Document d'archives : Opération du Linge (Haut-Rhin), 13 juin-28 août 1915 (20 lettres, 4 cartes postales).

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De retour dans les tranchées, Eugène note : " Nous sommes… encore assez loin des boches… ils n'ont pas l'air de bouger beaucoup maintenant, pourtant par ici on est en train de préparer une attaque et il va leur dégringoler quelques centaines d'obus sur le coin de la figure " (13 juin). Il indique qu'il est alors à " Mürhwenwald " [Mührwenwald ? ] (non localisé, 14 juin). Le 15 juin l'offensive est lancée : " on a progressé du côté de Münster [Haut-Rhin]. Nous avons pris la cote 850, fait 1300 prisonniers et 15 officiers et une vingtaine de mitrailleuses… Je n'avais jamais vu pareille canonnade, tout était en feu avec les villages qui brûlaient " (16 juin). Dans sa lettre du 21 juin, il note qu'ils sont désormais " à gauche du col de Weisttent ", puis dans celle du 25, dans un " petit patelin " près de Metzeral (Haut-Rhin). Il assiste à un combat aérien. L'avion français sort victorieux, l'allemand s'écrase près de Gérardmer (Vosges). En huit jours deux avions allemands ont été abattus (25 juin). Le 30 juin ils partent au repos après 21 jours de tranchées (29 juin). Etant ensuite en cantonnement d'alerte, Eugène pressent qu'une grande offensive se prépare : " depuis plusieurs jours il passe beaucoup d'artillerie et de munitions " (9 juill.). [il s'agit de la bataille du Linge, qui débute le 20 juillet] : " j'ai vu la mort de très près car j'ai été enterré 3 fois par les obus… J'ai été la dernière fois 2 heures avant d'avoir retrouvé mon bataillon car je ne savais plus où j'étais, j'étais comme fou, les balles et les obus pleuvaient comme grêle, je me relève et je vois [à] chaque côté de moi des morts et des blessés. Nous sommes montés 4 fois à la charge à la baïonnette, 3 fois l'on a été obligés de se replier mais la 4ème l'on est restés sur la crête… sur 1600 hommes que l'on était, plus que 500 de reste, mais naturellement pas tous morts, il y avait beaucoup de blessés heureusement ". Eugène fait parvenir à ses parents par l'intermédiaire d'un de ses camarades qui part en permission [Joseph Rambaud, de Saint-Philbert-de-Bouaine] " une carte d'officier et un chargeur boche, dans le milieu c'est une balle explosive " (2 août). Pendant les 12 jours qu'a duré la bataille, il leur était interdit d'écrire. Eugène est nommé caporal le 3 août (4 août). [Cette offensive, qui vaut au bataillon d'être cité à l'ordre de l'armée, est relatée dans le n° 6, 1er oct. 1915, du journal de tranchées " Le 120 court " (vues X) ].

Archives départementales de la Vendée

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