Inventaire d'archives : Postes, téléphone et télécommunications ; Direction générale des télécommunications ; Direction des services radioélectriques

Titre :

Postes, téléphone et télécommunications ; Direction générale des télécommunications ; Direction des services radioélectriques (1899-1976)

Contenu :

Le fonds de Sainte-Assise a été versé à la Mission des Archives Nationales le 9 juillet 1979.
La période illustrée va de 1899 à 1976. Les documents, cependant, peuvent être séparés en deux masses d'inégale importance.
A. Une première série de documents, qui comprend une soixantaine de cartons, concerne :
1) Les centres radioélectriques métropolitains, 1921-1967.
(25 cartons)
2) Les centres radioélectriques "coloniaux". 1914 -1976.
Le dossier F90bis 1719 est relatif aux compagnies télégraphiques étrangères et à la Compagnie Sudam. (1889-1951). Il complète les renseignements rassemblés dans l'inventaire F90 20622 à 20845, de la cote F90bis 824 à 838.
(35 cartons).
B. La deuxième série de documents, qui regroupe une vingtaine de cartons s'intitule "Documents COMSAT" . Les documents COMSAT permettent de mesurer le progrès des télécommunications par satellites en Occident de 1964 à 1967.
COMSAT : Communication Satellite Corporation.
Sommaire
Art 1-81 : Centres radioélectriques métropolitains (dont compagnie Radio-France), 1921-1967. Centres radioélectriques coloniaux (Afrique, Algérie, Tunisie, Madagascar) et d’Outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Polynésie), 1899-1976. Compagnies télégraphiques étrangères (à signaler compagnie des câbles Sud-Américains-SUDAM), 1899-1951. Communications par satellite, Comsat, Intelsat, 1964-1967
. Le cadre institutionnel
C'est la Compagnie Radio-France, organisme de droit privé, qui exploite (de 1921 à 1953) la station de Sainte-Assise conformèment à la convention du 29 octobre 1920 intervenue entre l'Etat et la Compagnie générale de T.S.F. Cette convention entre l'Etat et la Compagnie générale de T.S.F. a été signée par M. Deschamps, sous-secrétaire d'Etat au ministère des Travaux Publics, chargé des Postes, Télégraphes, Téléphones et M. Girardeau, administrateur de la Compagnie Radio-France. On ne peut parler de premier démenbrement du monopole de la radioélectricité. En effet, si un décret du 5 mars 1907 avait organisé l'exploitation des postes de télégraphie sans fil destinés à l'échange de la correspondance officielle ou privée, c'est le 28 décembre 1926 qu'un décret-loi réglemente les postes émetteurs et récepteurs radioélectriques ; le décret du 1er septembre 1939 rattache l'Administration de la Radiodiffusion Nationale à la présidence du Conseil.
En 1920, la démarche institutionnelle des P.T.T., en matière de T.S.F., est empirique. L'Etat n'a pas concédé un monopole à la Compagnie générale de T.S.F. et celle-ci, en acceptant cette clause de réserve, courait le risque de voir d'autres groupements financiers et techniques jouir de concessions identiques qui auraient morcelé le trafic radiotélégraphique.
L'administration des P.T.T. n'en demeure pas moins l'intermédiaire obligé entre le Public et la Compagnie. Selon l'article 26, à l'expiration de la concession "l'Etat prendra possession de toutes installations qui lui seront remises gratuitement en bon état d'entretien, franches et quitte de tous privilèges, hypothèques et autres droits réels". L'Etat partage avec la Compagnie le surplus des bénéfices d'exploitation après les prélèvements nécessaires pour couvrir les dépenses d'exploitation, l'amortissement des frais d'installation, d'extension ou d'amélioration, et la rémunération du capital non amorti. Les centres de Radio-France sont repris définitivement par l'Etat, en 1953, malgré la procédure engagée par la Compagnie Radio-France devant le conseil de préfecture de la Seine.
Si Sainte-Assise est le premier centre radioélectrique, il existait avant 1940 d'autres stations radioélectriques importantes : Bordeaux-La Fayette, Lyon-La-Doua, Pontoise, Saint-Pierre des Corps. La construction de ces centres s'échelonne entre 1920 et 1935.
D'autre part, les stations coloniales obéissent au droit commun de la métropole. Elles sont soumises aux dispositions du décret du 28 décembre 1926, et au décret du 12 octobre 1934 relatif à l'organisation de l'exploitation des postes de radiodiffusion du réseau d'Etat.
. Le fonds d'archives
Le fonds nous donne des renseignements sur les destructions occasionnées par le deuxième conflit mondial, sur l'équipement, les données propres aux stations coloniales.
. La seconde guerre mondiale
Pendant la guerre, Sainte-Assise, occupé par l'armée du Reich fait démarrer les émetteurs ondes longues pour les liaisons sous-marines. Devant l'avance des troupes alliées le centre est évacué par la Kriegsmarine le 17 août 1944. Les Allemands tentent de saboter Sainte-Assise, mais le travail est mal exécuté par un détachement du génie. Un mois après le départ des troupes occupantes, le centre peut mettre neuf émetteurs ondes courtes à la disposition du bureau central allié. En septembre 1944, les émetteurs F.T.Z., F.T.N., F.S.O., F.T.Y. reprennent leurs émissions.
Les centres de Sainte-Assise et de Villecresnes sont reconstitués entre 1950 et 1954.
Pontoise est reconstitué après la libération ; le centre Lyon-La -Doua sera transféré vers Bourg en Bresse, Saint-André de Corcy en 1958. Saint-Pierre- Des Corps est définitivement liquidé en mars 1946.
Sur les quarante-deux émetteurs de radiodiffusion, quatre seulement sont immédiatement utilisables en 1945.
Les dégâts sont pourtant réparés avec promptitude : ils étaient moins étendus qu'on ne le craignait en 1944.
. L'équipement des stations métropolitaines
Entre 1920 et 1940, la France avait comblé une partie de son retard en matière de radio-diffusion.
Le centre radioélectrique de Paris comprend un centre d'émission situé à Sainte-Assise, un centre de réception sis à Villecresnes, un bureau central radioélectrique installé rue Montmartre.
Les transmissions de Sainte-Assise se faisaient à partir de trois bâtiments : la station Continentale, la station Transcontinentale, la station Ondes Courtes.
La Continentale est équipée de deux émissions ondes longues à alternateurs H.F. de 250 à 500 Kws, de 16 pylones de 250 mètres pour les antennes, d'un pylone de 250 mètres pour la montée d'antennes, de deux antennes supportées par 16 pylones de 250 mètres.
C'est l'entreprise Chaussivert qui avait été chargée de la construction des stations "Continentale" et "Transcontinentale".
La station Ondes Longues a trois pylones à bras de 39mètres, deux pylones de 80 mètres. Le centre de transmission Fonctionnait sans interruption vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
En 1939, seules, les Ondes Courtes étaient utilisées ; Sainte-Assise assurait les liaisons avec Buenos-Aires, Rio-de-Janeiros, Saïgon, Le Caire, les paquebots Sud-Atlantiques.
Bordeaux-Lafayette est muni de deux arcs de 450 Kw, d'un alternateur de 500Kw et de deux postes à lampes de 5 Kw, qui peut atteindre l'Extrême-Orient.
Lyon-La-Doua est équipé de deux arcs de 125 Kw, d'un alternateur de 250 et de deux postes à lampe de 15 Kw.
Saint-Pierre-des Corps appartient au ministère de la guerre ; il assurait avant 1940 le service avec la Hongrie, la Lithuanie, la Suède.
Si les dossiers sur Radio-France ne présentent qu'un intérêt limité, les documents étant incomplets (F90bis 1655 à 1658) ; les dossiers relatifs aux stations métropolitaines (F90bis 1658 à 1685) permettent de faire le point sur l'état de l'équipement avant et après la deuxième guerre mondiale.
. Les stations coloniales
Certaines des stations métropolitaines avaient des liaisons avec les colonies : Bordeaux-Lafayette, par exemple, assurait le service avec Tananarive, Brazzaville, Bamako, Saïgon, Dakar, Shangaï.
Le fonds de Sainte-Assise ne nous apporte aucun éclaircissement sur les stations indochinoises, mais illustre les centres de Bamako(F90bis 1690 à 1693), Brazaville (F90bis 1694 à 1695), Djibouti (F90bis 1696), Guadeloupe (F90bis 1697), Guyane (F90bis 1698), Maghreb (F90bis 1699 à 1704), Martinique (F90bis 1705), Nouméa (F90bis 1706), Papeete (F90bis 1707), Sénégal (F90bis 1709 à 1715), Tananarive (F90bis 1716 à 1718).
Une étude historique, à partir des dossiers, est possible. l'accent sera mis sur les problèmes de l'outillage, qui est très insuffisant, sur les relations difficiles entre le personnel métropolitain et le personnel autochtone.
Le fonds de "Sainte-Assise", en matière de "radios-coloniales" présente un grand intérêt : il est presque complet.
. Les documents COMSAT
Les télécommunications par satellite représentent la grande innovation technique de la fin des années cinquante et du début des années soixante.
Le 4 octobre 1957, le premier satellite artificiel est lancé par l'U.R.S.S.
Les E.U.A. entrent en compétition avec l'effort soviétique.
La NASA (National Aéronautics and Space Administration) réalise le réseau Minitrack (1957-1958) et le réseau Mercury.
ECHO I (lancé le 12 août 1960 par la NASA) a été le premier satellite de télécommunications passif placé sur orbite.
TELSTAR I (10 juillet 1962) est le premier satellite de télécommunications actif, réalisé et financé par la société privée Bell Telephone System.
RELAY (13 décembre 1962) obéit aux mêmes principes de base que TELSTAR.
Avec SYCOM I (14 février 1963) la NASA lance le premier satellite synchrone.
Le congrès américain avait voté en 1962 une loi appelée Communications Satellites Act, qui prévoyait la création à Washington d'une "Communication Satellite Corporation", organisme responsable de la réalisation de ces satellites sur le plan commercial.
L'U.I.T. s'intéresse à la question spatiale dès 1959, année où la neuvième Assemblée plénière du C.C.I.R. crée une nouvelle commission d'études, chargée des radiocommunications spatiales. A la fin de 1959, la conférence administrative des radio-communications, par sa résolution n°7 invite le C.C.I.R. à réfléchir sur des questions ayant trait aux émissions radioélectriques, en provenance des satellites artificiels et d'autres engins spatiaux.
De son côté, la conférence des plénipotentiaires, par sa résolution n°34, charge le secrétaire général de faire connaître aux Nations-Unies et aux organisations internationales intéressées les décisions de la conférence administrative des radiocommunications ainsi que les études entreprises par les Comités consultatifs internationaux. La conférence de plénipotentiaires accepte la recommandation de la conférence des radios-communications tendant à ce qu'une conférence administrative extraordinaire soit convoquée pour 1963.
La conférence administrative extraordinaire des radios-communications spatiales se tient alors à Genève pendant cinq semaines et est couronnée de succés. Les actes finals de la conférence furent signés le 8 novembre 1963.
Dans une recommandation adressée au C.C.I.R., la conférence considérant que "l'utilisation de satellites pour faire des émissions de radiodiffusion sonore et de télévision destinées à être reçues directement par le public en général pourrait être possible dans l'avenir" invite le C.C.I.R. à faire diligence dans ses recherches sur la réalisation des émissions de radiodiffusion à partir de satellites.
A ce stade de la réflexion et du progrès, un nouveau pas dans la coopération entre états occidentaux est franchi : INTELSAT est fondé.
L'INTELSAT est une association de 53 nations, formée dans le but d'établir un système mondial de télécommunications commerciales par satellites.
Le consortium a été établi par deux accords en date du 24 juillet 1964, ouverts à la signature le 20 août 1964. Le 1er septembre 1966, les 53 états avaient tous ratifié les accords.
Le secteur spatial est la propriété d'INTELSAT alors que chaque participant est chargé des stations terriennes dans son pays.
INTELSAT I correspond à l'opération "Early Bird" lancée le 6 avril 1965.
INTELSAT II regroupe les satellites lancés fin 1966 et début 1967, principalement pour assurer les télécommunications à l'appui du programme APOLLO.
Avec INTELSAT III, on travaille sur les satellites du système mondial qui devraient être lancés au cours de l'année 1968.
INTELSAT III assure une couverture mondiale très étendue. Chacun des satellites aura une capacité d'au moins 1200 circuits de téléphonie (contre 240 pour "Early Bird")
La COMSAT est une association dont les membres sont représentés sur la base de quotes-parts d'investissements. Elle tient une dizaine de réunions par an. Des réunions extraordinaires se sont tenues en 1965 (dixième réunion les 10 et 11 août 1965 à Washington ; la douzième réunion les 27 et 28 septembre 1965 à Washington), en 1966 (dixneuvième réunion le 16 juin 1966 à Washington ; vingt-deuxième réunion du 15 au 17 novembre 1966 à Washington)
Un rapport sur l'organisation et les activités de l'INTELSAT est adressé à l'O.N.U. en 1966.
Bien qu'un esprit de collaboration préside aux destinées d'INTELSAT, l'examen des documents COMSAT montre que des rapports de force se sont inévitablement institués. Les E.U.A., première puissance spatiale, dominent leurs partenaires. C'est la NASA qui procède à la réalisation et au lancement des satellites.
Même si des fournisseurs européens ou japonais fabriquent des éléments pour les satellites INTELSAT III, ce sont les Américains qui, dans la réalité fixent des objectifs, qu'ils sont au demeurant les seuls à pouvoir atteindre.
Plusieurs membres de COMSAT sont d'avis que les équipements de télémesure et de contrôle qui sont la propriété de l'INTELSAT devraient être dispersés autant que possible parmi les signataires. Certains représentants, notamment les représentants français, prônent un financement plus équilibré des opérations.
On retrouve trace (cf. F90bis 1734, F90bis 1731) des premières conférences spatiales européennes. Les documents COMSAT sont complets : ils présentent un grand intérêt tant pour l'historien que pour l'administration.
La juxtaposition, dans le fonds de Sainte-Assise, des documents COMSAT et des documents relatifs aux centres radioélectriques permet de mesurer la rapidité de l'évolution dans le domaine des télécommunications : le fonds est éminemment instructif à cet égard.

Cote :

19790823/1-19790823/81

Publication :

Archives nationales
1979

Informations sur le producteur :

Direction des services radioélectriques

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_011902

Archives nationales

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