L’entretien est un échange entre deux chercheurs ethnologues portant sur le rôle de l’ethnologue Christian Bromberger au Musée de Salagon. L’entretien commence par une question sur les débuts de la collaboration entre le chercheur et Alpes de lumière, que Christian Bromberger date autour des années 1978-1979. Il explique que chacun de leur côté les universitaires et les associations avaient des réticences à se tourner l’un vers l’autre. Il a d’abord été en contact avec Claude Martel avant la mise en place du musée de Salagon en 1981. Il explique la possibilité de ce rapprochement par les changements sociaux qui ont eu lieu dans les années 1960-1970. Les associations se sont tournée vers le patrimoine ethnologique et ont cherché un appui scientifique. Personnellement, c’est la période durant laquelle il s’intéressait au patrimoine provençal. L’enquêteur demande ensuite ce qu’un scientifique peut attendre d’un musée comme Salagon. L’ethnologue répond alors que la conservation d’objet n’est pas prise en charge par l’université mais les musées. Il attend aussi une orientation différente des musées “reliquaires” locaux d’histoire régionale qu’il considère passéiste, il espère ainsi que le musée s’ouvrira à des problématiques contemporaines. Il ajoute qu’en Haute-Provence, il manquait d’institution de conservation et que cela permet aux étudiants de trouver des ressources. Selon l’informateur, la complexité bureaucratique et la peur des faire des faux pas scientifiques fait que ce genre de collaboration et d’insertion de la science dans le social n’avait pas beaucoup de succès au sein du milieu académique pendant longtemps. Christian Bromberger aborde ensuite son rôle au sein du musée de Salagon. Conseiller scientifique, il donne son avis sur les expositions et les projets. Il identifie une faiblesse, la place de la recherche qui n’est pas encore prioritaire. Pour lui, il y a une difficulté au niveau de la concordance entre le rythme de la recherche et le rythme des expositions, il souhaiterait que la recherche à Salagon s’autonomise. Il remarque que l’attrait des universitaires pour le conseil scientifique est nouveau et s’en étonne. L’enquêteur demande ensuite comment sont définit les axes des expositions, le chercheur explique qu’il est consulté après la mise en place du programme, leur avis est parfois pris en compte et précise que le suivi n’est pas toujours effectif. En prenant l’exemple d’expositions sur les images pieuses et une autre sur les céréales, il donne une idée des conseils qu’il peut apporter, comme les propos à éviter pour assurer une certaine scientificité. Ensuite, l’enquêteur pose la question de l’objectif finale du musée, l’ethnologue se dit pessimiste et ne pense pas que les natifs seront très porté vers le contenu qui attirera plutôt les néo-ruraux. Il voit en priorité l’aspect conservatoire, l’accumulation de connaissances et d’archives pour la recherche. Il envisage aussi le recrutement d’ethnologues et la création d’animations et de sociabilité dans la zone et pense que c’est un lieu qui permet aux personnes de mieux connaître leur espace de vie. L’ethnologue fait cependant remarquer qu’il y a un risque de folklorisation du musée par soucis de sauver des aspects de la vie d’autrefois. L’enquêteur échange ensuite avec le chercheur sur l’emphase sur la ruralité en décalage avec la prééminence de l’urbain en Provence, l’informateur est d’accord mais pense que cela changera avec les travaux sur l’industrie. Pour les perspectives du mouvement Alpes de lumière, Christian Bromberger pense que, comme d’autres mouvements bénévoles, il risque de décliner, et que cela dépendra aussi du soutien de l’Etat.

Christian Bromberger est enregistré par Enquêteur inconnu à Mane (04)