Inventaire d'archives : 222J - Fonds Charles Chézeau

Contenu :

Ces archives sont constituées pour l'essentiel de :
 
Courriers, qui témoignent de la popularité et du respect que les professionnels du cinéma (Louis Daquin, Claude Autan-Lara, Jean-Paul Le Chanois, Jean Grémillon, Joris Ivens, Jean Renoir, Jean Cocteau, Marcel L'Herbier, Charles Spaak) portaient à ce syndicaliste singulier ;
 
Carnets de notes remplies de réflexions et d'annotations et quelques dossiers portant sur la volonté d'élaborer une politique française de l'art et de l'industrie cinématographique et sur les luttes intestines qui traversent le monde du spectacle ;
 
Articles de journaux de 1939 à 1955, qui confirment - surtout pendant la période de l'occupation allemande et tout particulièrement les années 1943 et 1944 - combien la question du cinéma et son histoire représente bien une « force explosive » selon l'expression de François Garçon[1]. On y retrouve les noms d'Hervé Bazin, Guy Des Cars, René Barjavel, Albert Paraz, Robert Brasillach. Après-guerre, la préparation et les conséquences de la manifestation du 4 janvier 1948 contre les accords Blum-Byrnes sont également bien représentées. Le lecteur pourra trouver dans Combat, Libération, l'Humanité, Le Figaro, Le Spectacle, des articles signés par Charles Chézeau, Georges Sadoul, Armand Carrel, Jean Pelleautier, Henri Magnan ;
 
Quelques 40 dessins autobiographiques au fusain sur calque représentant Charles Chézeau sur son lit d'hôpital, la plupart de ces dessins, impressionnants par la qualité du style, dévoilent un homme amaigri, épuisé ;
 
Le lecteur trouvera également des papiers au nom du lieutenant Patrick, pseudonyme de Charles Chézeau dans la clandestinité, ainsi qu'une carte d'identité et un ordre de démobilisation au nom de Carbonneaux, vestiges d'une Résistance qui lui valut d'être décoré.
 
[1] François Garçon : historien du cinéma, De Blum à Pétain, Cinéma et société française, 1936-1944, Paris, Les Éditions du Cerf, 1984.

Cote :

222J/1-222J/13

Publication :

Département de la Seine-Saint-Denis / Direction des services d'archives
2022
54 avenue du Président Salvador-Allende
93000 BOBIGNY

Informations sur le producteur :

CHEZEAU Charles
Charles Chézeau est né le 17 janvier 1905 à Paris. Élevé dans le quartier de Belleville, il apprend le métier de peintre décorateur. Il exerce ce métier au studio de Billancourt dans une période où aucune réglementation du travail n'existait.
 
Ouvrier du film, il est un des fondateurs en 1934 du Syndicat général des travailleurs de l'industrie du film (SGTIF) alors rattaché à la Fédération CGT des produits chimiques. Il participe aux grèves de 1936 et est signataire de la première convention collective concernant les professions des travailleurs du film (la loi des 40 heures, les congés payés et une amélioration importante des salaires dans les studios et les laboratoires).
 
Dès le début de la guerre d'Espagne, il organise la solidarité en faveur des combattants républicains, puis part en mission en Espagne au côté de la République espagnole en 1937.
 
Mobilisé dans une unité combattante en septembre 1939, Charles Chézeau, au moment de la débâcle, échappe aux nazis. Recherché par la police de Pétain et la Gestapo il entre dans la clandestinité et rejoint la Résistance. Il y est officier FFI et sera décoré de la médaille de la Résistance et de la Croix de guerre.
 
À la Libération il est élu secrétaire général du Syndicat CGT des travailleurs de l'industrie du film. Il devient secrétaire de la branche nationale du cinéma de la Fédération nationale du spectacle à laquelle le syndicat s'était rattaché avant-guerre en 1938. Il est par ailleurs membre de la section cinéma du Parti communiste français (PCF), créée en 1947 et rattachée à la section de propagande.
 
Charles Chézeau se retrouve dans la bataille syndicale qui verra la scission syndicale de 1947-1948 avec la création de la CGT-Force ouvrière. Il parviendra à éviter la scission au sein de la Fédération nationale du spectacle.
 
Il participe à la défense du cinéma français gravement menacé par la concurrence américaine après la signature de l'accord Blum-Byrnes de 1946. Le 4 janvier 1948, une manifestation est organisée à Paris par la Fédération nationale du spectacle (FNS), de la Madeleine à la Bastille. Elle rassemble tous les professionnels du cinéma. Devant l'ampleur des protestations le parlement, est obligé d'annuler en partie ces accords et de voter la loi d'aide au cinéma.
 
En 1951, Charles Chézeau est élu secrétaire général de la Fédération CGT du spectacle. Connaissant déjà les problèmes du cinéma, il se familiarise ensuite avec ceux du théâtre, de la musique, de la radio télévision. Son souci constant sera d'unir toutes les catégories de travailleurs du spectacle. Il aura également à cœur de travailler en liaison avec les syndicats de cinéma étrangers.
 
Charles Chézeau meurt à cinquante ans, en août 1955, des suites d'une longue maladie. Il a posé les principes fondamentaux d'une organisation syndicale pratiquement unique en Europe regroupant l'ensemble des catégories professionnelles du spectacle, de l'audiovisuel, de l'action culturelle, des arts plastiques, de l'ouvrier au créateur.

Informations sur l'acquisition :

Dépôt dans le cadre de la convention cadre signée en 1993 entre l'Institut CGT d'histoire sociale (IHS CGT) et le Département de la Seine-Saint-Denis.
Historique de conservation :
Suite à l'exposition "Accords - raccords - désaccords. Syndicalisme et cinéma" qui s'est tenue aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis du 17 mai 2001 au 31 janvier 2002, les archives de Monsieur Charles Chézeau ont été remises à l'Institut CGT d'histoire sociale (IHS CGT) par son fils Monsieur Patrick Rayer, puis par son petit-fils Monsieur Fabien Adelin, (fils de la fille de sa première femme). Elles ont alors été déposées aux Archives départementales.

Description :

Évolutions :
En 2017, Monsieur Fabien Adelin a remis à la Fédération nationale du spectacle CGT de nouveaux papiers de Charles Chézeau qui ont été déposés dans le fonds déjà conservé aux Archives départementales.

Conditions d'accès :

La totalité du fonds étant touché par un délai de 25 ans après la production des documents, ceux-ci sont librement communicables à l'exception de ceux contenant des informations médicales (cf. 222J/10 et 222J/13) auxquels s'applique un délai de 100 ans.

Conditions d'utilisation :

Sur autorisation du déposant.

Description physique :

Importance matérielle :
1.1

Ressources complémentaires :

Répertoire sous format PDF disponible.
Aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis:
65J - Fonds de la Fédération nationale du spectacle CGT.

Références bibliographiques :

PERON, Tangui, notice biographique de Charles Chézeau dans Le Maitron Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier mouvement social, tome 3, pp. 314-315. Paris, Les Éditions de l'Atelier, 2007.
GALLINARI, Pauline, Les communistes et le cinéma en France de la Libération aux années 1960. Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015.
MARIE Laurent, Le cinéma est à nous : le PCF et le cinéma de la Libération à nos jours. Paris, L'Harmattan, 2005.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Département de la Seine-Saint-Denis / Direction des services d'archives

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD093_008262

Où consulter le document :

Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

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