Inventaire d'archives : Fonds des Soeurs Ouvrières de Notre Dame du Bon Conseil (Institut Provin) ou oeuvre des Charmilles

Contenu :

Le fonds des Soeurs Ouvrières de Notre Dame du Bon Conseil est relativement modeste par sa taille, mais il est assez représentatif de l'histoire de cette Institution religieuse, puisqu'il comprend des documents hérités d'Ernestine Provin, la fondatrice, et des premiers aumôniers jusqu'aux documents du début du XXIème siècle et des dernières soeurs présentes aux Charmilles, en passant par des dossiers relatives à l'évolution progressive de l'établissement des Charmilles sans oublier quelques dossiers concernant les deux filiales (la Villa Hélène à Saint-Égrève et la Communauté de Marseille).
Le fonds se structure comme suit :
1. D'abord les documents fondateurs et à caractère mémoriel (en particulier la célébration du centenaire en 1986), depuis les règles de vie religieuse et les documents hérités de la fondatrice, qui constituent des documents de première importance pour la mémoire de cette institution religieuse (notamment les documents à caractère autobiographique) jusqu'aux documents produits par la célébration du centenaire
Les documents d'Ernestine Provin furent d'ailleurs utilisés par Paul Dreyfus pour l'écriture d'une plaquette historique.
(333 J 1-4). Arrivent en second lieu les photographies qui complètent la mémoire de l'Institut (333 J 9-13).
2. La seconde partie contient les documents hérités des aumôniers liés à l'histoire de l'Institut en particulier leur correspondance avec la fondatrice et leurs sermons prononcés à l'occasion de nombreuses fêtes religieuses.
3. Les enfants accueillies par l'Institut sont représentées dans la troisième partie, depuis leur admission jusqu'aux questions de santé, en passant par la pédagogie (y compris le théâtre), sans oublier les jeunes filles juives cachées au sein de l'Institut, pendant la Second Guerre mondiale.
4. Les documents de nature économique, ainsi que ceux qui concernent les travaux, intègrent la quatrième partie.
5. La cinquième partie est celle des documents sans lien direct avec l'Institut. Certes, les documents concernant le sanctuaire de La Salette (333 J 29) ont bien à voir avec les Charmilles (les religieuses de Notre Dame de la Salette occupaient le Charmilles avant l'arrivée des Soeurs Ouvrières de Notre Dame du Bon Secours et ces dernières, y compris Ernestine Provin, ont accordé une importance particulière au pèlerinage de la Salette) mais il s'agit surtout de documentation, ces articles qui circulaient au XIXème et XXème siècles pour la diffusion de ce nouveau pèlerinage marial.
6. Une dernière partie contient des documents iconographiques (photographies comme plans) que leurs dimensions ne permettent pas de conserver dans les boîtes ordinaires et imposent un conditionnement spécifique.
ARCHIVES PRIVEES D'ASSOCIATIONS, DE PARTIS POLITIQUES, DE SYNDICATS

Publication :

Archives départementales de l'Isère et du Dauphiné
27/02/2024 à 17:29

Informations sur le producteur :

Notice historique
La majorité des informations est extraite de la plaquette historique de Paul Dreyfus, réalisée en 1986 pour célébrer le centenaire de l'oeuvre d'Ernestine Provin cf. 333 J 2.
L'oeuvre des Soeurs de Notre Dame du Bon Conseil, dite des Soeurs des « Charmilles », est une institution religieuse d'implantation locale issue dans les années 1880 de l'engagement paroissial d'une ouvrière gantière, Ernestine Provin
On trouve également son nom souvent orthographié « Provins ».
. Elle enseigne le catéchisme à une quarantaine de fillettes, sous l'égide de l'Abbé Berlioux, curé de la paroisse Saint-Bruno de Grenoble. Quelques familles en difficulté lui confient l'éducation de leurs filles. Peu à peu se constitue autour d'Ernestine Provin une petite communauté dédiée à l'éducation d'orphelines ou de filles délaissées et travaillant généralement dans la ganterie du temps de la fondatrice. Les Soeurs de Notre Dame du Bon Conseil parviennent à pérenniser peu à peu leur oeuvre, aux origines très précaires.
Les Charmilles sont la principale communauté des Soeurs de Notre Dame du Bon Conseil, la « Villa Hélène » à Saint-Égrève et la « Maison de Marseille », rue Garnier, en sont des filiales. C'est donc par abus de langage que l'on parle des « Charmilles » pour désigner cette oeuvre religieuse qui n'est rattachée à aucun ordre religieux ni au Diocèse de Grenoble, même si des relations se sont tissées peu à peu avec l'épiscopat. Ces soeurs ne sont pas tout à fait des religieuses ni tout à fait des ouvrières.
Les Grenoblois, à en croire Paul Dreyfus, connaissent souvent de réputation la communauté des Charmilles sans en avoir une idée bien précise et croient qu'il s'agit d'un simple orphelinat.
Même si les dernières soeurs ont quitté les Charmilles en 2018, l'oeuvre d'enseignement se poursuit à travers un groupe scolaire privé catholique de cinq établissements de la maternelle jusqu'au lycée professionnel
http://www.les-charmilles.fr/ , consulté le 17 janvier 2019.
.
Les figures de l'institut
Outre la fondatrice des Soeurs Ouvrières de Notre Dame du Bon Conseil, les grandes figures féminines de l'Institut sont ses successeuses. Après la mort d'Ernestine Provin en 1919, Angéline Brun devient la nouvelle responsable jusqu'en 1933, suivie de Fernande Rousseau jusqu'en 1958, puis de Jeanne Platel jusqu'en 1979 et de Thérèse-Noémie Olive (au moins jusqu'en 1986).
L'histoire des Soeurs de Notre Dame du Bon Conseil compte également quelques figures masculines comme un jésuite, le Père Charrier, qui agit comme un mentor auprès d'Ernestine Provin, l'aide à préciser son engagement auprès des jeunes ouvrières et à subvenir aux besoins matériels de sa jeune communauté dans ses premières années, jusqu'à ce que ce que leurs relations se détériorent progressivement jusqu'à la rupture en 1907. Peu après la disparition de la fondatrice en 1919, la communauté trouve un nouvel providentiel dans la personne du chanoine Paul Linossier qui en devient l'aumônier de 1919 à 1955, protecteur que les élèves appellent « papa ». L'Abbé P. Behegel lui succède (décédé en 1974
Cf. 333J 14.
).
Quelques jalons chronologiques
En 1886, l'engagement paroissial d'Ernestine Provin commence à prendre un nouveau tournant avec la première fille confiée à ses soins à la demande de sa famille. A la fin des années 1880 début des années 1890, de nouvelles enfants lui sont peu à peu confiées, dans le même temps elle s'engage dans des voeux de célibat annuel puis perpétuel tout en refusant l'entrée dans un couvent. En 1887, avec l'aide du Père Charrier et d'un entrepreneur, Ernestine Provin trouve un logement où recevoir un nombre plus grand d'enfants, place Saint-Laurent à Grenoble. Au cours des années 1890, le nombre de filles accueillies augmente peu à peu (âges compris entre 6 et 19 ans). Des anciennes suivent Ernestine Provin et intègrent la jeune communauté. Ses premières années sont marquées par une très grande précarité : l'oeuvre ne vit que des dons. Le travail de la ganterie, pratiqué par les plus filles les plus grandes et les soeurs, permet, à grand peine, de subvenir aux besoins matériels. À cela s'ajoutent les difficultés à trouver les premières enseignantes pour les filles et les tensions croissantes entre Ernestine Provin et le Père Charrier.
En 1894, la petite communauté quitte l'appartement de la place Saint-Laurent devenu trop exigu et s'implante sur les flancs de la colline Rabot dans une maison appartenant à la mense épiscopale. En 1898, la maison de la colline Rabot devient à son tour trop étroite, le nombre des enfants accueillies continuant d'augmenter. Un immeuble situé à Saint-Égrève, « la villa Hélène », est acheté. L'opération a lieu sous l'impulsion du Père Charrier et contre la volonté d'Ernestine Provin. En 1903, une partie de la petite communauté s'installe à la Villa Hélène, où les essais de création d'une ferme, menés par le Père Charrier pour assurer la subsistance des protégées d'Ernestine Provin, demeurent infructueux. En 1903, Ernestine Provin commence une oeuvre de « vacances chrétiennes » en fondant une maison à Marseille (Rue Garnier), où l'évêque Mgr Fava lui met à disposition une chapelle.
En 1907, la fondatrice de l'institution rompt avec le Père Charrier. Durant les années 1910, la vie matérielle de la Communauté demeure précaire et serait impossible sans le travail des « petites mains » gantières. En 1911, la communauté retourne à Grenoble et s'établit dans le bâtiment des Charmilles. Il s'agit alors d'une vaste propriété abandonnée dans le quartier de la Capuche dont le noyau initial est un château du XVIème siècle. Pendant plus de trente ans, ce sont les religieuses de Notre-Dame de la Salette qui ont occupé les lieux jusqu'à leur expulsion en 1902 en application de la loi sur les Congrégations. Il y subsiste une statue de la Vierge de la Salette (importance religieuse et symbolique aux yeux d'Ernestine Provin et de ses soeurs).
En 1912, c'est la rupture d'Ernestine Provin avec une partie des soeurs regroupées autour d'Adrienne Gonnet, qui quittent alors la communauté. La Grande Guerre ralentit fortement l'industrie gantière, l'intendance de l'Armée remplace alors les commandes de gants devenues défaillantes. Les « petites mains » des soeurs cousent désormais des chemises et des caleçons pour les soldats tandis que la vie quotidienne devient plus difficile encore à cause du renchérissement du coût de la vie en tant de guerre.
En 1919, l'épidémie de grippe espagnole emporte une partie de la communauté dont Ernestine Provin elle-même. Quelques mois plus tard lui succède une de ses premières « filles », Angélique Brun. La même année, arrive le chanoine Paul Linossier, aumônier de 1919 à sa mort en 1955. Avant 1939, notons la surélévation des anciennes écuries des Château des Granges, aux Charmilles, et l'extension des bâtiments. La Second Guerre mondiale apporte son nouveau lot d'épreuves pour l'Institut qui subsiste grâce par au travail fourni par un particulier : la préparation des soupapes pour les masques à gaz de l'usine Fit. Vingt-huit mineures juives trouvent refuge aux Charmilles.
En 1959, l'école des Charmilles passe sous contrat simple avec l'État. En 1961, sont construit le bâtiment des classes enfantines et du gymnase. En 1967, l'école ménagère, qui était active depuis l'époque d'Ernestine Provin, ferme ses portes.
En 1972, c'est au tour du lycée professionnel des Charmille de signer un contrat d'association avec l'État. En 1974, l'internat ferme. En 1976 et 1977, de nouvelles extensions sont réalisées. En septembre 1980, la mixité est introduite dans l'établissement. En 1986, la communauté célèbre le centenaire des débuts de l'oeuvre d'Ernestine Provin. À cette date, dix-neuf religieuses vivent aux Charmilles à Grenoble et 5 à la Ville Hélène de Saint-Égrève. Elles se donnent le nom de « Communauté de Notre Dame du Bon Conseil » dérivé du titre voulu par la fondatrice de « Soeurs Ouvrières de Notre Dame du Bon Conseil ». Au moment de la célébration du centenaire, plus de trois mille enfants sont passées par l'oeuvre des Soeurs Ouvrières de Notre Dame du Bon Conseil.

Informations sur l'acquisition :

Les archives des Soeurs Ouvrières de Notre Dame du Bon Secours ont été déposées aux Archives départementales de l'Isère, suite au dépôt d'ouvrages de la Bibliothèque de leurs Institut dans ce même service d'archives en 2012.
Historique de conservation :
Les archives des Soeurs Ouvrières de Notre Dame du Bon Conseil ont été conservées aux Charmilles, la principale implantation de l'Institut depuis 1911.

Description :

Mise en forme :
D'ordinaire, pour classer un fonds d'origine ecclésiastique, on place les documents liés aux fonctions de direction (comptes rendus de conseil d'administration, correspondance des supérieurs…) en début et les documents ayant trait, aux commémorations et aux célébrations (de centenaire par exemple) en fin de classement, et non au début comme cela a été fait dans ce classement. Ici, ils ont été placés en tête du classement avec les originaux « plus fondateurs » (les règles de vie et la correspondance d'Ernestine Provin). En effet, les documents représentant les fonctions de direction sont assez peu nombreux et les originaux fondateurs avaient été utilisés pour rédiger une plaquette historique en 1986.
Dans leur ensemble, les trois premières parties, qui représentent la plus grande portion du fonds, suivent un cheminement qui va de la fondatrice Ernestine Provin jusqu'à ses protégées, les enfants accueilles par son Institut, en passant par les aumôniers (à cause de leur rôle de soutien, notamment, dans la naissance de l'oeuvre).

Conditions d'accès :

Le fonds est communicable selon le Code du Patrimoine, article L 212-3.

Description physique :

Le fonds comprend 31 articles et représente 3,45 mètres linéaires.

Ressources complémentaires :

27 J. Fonds des archives paroissiales déposées par l'évêché de Grenoble (condition de reproduction : 100 ans à la clôture du dossier). XIXème-XXème siècles
88 J. Fonds des registres de catholicité déposés par l'évêché de Grenoble (condition de reproduction : 100 ans à la clôture du dossier). XIXème-XXème siècles
36 J. Fonds du Centre catholique universitaire de Grenoble (libre communication)
Il est parfois question de théologie dans le fonds ici présenté.
. 1863-1955
Préfecture de l'Isère, service Lotissements, 4ème division, 3ème bureau
2982 W 78/3. Grenoble : Société des Immeubles Provins, Les Charmilles, 1882L60. 1961
Préfecture de l'Isère, 2ème division, 4ème bureau
3010 W 154. Cours professionnels : Centres annexés à l'Orphelinat des Charmilles ; 71 rue de Stalingrad à Grenoble (centre familial ménager). 1942-1960
3205 W 4. Application de la loi Barangé. - Grenoble : Les Charmilles : filles. 1960-1964
Préfecture de l'Isère, secrétariat général, service des rapatriés
3358 W 21. Fiches de logements attribués aux rapatriés dans les communes. - Grenoble "les Charmilles". 1963-1965
Préfecture de l'Isère, 2ème Direction, 1er Bureau (Bureau de l'Action économique)
7038 W 26. Centre privé de formation les Charmilles. 1988-1991
Direction départementale de l'équipement
7993 W 70. Grenoble. - Les Charmilles, centre familial ménager : permis de construire. 1962
Inspection académique de l'Isère, Division des élèves, Service des bourses
8328 W 1. Listings élèves boursiers lycées privés année scolaire 2000-2001. - Grenoble Les Charmilles.
8328 W 6. Listings élèves boursiers lycées privés année scolaire 2001-2002. - Grenoble Les Charmilles.
8373 W 1. Lycées privés, élèves boursiers, liste année scolaire 2002-2003 : Grenoble, Les Charmilles.
8471 W 1. Lycées privés, élèves boursiers, liste année scolaire 2003-2004. Lycées privés. Grenoble : Les Charmilles
8471 W 11. Lycées privés, élèves boursiers, liste année scolaire 2005-2006. - Grenoble : Les Charmilles.
8678 W 6. Lycées privés, élèves boursiers, liste année scolaire 2007-2008. - Grenoble : Lycée professionnel Les Charmilles.
8678 W 13. Lycées privés, élèves boursiers, liste année scolaire 2008-2009. - Grenoble : Lycée professionnel Les Charmilles.
Rectorat de l'académie de Grenoble, Division de l'enseignement privé
8464 W 31. Dossiers d'établissements d'enseignement privés fermés, classés par départements puis par communes. - GRENOBLE : Centre familial ménager Les Charmilles ; école technique Les Charmilles

Références bibliographiques :

Bibliographie et sitographie
Histoire générale des congrégations et des communautés religieuses féminines
40e Anniversaire de l'AAEF (1973-2013) L'avenir de nos archives, dans Bulletin de l'AAEF, 80, 2013.
Anne Jusseaume, « Les archives des congrégations religieuses féminines : nouvelles sources et nouveaux objets pour l'histoire sociale à l'époque contemporaine », Mélanges de l'École française de Rome - Italie et Méditerranée modernes et contemporaines [En ligne], 128-2 | 2016, mis en ligne le 23 novembre 2016, consulté le 18 janvier 2019. URL : http://journals.openedition.org/mefrim/3053 ; DOI : 10.4000/mefrim.3053.
C. Langlois, Le catholicisme au féminin : les congrégations françaises à supérieure générale au XIXe siècle, Paris, 1984.
G. Cholvy, Le XIXe, grand siècle des religieuses françaises, Perpignan, 2012.
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S. Rousseau, La vocation religieuse féminine dans les années 1960-1970 : crise collective, itinéraires singuliers, dans Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 116, 3, 2009, p. 125-138
Y. Turin, Femmes et religieuses au XIXe siècle. Le féminisme « en religion », Paris, 1989.
Ernestine Provin et les Charmilles

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD038_333J_Charmilles

Archives départementales de l'Isère

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