Inventaire d'archives : Fonds Marius Nègre, instituteur et syndicaliste (1885-1940)

Contenu :

Le fonds Marius Nègre, instituteur et syndicaliste, couvrant la période 1885-1940, se compose d'archives familiales et personnelles de la famille Nègre, et plus particulièrement d'archives des frères Marius et Florentin Nègre (8 J 1-10), de documents relatifs au mouvement syndical dans l'enseignement primaire (8 J 7-12) et de périodiques concernant principalement l'enseignement primaire (8 J 13-23).
Le fonds, d'envergure nationale, permet l'étude de l'essor initial, au début du XXe siècle, du mouvement syndical des instituteurs et institutrices. Il témoigne également du parcours engagé et militant d'un jeune Héraultais.

Cote :

8 J 1-23

Publication :

Archives départementales de l'Hérault
1980, 2020
Montpellier

Informations sur le producteur :

Nègre, Marius Auguste (1870-1952)
Nègre, Florentin Alfred Célestin (1874-19..)
Marius Auguste Nègre, instituteur, fondateur et premier secrétaire général de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL), puis secrétaire général de la FNSI (Fédération nationale des syndicats d'instituteurs et institutrices), naît le 16 février 1870 à Caux, fils aîné d'Auguste Nègre, menuisier, et d'Euphrasie Combal, son épouse.
En 1885, Marius Nègre entre à l'École normale de Montpellier et y obtient le Brevet supérieur. Après son service militaire, il passe le baccalauréat, qu'il obtient en 1893, et est admissible au professorat des Écoles normales. Professeur délégué au collège de Mende (Lozère), puis à l'École normale de Quimper (Finistère), Marius Nègre est ensuite instituteur à Paris afin d'aider son jeune frère, Florentin Nègre (né le 5 décembre 1874 à Caux), qui poursuit ses études à l'École supérieure d'électricité de Paris, après la mort de leur père.
Alors que les mouvements syndicaux sont en plein essor, Marius Nègre crée le Comité de l'enseignement laïque et républicain, dont l'organe bimensuel est L'Action scolaire, qui cherche à amener les amicales d'instituteurs à des actions plus énergiques. Après le congrès des amicales à Marseille en 1903, il fonde en décembre, avec l'écrivain et instituteur Albert Surier, l'association "L'émancipation de l'instituteur".
À la fin de l'année 1904, une assemblée générale des agents des Postes avec des associations professionnelles se réunit pour examiner un projet de loi permettant de réformer la loi de 1853 sur les retraites. Marius Nègre exprime en juillet 1905 sa volonté syndicale : "Écarter systématiquement de son action toute question ayant un caractère spéculatif ou pédagogique [...] C'est ce sens positif, pratique, [...] qui distingue précisément l'Émancipation des amicales ; c'est là ce qui donne à notre groupement le caractère nettement syndical".
Le 2 mars 1905, il fait adopter la transformation des sections départementales de "L'Émancipation" en une fédération de syndicats, solidaire du mouvement ouvrier, dont il rédige les statuts. Aussi oriente-t-il son groupement vers l'adhésion à la Bourse du Travail de Paris. Le 13 juillet 1905, "L'Émancipation" se transforme effectivement en Fédération nationale des syndicats d'instituteurs et d'institutrices publics de France et des colonies. Le syndicat de la Seine est immédiatement poursuivi, d'ailleurs sans effet, et Marius Nègre est nommé secrétaire général de la fédération en décembre 1905 (il le demeure jusqu'en mars 1910).
En novembre 1905, en réaction à la répression dont sont victimes les agents de l'administration des Postes, se constitue un Comité central de défense du droit syndical des salariés de l'État, des départements et des services publics. Marius Nègre en est le secrétaire, en plus d'être celui de la Fédération des syndicats d'instituteurs. Le 26 novembre, il rédige, avec Émile Janvion et cinq postiers, une lettre ouverte à Georges Clémenceau réclamant pour les fonctionnaires le droit de se syndiquer : "Les syndicats sont avant tout des instruments de lutte. Leur but immédiat et urgent est de poursuivre l'amélioration des conditions matérielles du travailleur. L'instituteur est [...] lui aussi un prolétaire et un exploité : comme l'ouvrier il voit se dresser devant lui les mêmes forces d'oppression ; comme lui, il a le même ennemi à combattre".
Le 21 janvier 1906, le comité tient un congrès à la Bourse du travail. Dans les jours qui suivent, il organise des meetings en réclamant le droit syndical pour les fonctionnaires dans plusieurs villes. Le secrétaire de la CGT, Victor Griffuelhes, lui apporte son soutien durant une réunion au Manège Saint-Paul, à Paris. Des réunions sont organisées par la Fédération des syndicats d'instituteurs, auxquelles participent Anatole France, Ferdinand Buisson et Jean Jaurès.
Lorsqu'en 1907, au congrès de Nantes, la Fédération nationale des instituteurs s'affilie à la CGT, alors d'inspiration anarcho-syndicaliste, Marius Nègre fait l'objet d'une procédure disciplinaire, puis est révoqué sur l'intervention de Georges Clemenceau le 27 avril 1907 pour avoir bravé l'interdiction faite aux instituteurs (comme aux autres fonctionnaires) de se syndiquer et pour avoir osé appeler ses collègues à rejoindre la CGT. Marius Nègre se heurte à de nombreuses hostilités et n'est vraiment soutenu que par les groupements des Bouches-du-Rhône, du Maine-et-Loire, du Cher et de la Mayenne. La Fédération soutient toutefois Marius Nègre en lui assurant un traitement permanent de secrétaire jusqu'à sa réintégration en avril 1911 dans le XXe arrondissement de Paris, réintégration obtenue après son retour dans le rang et sa démission du poste de secrétaire général, au Congrès d'Angers en 1910 (où il est attaqué parce qu'il s'est fait élire conseiller municipal socialiste de Boulogne-Billancourt).
En 1912, Marius Nègre signe le manifeste des instituteurs syndicalistes, et, en février-mars 1914, participe à la brève scission allemaniste du Parti ouvrier.
A la retraite, il se retire dans sa commune natale, où il créé, puis dirige la coopérative viticole "Les vignerons de Caux". Lors du 25e anniversaire de la fédération, alors affiliée à la CGTU, il envoie le 5 août 1928 un message au congrès fédéral réuni à La Bellevilloise, à Paris.
Marius Nègre décède le 8 février 1952 à Caux.

Informations sur l'acquisition :

Dépôt Danielle Gauley-Frigaud (entrée n° 1589, 31 juillet 1980).

Description :

Évolutions :
Fonds clos.

Conditions d'accès :

Fonds communicable selon les lois et décrets en vigueur pour les archives publiques.

Conditions d'utilisation :

Se référer au règlement intérieur de la salle de lecture.

Description physique :

Description physique: 1,40 ml

Références bibliographiques :

BARS (LE), Loic. Première Guerre mondiale : le pacifisme des instituteurs syndicalistes. -. Ed. du Croquant, 2015. - 318 p.
BERNARD François, BOUET Louis, DOMMANGET Maurice, SERRET Gilbert. Le Syndicalisme dans l'enseignement : histoire de la Fédération de l'enseignement, des origines à l'unification de 1935. Tome 1 : des origines à la première Guerre mondiale. - Toulouse : Centre régional de documentation pédagogique, 1969. - 264 p. (Documents de l'Institut politique de Grenoble)
BOUET, Louis. Les Pionniers du syndicalisme universitaire. - Avignon : Editions de l'école émancipée, 1951. - 25 p.
CHEVALLIER Pierre, GROSPERRIN Bernard, MAILLET Jean. L'enseignement français de la Révolution à nos jours. - Ed. Mouton, 1968. 244 p.
Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, « Le Maitron » : Marius Nègre [en ligne]. Editions de l'Atelier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 10 décembre 2018 [12/05/2020]. Disponible en ligne : https://maitron.fr/spip.php?article123821
FERRE, Max. Histoire du mouvement syndical révolutionnaire chez les instituteurs : des origines à 1922. - Paris : Société universitaire d'éditions et de librairie, 1955. - p. 104-105
GEAY Bertrand. II. Genèse d'un syndicalisme de corps. - In : Le syndicalisme enseignant. - Paris, La Découverte, 2005. - p. 32-57 (Repères). Disponible en ligne : https://www.cairn.info/le-syndicalisme-enseignant--9782707146977-page-32.htm
MOUGNIOTTE, Alain. Chapitre XI. L'instituteur devient acteur : 1902-1914. - In : Les débuts de l'instruction civique en France. Lyon : Presses universitaires de Lyon, 1991 (généré le 12 mai 2020). Disponible en ligne : https://doi.org/10.4000/books.pul.16080
SIWEK-POUYDESSEAU, Jeanne. La place des enseignants dans le mouvement syndical des fonctionnaires jusqu'en 1948. - . In : La Revue administrative, 44e Année, No. 263 (septembre- octobre 1991). - pp. 404-414. Disponible en ligne : https://www.jstor.org/stable/40782612
 

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Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD034_000000851

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