Document d'archives : 25 mai-6 août (48 lettres) : au front, dans la Marne.

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La compagnie, toujours au même endroit (25 mai), prend ses quartiers à Mailly-Champagne (Marne) (13, 30 juin). Certaines périodes sont relativement calmes : " les boches nous laissent tranquilles. Nous, on en fait autant… c'est bien la vraie guerre d'usure, ceux qui seront à bout les premiers demanderont la paix " (25 mai). Dans une longue lettre, Eugène raconte à sa femme 24 heures de la vie d'une escouade en 1ère ligne : gardes, sommeil, prières, repas, jeux (manille) se succèdent : " sois sûre que je ne t'ai rien caché, des canonnades il y en a de temps en temps, des fusillades aussi mais ce n'est rien " (26 ?mai). Devant retourner en première ligne, il écrit même : " cela ne me fait pas grand-chose car ici on n'est pas malheureux, tandis qu'au repos, on est toujours corvée sur corvée, et beaucoup plus ennuyés rapport aux revues " (30 mai, 2 lettres). Depuis le 22 avril il n'y a eu dans sa compagnie que trois blessés (2 juin) " nous sommes toujours en première ligne bien tranquilles,… nous n'avons jamais d'attaque " (24 juin). Lors des périodes plus mouvementées, il indique : " ces jours-ci je crois que les Boches nous en veulent car ils canardent dur nos tranchées " (3 ? juin), " je ne voudrais pas avoir été obligé de compter les obus tombés près de nous… il n'y avait pas plus à des endroits de 60 à 65 mètres d'eux (= les Allemands) " (13 juill.). A cette période est blessé le lieutenant Fourrier, de Saint-Laurent (-sur-Sèvre ?) (13 juill.). Même alors, Eugène relativise : " je me trouve encore heureux d'être dans le secteur où nous sommes…. Jusque-là on soutient notre terrain, mais il n'est pas question d'attaquer pour en gagner d'autres " (15 juill.). Son beau-frère Alphonse pense que la guerre sera finie fin juillet, car il y a sur le front " une jeune fille, nouvelle Jeanne d'Arc… qui sauvera la France " (24 juin). Lui-même voit la guerre terminée avant l'hiver (21, 27 juill.). S'il jouit d'une très bonne santé (19 juill.), il s'inquiète pour sa belle-mère malade (21 juill.).

Archives départementales de la Vendée

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