Le plan de classement adopté pour ce fonds compte six parties. La première comporte un document administratif et la deuxième, une chanson composée sur le front au moment de Noël 1914, par deux militaires, l’un du 170e régiment d’infanterie et l’autre du 5e régiment d’artillerie de campagne. La troisième présente les notes prises par Marc Perrier durant la première année du conflit (1914). La quatrième se compose de la correspondance familiale reçue par Alix Perrier et la cinquième, de l’ensemble de celle envoyée par Marc à ses parents. La dernière rassemble les photographies qui ont été prises durant le conflit.

Ce fonds, fort, notamment, de 1054 lettres écrites jour après jour par Marc à ses parents et à sa sœur durant tout le conflit, nous permet d’entrevoir les changements d’état d’esprit des militaires et la vie d’une unité d’artillerie. Marc écrit beaucoup, à ses parents, à son oncle, à des amis et également à ses camarades militaires. Ainsi, il peut donner de leurs nouvelles à sa famille. Même s’il fait attention à la censure, à partir de 1916, il indique à ses parents les différents lieux d’affectation de son unité, soit grâce à un procédé d’encre sympathique, soit en signant du nom de la commune où il se trouve ou encore en disséminant les lettres tout autour de son courrier. Sa correspondance est très patriotique et très positive, il ne fait que peu état de son découragement même si les conditions de vie dans son unité sont difficiles et notamment les relations avec certains officiers.
Il s’inquiète de l’état de santé de sa famille, des récoltes, du bruit des canons qu’ils entendent ou des zeppelins qu’ils voient. Il commente également la vie de son village d’origine, un cas de fille-mère, les naissances, les décès, l’arrivée de troupes en repos, la facilité des femmes à dialoguer avec les militaires, la vie que cela apporte dans le village déserté de ses hommes. Il s’interroge sur les réactions des habitants lorsque des troupes coloniales d’Afrique noire stationnent à Pusy-et-Épenoux. Il demande régulièrement des nouvelles des autres soldats et s’informe aux sujet des blessés, des prisonniers. Il décrit sa vie de militaire, la qualité de la nourriture, le paysage qu’il voit, les amitiés qui s’établissent ou pas avec la population, les destructions de villages, la vie des civils aux abords des zones de combats. Il raconte les offensives à demi-mots, fait état des pertes, françaises comme allemandes ou du nombre de prisonniers. Au détour de quelques lettres, il évoque les quelques moments où il a vu la mort de près, les entraînements de résistance aux gaz, de lancé de grenades.
Son unité sera sur plusieurs théâtres d’opération :
- Août 1914 : Alsace,
- Septembre 1914-juin 1916 : Bataille de la Marne puis secteur de Vic-sur-Aisne (Aisne),
- Juin-octobre 1916 : Bataille de la Somme, secteur de Lihons (Somme),
- Octobre 1916-février 1917 : secteur de Lassigny (Oise),
- Février-juillet 1917 : recul des allemands sur la ligne Hindenburg,
- Juillet-octobre 1917 : Bataille du chemin des Dames,
- Octobre 1917-avril 1918 : secteur du bord de l’Ailette (Aisne),
- Avril-mai 1918 : Bataille du Mont Kemmel (Flandre-Occidentale, Belgique) (Marc, étant en permission, n’a pas participé aux combats les plus violents),
- Juin-juillet 1918 : Bataille de Compiègne (Oise),
- Août-novembre 1918 : offensive de Matz, prise de Lassigny, traversée du plateau du Chemin des Dames, avancée ver Rocroi (Ardennes).

Après l’Armistice, il commente son travail de nettoyage des zones de guerre, s’imagine un avenir qu’il ne souhaite pas consacré à l’armée.