En début d’entretien, l’informatrice (d’une soixantaine d’années au moment de l’entretien) revient sur les origines turques et l’histoire de sa famille. Elle raconte ainsi que son arrière-grand-père était un haut fonctionnaire de l'administration ottomane et que sa famille est restée bien nantie jusqu’à la guerre de 1956, qui a provoqué la dispersion des membres de la famille dans différentes villes. Elle évoque les mariages et divorces successifs de son grand-père et de son père, et précise que les mariages consanguins n’étaient pas vus d’un bon œil dans sa famille, et que les femmes se mariaient très jeunes. L’informatrice, quant à elle, dit s’être mariée tardivement, à l’âge 30 ans, car elle a dû assumer les responsabilités du foyer après la mort de sa mère ; ils étaient huit filles et deux garçons. Elle explique comment se faisaient les mariages dans le passé : les mères choisissaient les épouses pour leurs fils en rencontrant des jeunes filles parmi les invitées aux mariages. Les fiancés ne se voyaient que le jour de la cérémonie de leur mariage. Selon l’informatrice, une telle tradition peut très bien assurer la réussite d’un mariage, les fréquentations pré-conjugales ne permettant pas d’éviter les problèmes conjugaux par la suite. L’informatrice raconte encore que dans sa famille, seuls les garçons ont eu le droit de faire des études, et la plupart sont devenus commerçants ou agriculteurs. Elle souligne toutefois l’ouverture d’esprit de son père, qui a accepté ses choix personnels, notamment dans le choix de son époux.