Le témoin parle lui aussi de l’ambiance familiale de l’hôpital en 1983, où un même nom de famille pouvait être porté par 40 agents ! Arrivant de Marseille, il s’est bien intégré, dans une équipe professionnelle et travailleuse.
Il décrit les grandes facettes de son métier d’ambulancier au garage de l’hôpital : transports sanitaires dans la région mais également au niveau national qui relevaient souvent du médico-légal (avec des protocoles de fouille au corps très lourdes), interventions avec les forces de police ou de gendarmerie, livraison des repas préparés à la cuisine centrale de Montperrin et portés dans les structures extrahospitalières, transport des courriers vers la préfecture et convocations administratives portées au domicile des administrateurs de l'institution, transports pour les laboratoires et la pharmacie.
De 1983 à 2012, l’équipe est passée de 7 à 15 personnes, de 10 véhicules (des 4L) à un parc de 80 véhicules. Cette évolution a complexifié la logistique, les normes se sont multipliées, les contrôles sanitaires et techniques également. Le témoin détaille ces évolutions concrètes qui l’ont intéressées, il est devenu responsable du garage. Parallèlement, il participe en tant que formateur à la mise en place de stages pour les soins de premiers secours ainsi qu’à l'accompagnement en randonnée pour le personnel infirmier. Il s’implique au sein du Centre de Formation Continue pour la Psychiatrie en Provence.
En 1993, il participe activement en tant que rédacteur en chef à la mise en place du journal interne et pluriprofessionnel « Libre cours » qui a permis des ponts entre les services soignants, administratifs et les services techniques dit-il. Candide à ses débuts face aux patients psychiatriques, il dit avoir beaucoup appris des patients « habités d’une intelligence intérieure ». Beaucoup de situations violentes qu’il a rencontré ont pu être apaisées par un regard ou une attitude.
Il conclut en évoquant la disparition de l’ambiance familiale, l’accentuation du rendement à défaut de la qualité, l’épuisement des personnels, les aspects pécuniers dominants, un retour à l’enfermement. Il termine son témoignage en rappelant la symbolique du logo de Montperrin dont le cadre reste ouvert sur le monde extérieur.
Enquête par Louis Martel auprès de Robert Maurin.