En 2007 Madame Dominique Darbois confia à l'Institut d'Études Indiennes du Collège de France, pour numérisation et mise à disposition des chercheurs, les négatifs des photographies qu'elle avait prises en Afghanistan en 1965 et 1966. Il y avait deux séries de vues. La première consiste en photographies des objets alors exposés dans les vitrines du Musée de Caboul, la seconde en vues de l'Afghanistan commandées pour l'Atlas Linguistique de l'Afghanistan alors en préparation sous la direction de Georges Redard. Nous présentons ici les clichés des objets du Musée de Caboul. La plupart de ces objets ont été soit volés lors de la prise de Caboul par les mujahedins en 1992, soit détruits par les talibans en 2001. Seules en subsistent les photographies. Les meilleures d'entre elles sont incontestablement celles de D. Darbois, déjà partiellement publiées dans L'Afghanistan et son art (texte de J. Auboyer, Paris 1968, compte rendu de G. Fussman, Journal Asiatique 1969, 387-389) et pour certaines republiées en 2002 dans un très bel album dont le texte est dû à F. Tissot (Kaboul, le passé confisqué. Le musée de Kaboul 1931-1965, Editions Findakly).

D. Darbois pourtant dut travailler dans des conditions difficiles : interdiction le plus souvent de sortir les objets de leur vitrine et de les manipuler ; éclairages naturels insuffisants ; pas de projecteurs car pas d'électricité. La qualité technique et artistique de ses photos suscite pourtant l'admiration. Ce sont pour l'essentiel des vues d'objets provenant des fouilles françaises antérieures à 1940. En effet en 1965 Daniel Schlumberger, dont le mandat de Directeur de la Délégation Archéologique Française en Afghanistan s'acheva cette année-là, n'avait pas encore remis au Musée de Caboul les trouvailles faites par la DAFA de 1945 à 1965. Il était gêné par l'article 7 de la convention du 9 septembre 1922, auquel le Ministère Français des Affaires Étrangères et le Musée Guimet tenaient beaucoup, qui donnait au gouvernement français la moitié des découvertes, sauf s'il s'agissait d'objets précieux ou uniques (F. Olivier-Utard, Politique et Archéologie, Histoire de la Délégation Archéologique Française en Afghanistan 1922-1982, 2e édition, Paris 2003, p. 38). Il jugeait que les temps avaient changé et qu'en outre la notion d'objet unique imposait de tout remettre au Gouvernement Afghan, ce qu'il fit de sa propre initiative avant de quitter l'Afghanistan. En reconnaissance, celui-ci fit don à la France de certaines trouvailles aujourd'hui exposées au Musée Guimet.

Les prédécesseurs de D. Schlumberger n'avaient pas eu les mêmes réserves, ce qui fait qu'une partie des objets ici reproduits, même lorsqu'il s'agit d'unica, ont leur contrepartie au Musée Guimet. On comprendra facilement que le Collège de France ne pouvait pas envisager de compléter les clichés réalisés à Caboul par D. Darbois par les vues des objets propriété du Musée Guimet. La science et la cohérence y perdent, mais le fonds Darbois garde toute sa valeur pour les objets du Musée de Caboul, presque tous disparus, et sera un outil précieux pour les archéologues et historiens d'art.

On comprendra aussi que le format adopté pour Salamandre ne permette pas d'accompagner chaque vue d'objet d'une bibliographie complète. Nous nous sommes donc contentés de donner de chacune d'eux une description brève, mais aussi exacte que possible (ce n'est pas toujours celle des publications les plus courantes), et de renvoyer à la première publication scientifique originale. Le spécialiste n'aura aucun mal à trouver les références postérieures.

Le travail de numérisation et d'enregistrement sur Portfolio a été effectué au Collège de France et à ses frais de 2007 à 2010 par Mme Anne-Marie Cordero sous la direction de M. Éric Ollivier. Le transfert sur Salamandre (nouvelles descriptions, références) a été fait en 2013 par M. Zafar Païman et M. Éric Ollivier.