Riche de plus de 2670 mètres linéaires d’archives, le fonds des Postes et Télécommunications conservé sur le site des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine couvre les activités de ce ministère principalement pour les périodes du XIXe et XXe siècles. Provenant essentiellement des différentes administrations du ministère des PTT, ces archives ont reçu, lors de leur versement aux Archives nationales, des cotes pour permettre leur identification : d’abord avec un identifiant F/90 suivi d’un chiffre (représentant 325,75 ml du fonds) puis, à partir de 1976, d’un chiffre comprenant la date de l’année de versement suivi du numéro d’ordre du versement.

Afin d’aborder plus spécifiquement l’étude d’un bâtiment des Postes et des Télécommunications, ce fonds se révèle d’une grande utilité. Il permet ainsi de documenter une large typologie d’édifices destinés à la transmission de l’information et gérés par cette administration : ministère des PTT, hôtel des postes, bureau de poste, recette principale, Caisse nationale d’épargne, central téléphonique et ses commutateurs, central télégraphique, centre de tri postal, centres financiers (centres de chèques postaux), centre émetteur radioélectrique de TSF, centre de télécommunications spatiales et radôme, relais hertzien, logement de fonction…

Des bâtiments pour les Postes et Télécommunications

Les débuts

Au XIXe siècle, l’administration des Postes et des Télégraphes, encore réticente à la maîtrise d’ouvrage et à l’investissement immobilier, louait la plupart de ses bâtiments aux collectivités locales ou à des particuliers. Elle ne possédait ainsi, en 1900, qu’une petite trentaine d’immeubles abritant des hôtels des Postes, construits le plus souvent avec l’aide des architectes des villes concernées. Dès la fin du XIXe siècle, l’accroissement du trafic postal et télégraphique et l’émergence du téléphone créent de nouveaux besoins en bâtiments (voir l’introduction des inventaires 19870772 et 20050340 par Alexandra Machado, Daniel Rzeznik et Nadège Stiver, sous la direction d'Anne Burnel). Dans les années 1880-1890, les bâtiments postaux commencent alors à se distinguer en zone urbaine comme rurale, revêtant notamment dans leur décoration des symboles républicains (Architecture postale, 1887-1987, catalogue de l'exposition au Musée national des monuments français du 2 novembre 1987 au 3 janvier 1988, Paris, Ministère des PTT, 1987, 36 p, p 2.). Les propriétés du ministère des P.T.T. passent d’une cinquantaine d’immeubles en 1914, contre 900 au début de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, le ministère continue néanmoins de gérer 13 600 immeubles sans en être le propriétaire (Pascal Urbain, Maisons de postes, Bourse d’étude de la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques, janvier 1984, 115 pages, p 9.).

Afin d’accompagner ce développement des activités de transmissions, le ministère des P.T.T crée tout d’abord un service des travaux d'architecture ainsi qu’un cadre des architectes des P.T.T par l’arrêté du 30 avril 1901 relatif à la « construction par les soins de l’administration d’hôtels des postes, de bureaux centraux télégraphiques et téléphoniques ou d’immeubles spéciaux ». Il permet ensuite la création, le 30 juin 1923, d’un budget annexe destiné à la construction d’édifices postaux.

Les architectes des Postes et Télécommunications (1901-1973)

C'est en 1901 qu’apparut le cadre des architectes des PTT avec la création du Service des travaux d’architecture de l’administration des Postes et des Télégraphes. Le texte de 1901 ne prévoyait que l’utilisation de trois architectes résidant à Paris mais travaillant sur l'ensemble du territoire. Ces architectes étaient intégrés au cadre des PTT et considérés comme des fonctionnaires. Ils gardaient néanmoins en partie leur statut de praticiens libéraux conservant leur clientèle privée. Dès 1923 il fallut après de multiples modifications, prévoir la nomination d’au moins un architecte au chef-lieu des 15 régions postales. Au cours des années 1950 et 1960 il apparut que le nombre des architectes du cadre était insuffisant et l’administration recourut de plus en plus à des architectes extérieurs. Afin de rétablir une certaine cohérence l’arrêté du 16 février 1968 créait les architectes agréés. A la différence des architectes du cadre, les architectes agréés n’étaient pas des fonctionnaires stricto-sensu même s’ils relevaient en grande partie d’un régime de droit public.

Les architectes des P.T.T. ont pour missions de construire, agrandir, transformer, entretenir ou procéder à la réfection des bâtiments de toute nature (hôtels des postes, bureaux centraux, télégraphiques et téléphoniques ou immeubles spéciaux) commandés par l’administration. L’architecte agit, dans tous les cas, sous l’autorité des chefs de service de l’administration centrale ou départementale. Par la suite, avec l’augmentation du nombre des constructions, la possibilité de faire appel à un architecte qui n’appartient pas au cadre des architectes des PTT, est permise. A partir de 1923, les architectes sont saisis par les directeurs régionaux et les chefs de service de toute question relevant de leur compétence : expertises, études relatives aux achats de terrains et d’immeubles, inspection des immeubles, études et résolutions des questions de location et enfin, surveillance des travaux de construction des immeubles que des propriétaires font bâtir pour les louer à l’administration.

Le décret du 28 février 1973, relatif aux missions d’ingénierie et d’architecture remplies pour le compte des collectivités publiques par des prestataires de droit privé, impliquant la mise en place de concours pour les bâtiments d’une certaine importance, mit fin au corps des architectes des PTT. Depuis cette date, le choix des architectes est le plus souvent effectué à l’issue d’un concours ou au moins d’une consultation, y compris quand la loi permet la commande directe. Selon Hervé Coulaud et Bénédicte Leclère, cette loi eut un impact fort sur l’architecture des Postes, Téléphones, Télégraphes : «A l’éclatement du cadre des architectes des P.T.T correspond une hétérogénéité de l’architecture postale, à tel point que le seul élément qui permette l’identification du bâtiment postal est la généralisation depuis 1984 d’une signalétique standardisée » (Architecture postale, 1887-1987, catalogue de l’exposition au Musée national des monuments français du 2 novembre 1987 au 3 janvier 1988, Paris, Ministère des PTT, 1987, 36 p, p 32.)

Organisation administrative

Un service des Bâtiments existe en 1878, avant la création du ministère des Postes et Télégraphes le 5 février 1879. Il est alors l’un des « services divers » de l’administration des postes avant d’en être, dès 1888, un des services spéciaux au même titre que l’Ecole professionnelle supérieure ; en 1906, il est rattaché aux Comités et commissions. De 1918 à 1933, les compétences du service sont réparties entre les directions techniques avant la création d’une direction des bâtiments en 1934.

En 1878, le service des bâtiments a, à sa tête, un architecte assisté d’un vérificateur. De 1878 et 1917, ce service fonctionne avec plusieurs architectes, des vérificateurs, des inspecteurs. En 1902 et 1903, ce service est dirigé par l’architecte, Julien Guadet. En mars 1878, nommé architecte des bâtiments civils, il avait été mis à disposition, par le ministre des Travaux publics, auprès des Postes et Télégraphes pour le projet de construction de la poste du Louvre (1881-1885).

Le décret du 9 janvier 1934 précise que l’administration centrale du ministère des Postes, Télégraphes et Téléphones comprend sept directions dont une direction des bâtiments. Pour des raisons économiques, elle est transformée en sous-direction dès le 29 juin de la même année, et rattachée à la direction du service central en raison de ses fonctions transversales. Le décret du 21 février 1935 précise que la direction des bâtiments, érigée en sous-direction autonome, est chargée de la construction, de l’aménagement et de l’entretien des bâtiments, puis à partir de 1937, du matériel et du service intérieur. En 1941, la loi du 9 février réorganise l’administration centrale des postes, télégraphes et téléphones en cinq directions dont une direction de la poste et des bâtiments. La gestion des bâtiments est alors confiée à la direction des postes. La loi n°945 du 17 octobre 1942 marque un tournant avec la création d’une direction des bâtiments et des transports.