Document d'archives : De l'IFAPO à l’Institut français du Proche-Orient, le parcours professionnel d'un membre jordanien

Contenu :

Dans cet entretien, Razi Hijazi enregistré par Véronique Ginouvès, raconte son parcours évolutif au sein de l’IFAPO. Il y a débuté comme chauffeur à mi-temps, après avoir fait son service militaire et des études agricoles à Shobak. Il répond aux questions avec précisions, en particulier sur les dates, qu’il donne pour chaque point qu’il évoque. À son arrivée à l’institut, il ne parle pas français mais il est très vite attiré par cette langue et même si pour conduire d’un point à un autre les membres de l’IFAPO il n’est pas nécessaire de parler, il décide de commencer son apprentissage. Il commence faisant l’effort d’écouter avec attention les chercheur·e·s qui l’entourent et en retranscrivant des sons. Il va ainsi écrire sur un carnet les sons français qu’il entend en écriture arabe avec leur signification. Il indique y avoir noté 5000 mots. Mais pour mieux communiquer avec l’équipe, il comprend qu’il est nécessaire de maîtriser la grammaire. Quand il fait part de son projet à François Villeneuve, dont il est proche, celui-ci l’inscrit à des cours. Malgré tout, il préfère étudier par lui-même toujours avec l’accompagnement bienveillant de François Villeneuve. Son premier apprentissage est celui du vocabulaire de l’archéologie puis il continue par celui de l’automobile. Un séjour à Paris en 1997, à l’initiative d’EDF pour travail rendu, lui offre l’opportunité de voyager et de pratiquer le français en France. Une fois qu’il a atteint un niveau correct, il décide de travailler à plein temps à l’institut. Il est fier d’avoir appris le français sans ouvrir un livre et sans avoir les facilités comme d’autres membres jordaniens issus de familles francophones. La question des langues est sans nul doute un sujet qui tient à cœur au témoin, qu'il s'agisse de la langue arabe - qu'il considère ne pas parler assez bien - que du français. Plusieurs fois, il fait allusion au fait que pour s’intégrer dans l’équipe, lea langue française en était la clef. Cet apprentissage contraint ne l’a pas dérangé dans la mesure où il était guidé par des raisons sociales. Sa carrière a toutefois été limitée car bien qu’il entretienne des relations étroites avec certain·e·s chercheur·e·s, comme François Villeneuve ou Jacques Seigne avec qui il va apprendre les bases de l’archéologie sur le chantier, il n’a jamais osé prétendre - en tant que Jordanien – à un poste en lien avec l’archéologie. Il part bientôt à la retraite et il peut confier que son salaire a toujours été faible. Malgré tout, il est fier d’avoir servi les structures françaises de recherche. Il rappelle son lien fort avec l’institut puisque son père, son frère ainé et son cousin y ont également travaillé ; l’institut est une forme de famille. Il conclue l’entretien sur son positionnement concernant l’initiative de Jean-François Salles à réunir les deux structures, CERMOC et IFAPO, pour ne former qu’un seul institut. Selon lui, le projet a été positif pour les intérêts français même s’il a fallu adapter les modalités de travail entre les sciences sociales et l’archéologie. Cela a pu parfois soulever une certaine appréhension. Par exemple, l'archéologue est toujours sur le terrain tandis qu'en sciences humaines et sociales, les chercheur·e·s travaillent dans les bureaux, ce qui peut se traduire par une certaine méfiance mutuelle.
Le témoin est perturbé à plusieurs reprises par les sonneries de son téléphone, auquel il finira par décrocher en répondre en arabe pour demander de patienter.

Cote :

MMSH-PH-7937

Langues :

L'entretien se déroule en langue française mais le témoin emploie facilement des expressions en langue arabe comme khalas et malish. Il est clair qu’il est essentiel pour lui de parler français pendant toute la durée de l’entretien. Son collègue, architecte et archéologue, Thibaud Fournet intervient quelque fois en soutien au fil de la conversation pour favoriser l’intercompréhension.

Description physique :

Importance matérielle :
Durée : 43min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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