Notes sur Gaston Chambon (1898-1969)

par son fils Bernard Chambon

En Juin 1896, Gabrielle de Dianous, petite-fille du général Alexandre de Dianous, sans profession, habitant Sérignan-du-Comtat, épouse Armand Chambon, propriétaire négociant en vin, habitant Tavel. Le mariage ne fait pas l'unanimité dans les deux familles. En 1897, nait Marie-Antoinette qui meurt un mois plus tard. Le 18 Juillet 1898 nait un garçon, Gaston, mais son père Armand meurt brutalement en décembre 1901, alors qu'un deuxième fils va naitre deux mois après ce décès, fils qui prendra le prénom Armand de son père. Gabrielle et ses deux enfants quitteront Tavel pour se réfugier à Sérignan. La situation financière de cette petite famille va alors être très difficile, la seule source de revenus provenant de petites propriétés terriennes et maisons obtenues par héritage et que Gabrielle va louer ou vendre. C'est dans ce contexte précaire que Gaston et Armand seront mis au Petit Séminaire d'Avignon jusqu'en 1914. À cette époque, Gaston essayera de rentrer à l'Armée pour en faire sa situation tandis que Armand sera envoyé au Patronage Don Bosco à Nice pour suivre des études de typographe.

A la mobilisation, en 1914, Gaston Chambon veut s'engager alors qu'il n'a que 16 ans. Ses lettres essuient des refus en raison de son âge, jusqu'en septembre 1915. Le 8 octobre 1915 il est engagé volontaire au 54e régiment de chasseur, et le 8 novembre, il passe au 55e régiment d'infanterie. Soldat de 1re classe le 1er février 1916, il monte au front le 25 mars, combat dans la Somme, est blessé le 2 avril 1916. Passé au 149e régiment d'infanterie le 22 mars 1916, il participe aux combats d'Alsace, puis à ceux de Verdun à partir d'avril 1917 ; il est à nouveau blessé le 23 octobre 1917 au Chemin des Dames ; il effectue des séjours dans plusieurs hôpitaux militaires d'octobre 1917 à juillet 1918 ; à la fin de la guerre, il est déclaré réformé pour sa blessure à la jambe.

La fin de la guerre arrivera sans que Gaston n'ait eu quelque promotion dans l'Armée, ce dont il sera particulièrement déçu et qui l'obligera à modifier ses projets de carrière. Il essayera de se lancer dans l'exploitation d'une propriété qu'il achètera entre Pujaut et Villeneuve-lès-Avignon. En novembre1920, il épouse Fabienne Chautard, fille d'un avocat, qu'il a rencontrée lors des conférences de l'Action française qu'il donne dans la région. Après la naissance de trois enfants, ils partiront près de Bordeaux où Gaston a obtenu un poste aux Chemins de fer. Après la naissance d'un quatrième enfant, ils s'établiront, jusqu'en 1954, à Epierre (Savoie) où Gaston travaillera à l'usine Coignet. A cette date, la famille s'installera à Saint-Étienne (Loire) : Gaston montera alors, avec son gendre, une entreprise de peintures industrielles qu'il dirigera jusqu'à sa mort en 1969.

Gaston a eu 6 enfants : 3 garçons et 3 filles. À la date de 2018, les trois filles (96, 94 et 90 ans sont encore vivantes ainsi que le dernier de la fratrie (79 ans) qui s'est occupé de la correspondance de guerre de Gaston .

Cette correspondance a donné lieu en 1996 à un mémoire rédigé par Patricia Chambon (une de ses petites-filles) dans le cadre du séminaire « Histoire, Mémoire et Violence » à l'Institut d'études politiques de Lyon, intitulé : "La guerre au jour le Jour, correspondance du soldat G. Chambon".

Toute cette correspondance, après avoir été dactylographiée et augmentée de cartes, photos et commentaires, a donné lieu à l'édition d'un recueil de 700 pages tirés à 20 exemplaires pour un cadre strictement familial.