Inventaire d'archives : Fonds de la sucrerie-rhumerie du Galion (la Martinique)

Contenu :

Le fonds débute vers 1870, est plus abondant à partir de 1900, et ne dépasse pas l'année 1982, à l'exception des grands livres de clôture qui atteignent l'année 1985.L'intérêt du fonds est très grand pour l'histoire locale, notamment celle de la commune de La Trinité où l'essentiel de l'exploitation était rassemblé, histoire agricole et sociale ; mais aussi pour l'histoire générale de l'industrie sucrière et rhumière, l'entreprise étant une des plus grandes de l'île en ce domaine. L'usine de sucre et de rhum créée en 1862 a bénéficié des meilleures technologies jusqu'aux années 1930 au moins.L'intérêt du fonds est particulièrement grand pour la période 1870-1939, en raison de plusieurs séries de documents homogènes et très précis : la correspondance, les plans industriels, les finances et les cultures. A une époque où le téléphone n'était guère pratiqué, la correspondance arrivée et départ de 1857 à 1958 permet de saisir l'intégralité du fonctionnement de la maison, et des ventes et exportations. La série des plans techniques de l'usine jusqu'en 1940 environ montre toutes les innovations dont elle a pu bénéficier, et une collaboration très longue avec l'entreprise Cail, spécialiste des machines nécessaires à une usine sucrière. Pour les finances, le fonds permet de calculer ce qu'a rapporté la succession Bougenot après 1883, et la série des bilans annuels, des balances et des comptes de fin d'année présente les résultats de l'exploitation sur la longue durée de 1904 à 1970. Les documents sur les dividendes, les livres des ventes et la comptabilité précise de 1878 à 1945 des habitations complètent cette vision. Les cultures de canne à sucre sont documentées de 1878 à 1945 par des registres très précis, indiquant pour chaque pièce de chaque habitation sa contenance, la date, les travaux réalisés (labour, plantation, irrigation, fumure, sarclage, coupe, charroi...) et le prix payé ; également par des inventaires d'animaux de 1887 à 1952, et par des bilans annuels de récolte. Les techniques de fabrication du sucre et de vente du rhum sont détaillées de 1867 à 1968 (et les ouvrages imprimés présents dans le fonds permettent de les comprendre, notamment le tome 2 de l'ouvrage de Beaudet, Pellat et Seillard, Paris, Fritsch, 1894). Le dossier sur les expositions internationales présente la production de 1907 à 1931. Les dossiers rassemblant tous les titres de propriété et les plans de chaque habitation, établis vers 1930 et contenant des pièces remontant à 1778, montrent comment l'exploitation a pu se constituer.Plus ponctuellement, les voyages sur place des dirigeants parisiens entre 1912 et 1937, puis en 1949, le dossier de Louis Bougenot dilapidant sa fortune vers 1920, le procès en Conseil d'Etat dans les années 1920 relatif à l'étang des Salines présentent de l'intérêt. Des listes des meubles de la maison de maître (1896), d'outillages (1923), de troupeaux (1892-1898) sont intéressantes. Une collection exceptionnelle, rassemblée par les dirigeants, de rapports annuels des autres sociétés sucrières de la Martinique s'étend de 1867 à 1968.Le fonds contient peu de dossiers sur la période 1939-1945, mais redevient riche à partir de 1945, les problèmes de concentration de la production commençant déjà se poser à cette époque. L'entreprise était prospère jusqu'en 1960, à partir de cette date, les problèmes de rentabilité apparaissent et deviennent incontournables. Ce sont pour cette époque les dossiers de direction qui sont très fournis. En revanche certaines grandes séries que l'on trouvait avant 1939 (plans techniques, registres de cultures) disparaissent, mais la correspondance et les finances sont toujours présentes. Les relations avec le syndicat des producteurs de sucre et de rhum s'intensifient.A l'époque de la partition en deux sociétés, il faut noter tout particulièrement les dossiers complets de la fusion en 1962 avec l'usine de Bassignac, et des négociations difficiles à l'époque de la concentration sucrière vers 1968, négociations suivies de près par le gouvernement, et aboutissant à la fusion avec l'usine Sainte-Marie. Les fonds des deux sociétés ont été séparés (rubriques 3 et 4), mais dans les premières années après la partition, les registres et dossiers sont encore souvent communs, les personnes qui les géraient étant les mêmes. Il conviendra par conséquent de consulter les deux fonds. Dans le fonds de la société anonyme Usines réunies du Galion et de Bassignac, la politique suivie, les voyages de dirigeants, les conseils d'administration sont fondamentaux, ainsi que la correspondance. Dans le fonds de la société à vocation agricole, ce sont les dossiers sur la direction, les récoltes de canne à sucre, les salaires qui s'imposent par leur intérêt, mais on notera aussi la présence de trois séries financières homogènes : bilans et comptes d'exploitation (1958-1974), clôtures (1961-1969) et prévisions de trésorerie (1969-1982), séries qui permettent de mesurer la situation financière de l'exploitation agricole dans cette période difficile.

Cote :

118 AQ 1-532

Publication :

Archives nationales d'outre-mer
Aix-en-Provence

Informations sur le producteur :

Exploitation agricole du Galion (la Martinique)
Le fonds est issu de l'activité d'une entreprise familiale, à la fois agricole et industrielle, alliant les plantations de cannes à sucre divisées en habitations, et l'usine de fabrication de sucre et de rhum, construite en 1862. L'usine était située à la Trinité (à la Martinique). Le siège était à Paris. Entreprise familiale, propriété d'Eugène Eustache, puis d' Emile Bougenot, puis des consorts Bougenot en indivision, elle est restée familiale et en indivision jusqu'en 1958. Elle se scinde ensuite en deux sociétés, l'une à vocation agricole (SCI), l'autre à vocation industrielle (SA).L'usine-exploitation est située sur la côte est de la Martinique, commune de la Trinité, toute proche de la mer. Elle tire son nom de la proximité de la rivière et de la baie du Galion.Les habitations-sucreries existaient dès le 17e siècle à la Martinique ; Eugène Eustache, négociant de Saint-Pierre, acquiert deux habitations dès 1849 par adjudication (Galion et Grand Fonds), puis réalise une véritable concentration en acquérant les habitations voisines, soit au total en 1883, à son décès, un domaine agricole de 2346 hectares. Son gendre Emile Bougenot devient en 1883 copropriétaire avec ses petits-enfants : envoyé à l'origine en Martinique par les établissements Cail en 1860 pour monter l'usine de Lareinty, il construisit aussi celle du Galion, et épousa la fille du propriétaire, Angéline Eustache. Il achète à son tour d'autres habitations, réunissant plus de 3233 hectares. L'usine fut construite entre 1862 et 1865 (1862, selon les plans techniques). Grâce au Crédit foncier colonial, créé à l'instigation de Napoléon III poussé par Jean-François Cail, industriel fabriquant des usines à sucre, Eustache obtint en 1862 un prêt pour monter l'usine. Les équipements furent l'oeuvre des établissements Cail, associés dès 1861 à Fives Lille, devenus en 1868 Compagnie de Fives Lille pour constructions mécaniques et entreprises. Cette entreprise était spécialisée en sucrerie, chemins de fer et travaux publics. Le Galion distille également le rhum.Le siège de la première entreprise (1862-1958) était parisien. L'indivision a maintenu cette entreprise jusqu'au bout dans un riche milieu parisien du 16e arrondissement, relativement fermé. Après les deux premiers propriétaires, Eugène Eustache de 1849 à 1883 puis Emile Bougenot de 1883 à 1925, ce fut l'indivision dite "consorts Bougenot" qui fut propriétaire. Elle prit pour directeur Carl Pellé, un des gendres de Bougenot. Une véritable dynastie, de son côté, occupa le poste d'administrateur puis de directeur, situé au Galion : Joseph de Laguarigue de Survilliers, de 1902 à 1929, Louis de Laguarigue de Survilliers de 1929 à 1965, Jean de Laguarigue, puis Laurent de Laguarigue. L'indivision portait le titre de consorts Bougenot ; Jean Pellé fut longtemps le mandataire des consorts.A partir de 1960, les difficultés s'accroissent. La rentabilité se détériore tout au long des années 1960 et 1970. Dès 1967 il ne reste que 6 usines à la Martinique, travaillant presque toutes en dessous du seuil de rentabilité, mais la culture de la canne à sucre reste socialement très importante, puisqu'elle emploie dix mille personnes (1500 dans le secteur industriel, les autres dans le secteur agricole). Les rendements sont insuffisants en raison de la pénurie de main d'oeuvre et de la difficulté de transporter rapidement la canne à sucre dans les usines. C'est en raison du risque financier qu'il est décidé de sortir de l'indivision et de créer deux sociétés, une agricole et une industrielle, avec l'objectif que la société anonyme industrielle parvienne à broyer 1300 tonnes de cannes par jour, et dans le contexte de la concentration avec une autre usine, celle de Bassignac (1962). La première société créée fut la société civile immobilière Exploitation agricole du Galion, à vocation d'exploitation agricole, créée le 29 septembre 1958 ; les habitations lui appartenaient, l'usine restait en indivision familiale, à laquelle les habitations étaient louées pour qu'elle les exploite. Jacques Georges-Picot, inspecteur des Finances (1900-1987), président de la Compagnie financière de Suez, époux d'Angéline Pellé, était l'un des propriétaires de la société civile immobilière et faisait partie des gérants dans les années 1970. Les deux sociétés restent très proches. La société à vocation industrielle, société anonyme des URGB (usines réunies du Galion et de Bassignac) fondée en 1962, a son siège à La Trinité. Son objet est la fabrication et la vente de rhums et sucres. Ses productions sont de grande qualité (sucre blanc, rhums Grand Arôme). Son président directeur général est Jean Pellé, son directeur à partir de 1966 est Jean de Laguarigue, installé au Galion. L'Exploitation agricole du Galion, créée dès 1958, a son siège à la Trinité et un bureau à Paris. Elle prend Jean (puis Jean-Loup) Pellé comme gérant, et Laguarigue comme mandataire. Elle avait un directeur, installé au Galion. Les deux sociétés sont localisées 76 boulevard Malesherbes à Paris, jusqu'en 1963. Elles ont une comptabilité commune jusqu'en 1961. A partir de 1962 ou 1963, le bureau parisien de la société anonyme est au 51 rue Cambon. Elle fusionne avec l'usine de Sainte-Marie en 1970, et prend en octobre 1970 le nom de Compagnie sucrière et rhumière de la Martinique (Cosurma). Elle déménage en 1976 au 11 passage Landrieu, toujours à Paris. Depuis 1984, cette usine toujours en activité est gérée par une société anonyme d'économie mixte. Une partie de l'usine originelle subsiste (bureaux, logements d'ouvriers, distillerie, canal), non protégée par les Monuments historiques (notice de l'Inventaire sur internet, 2003). En 2000, l'administrateur est Philippe Duchamp de Chastaigné. Il commande une étude sur les titres de propriété, notamment dans le but de faire valoir ses droits auprès de la commission départementale de vérification des titres de la Martinique.

Informations sur l'acquisition :

Déposé à Paris aux Archives nationales en plusieurs temps, 1968, 1969, 1970, puis 1976, le fonds a été transféré aux Archives nationales d'outre-mer en octobre 1995. C'est la société civile immobilière qui signa le contrat de dépôt le 2 juin 1976, pour l'ensemble des archives des trois sociétés. Les documents sont issus du siège parisien, mais certains ont été produits à la Martinique et sont revenus de la Martinique à Paris. Certains ont même été expédiés directement de la Martinique aux Archives nationales.

Description :

Critères de sélection :
Aucune élimination n'a été pratiquée à l'exception de quelques factures, d'eau, téléphone, gaz et électricité du bureau parisien pour les années 1960-1970.

Conditions d'accès :

Le fonds est librement communicable.
Publiable sur internet

Langues :

français

Description physique :

81, 50 mètres linéaires et 10 plans conservés en cartothèque

Ressources complémentaires :

Fonds ministériels, Généralités, cartons 4 d. 48 ; 5 d. 60, 65, 66, 69, 70, 72, 73, 78, 85, 86 ; 12 d. 129, 131, 133, 135, 137, 139 ; 22 d. 193-195 ; 50 d. 398, 399, 401, 402 ; 52 d. 464 ; 55 d. 536 ; 56 d. 543 : sucres, 1818-1871 Fonds ministériels, Séries géographiques, Martinique, cartons 12 d.119 (usines centrales, 1866), 158 d. 1443 (appareil à sucre, 1855-1857) Fonds ministériels, sous-série 3 Affeco, Rhums et sucres, 1909-1945 Mémoires de l'Ecole coloniale : Collery, La question sucrière dans l'Empire français, 1941 (3 Ecol 31 d.5), Isaac, Le rhum à la Martinique, 1950 (3 Ecol 102, d.5) Archives d'entreprise : 129 AQ, Rhum Saint James (importateur de rhum des Antilles et exploitant de plantations à la Martinique), 1887/1961
2 J Fonds de l’usine de Sainte-Marie. Gestion de la production, du domaine agricole, du personnel et des finances : correspondance, comptabilité, procès-verbaux du conseil d’administration. XIXe s. 135 ml. 5 J Fonds de l’usine du François. Gestion de la production, du domaine agricole, du personnel et des finances : correspondance, comptabilité, procès-verbaux du conseil d’administration. XXe s. 19 ml. Ce fonds est classé. 8 J Fonds de l'usine du Lamentin-Soudon. Gestion de la production, du domaine agricole, du personnel et des finances : correspondance, comptabilité, procès-verbaux du conseil d’administration. XXe s. 19 ml. 10 J Fonds de l'usine Trinité Bassignac. Gestion de la production, du domaine agricole, du personnel et des finances : correspondance, comptabilité, procès-verbaux du conseil d’administration. XXe s. 19 ml. 11 J Fonds de l'usine du Marin et de Rivière-salée. Gestion de la production, du domaine agricole, du personnel et des finances : correspondance, comptabilité, procès-verbaux du conseil d’administration. 1894-1976. 58 ml. 18 J Fonds de l'habitation Gradis. Gestion de la production, du domaine agricole, du personnel et des finances : correspondance, comptabilité, procès-verbaux du conseil d’administration. 1888-1969. 35 ml. Série M, activités industrielles et agricoles, 1800-1940Par ailleurs, la Fondation Clément, au François, conserve aussi des parties de fonds d'usines sucrières : - Inventaire des archives de l’usine de Petit-Bourg / Bénédicte Leconte (Répertoire numérique). Fondation Clément, 1995. 59 p. - Inventaire des archives de l’usine de Rivière Salée/Marie-Christine GERCE (Répertoire numérique). Fondation Clément, 1998. 45p. - Les archives Clément/ Florent Plasse (Répertoire numérique détaillé). Fondation Clément, 1996. 147p.

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRANOM_14118

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