va de même pour ses relations avec les Libanaises qui elles aussi ont un comportement très ouvert avec les étrangers tant qu’il n’est pas question de mariage. De fait, l’informateur a du mal à trouver sa place dans les moments cruciaux car il se sent rejeté en dépit de son engagement politique pour une culture arabe anti-impérialiste. De plus, professionnellement, il regrette que les Libanais fassent beaucoup de promesses et ne les tiennent pas. Il envisage ainsi un retour en France après son doctorat et a commencé à envoyer des candidatures pour un poste d’assistant.

Cote :

F3478

Inventaire d'archives :

Fonds Jean Métral

Description physique :

Information matérielles :
1 bde
Importance matérielle :
Durée : 1 h 51 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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