Vladimir Ablanski (1911 -1994) fut déporté en 1947 en Sibérie alors qu'il vivait au sein de la colonie russe à Kharbin en Mandchourie, était marié et père d'une petite fille: né à Kiev en 1911 et fils d'un photographe, il se forma également à la photographie et étudia en Belgique la tannerie. Suite à l'invasion de la Mandchourie par l'armée russe en 1914, ses origines (sa famille avait fui la Révolution russe en Manchourie), ses études à l'étrangertout comme sa passion du patinage le rendent rapidement suspects. Condamné à 25 ans, il est déporté dans le camp 013 dans une ville nouvelle à bâtir Vikkorievka, au sein de l'ensemble concentrationnaire de l'Ozerlag. Profitant de sa formation de photographe, il utilise un appareil qu’il avait lui-même bricolé et affectueusement baptisé son "pudel" (caniche) .Il devient à partir de 1953 le quasi-photographe officiel du camp: il est chargé de photographier chaque prisonnier "zek" libéré ainsi que que de faire les portraits des officiers et gardiens du camp. Il en profite pour prendre des photos de scènes se déroulant dans le camp (vues de mirador, barbelés) ou les zones où les prisonniers travaillaient (forêts), des vues très rares.

Il est libéré le 25 août 1956 et réhabilité. Mais le retour en Manchourie redevenue chinoise est impossible. Sa famille a émigré en Australie et sa femme s'est remariée, le croyant mort. Il décide alors de ne pas quitter la région et rester vivre à Vikhorievka. Il continue à photographier avec un Zenith et reçoit un prix en 1971 à Berlin-Est.

Au cours d'une mission universitaire en Sibérie en 1990, Alain Brossat et Sonia Combe font sa connaissance par hasard, ce qui aboutira au voyage en décembre 1990 de Michel Daeron afin de recueillir son témoignage.

La Contemporaine a consacré une exposition virtuelle "Vladimir Ablanski. Un photographe au goulag" accessible via son site internet

Un film sur Vladimir Ablanski a été réalisé par Michel Daeron: "Contre-jour de Sibérie" (58min. diffusé le 7 mars 1993 sur FR3.). La Contemporaine conserve dans ses fonds audiovisuels les entretiens et les repérages réalisés lors de la préparation de ce film

Un article de Michel Daeron a été consacré à Vladimir Ablanski dans le livre "Ozerlag 1937-1964" dirigé par Alain Brossat aux éditions Autrement, 1991 (pages 74 à 89)

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