Document d'archives : Témoignage d'un arrière-petit-fils d'immigrés arméniens sur la part arménienne de son identité

Contenu :

A l'aide de papiers de famille conservés, l'informateur raconte l'histoire de ses aïeux. Une histoire connue car souvent racontée par ses grands-parents qui l'ont élevé. Il parle ainsi du parcours de ses arrière-grands-parents, paysans vivant en Turquie, victimes du génocide, déportés à Beyrouth, puis exilés à Marseille en 1922. Il décrit davantage le parcours de son arrière-grand-père : logé au camp Oddo, puis dans le quartier Saint-Antoine de Marseille (encore non urbanisé), où en tant que maçon il a construit certaines maisons des membres de sa famille et de la communauté. De même, l'informateur relève sa participation à l'édification de l'église arménienne de Saint-Antoine. Le grand-père quant à lui était tailleur d'habit, avait un commerce, et participait beaucoup à l'organisation de la paroisse. Il décline enfin très rapidement le parcours de son père bottier et de sa mère couturière. Il raconte ensuite divers souvenirs d'enfance liés aux animations associatives de ce quartier (pièces de théâtre en arménien, musique, chant, football), à la sociabilité au sein de la communauté et lors des réunions familiales hebdomadaires. Le retour malheureux en Arménie de 1947, vécu par certains proches, l'amène à évoquer les tensions politiques, notamment par rapport aux communistes, pendant et après la seconde guerre mondiale. Il fait part également de ses interrogations sur ce passé historique qu'il n'a pas approfondi, en expliquant qu'il comprend mal la soumission des Arméniens. Il décrit son parcours professionnel, et précise que ses amis, par nécessité de reconnaissance et de bonne intégration, ont souvent réussi socialement. Même s'il continue à être en relation avec certains, il explique également les raisons pour lesquelles il ne cherche pas l'intégration volontaire à une communauté. L'informateur est cependant abonné à des périodiques arméniens et participe chaque année à la commémoration du génocide. Il exprime son souhait de voir ce pays se développer en lui apportant une aide financière, et de faire plusieurs voyages pour mieux le connaître. Transmettre cette culture est très important pour lui : il a fait un mariage arménien, il raconte l'histoire familiale à ses enfants en espérant provoquer chez eux une prise de conscience de l'histoire douloureuse qui les a précédé, et une fierté par rapport à leurs origines. Il regrette cependant de ne pouvoir leur transmettre la langue qui se perd. L'informateur relève pourtant que le contexte social actuel (une culture francisée, une société de consommation et de confort) entraîne chez eux une difficulté à comprendre réellement cette histoire. En terme de valeurs arméniennes transmises, il cite le respect des anciens, l'esprit de famille, l'amour du travail bien fait, et la force mentale (" des gens qui ne baissent jamais les bras "). L'attachement à cette identité, et ce qui la fonde, passe par le goût de la cuisine traditionnelle (manti, dolma, beurek, il donne les recettes du chiche-kebab, des différents types de kefté et du concombre au yaourt), mais également par la religion catholique. En apportant ce témoignage, il souhaite ainsi souligner l'importance de la foi chrétienne, contribuer à ne pas oublier ses racines et la souffrance vécue, mais aussi à montrer la réussite et l'intégration sociale.

Cote :

MMSH-PH-2152

Inventaire d'archives :

Fonds Paroles Vives

Conditions d'accès :

Droits cédés par contrat entre les informateurs, Paroles Vives, MMSH et AD13.

Conditions d'utilisation :

Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Description physique :

Information matérielles :
1 MD
Importance matérielle :
1h 19min

Ressources complémentaires :

Archives départementales des Bouches-du-Rhône

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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