Inventaire d'archives : Fonds Conseil National de la Résistance - Louis Saillant

Contenu :

Ce fonds rassemble des documents relatifs à l’activité du CNR de la Libération jusqu’à la moitié des années 1950. Il est constitué de correspondance envoyée et reçue par le CNR (lettres dactylographiées et manuscrites, bordereaux d’envoi, télégrammes), de procès-verbaux de séances, de rapports, de dossiers constitués par le CNR, de textes officiels (ordonnances, décrets, circulaires), de notes dactylographiées et manuscrites, de brochures (notamment les Cahiers départementaux des CDL), de tracts, de coupures de presse, de numéros de journaux et de quelques affiches, tracts, photos, répertoires. Un don ultérieur de documents retrouvés chez Louis Saillant a trait a son activité syndicale.
Les boites 1-10 contiennent les papiers relatifs à l'organisation du CNR et aux activités prises en charge directement par lui : textes officiels, listes des membres, discours, allocutions, compte rendus de séances plénières, correspondance. Les boites 11-71 concernent le travail des diverses commissions crées au sein du CNR ou des Ministères comme la commission de la Justice dont la documentation est de loin la plus importante (boites11-46) et qui comporte de nombreux dossiers nominatifs. Les boîtes 72-116 contiennent les papiers relatifs à la préparation et à la tenue des Etats-Généraux de la Renaissance française ( mars 1944-juillet 1945) : mandats et composition des commissions de travail, compte rendus, rapports des commissions, cahiers de doléances par départements. Les boîtes 117-156 concernent l'activité des Comités départementaux de la Libération en liaison avec le CNR : assemblée nationale des CDL,conférences nationales des présidents des CDL, rapports, motions, protestations, résolutions et vœux des CDL par départements. Les boîtes 157-176 contiennent des dossiers en instance, sans suite ou terminés et des dossiers dits spéciaux. Suivent la correspondance (boîtes 177-189), des coupures de presse, des publications diverses (brochures, affiches, tracts), des photographies et des répertoires (boîtes 190-199). Les documents contenus dans la boîte 200 ont fait l'objet d'un don ultérieur. Ils concernent essentiellement l'activité syndicale de Saillant à la CGT et à la FSM. Toutefois, certains de ces documents reçus "en vrac" et non datés n'ont pas pu être situés dans leur contexte de production.

Cote :

Paris1 CHS CNR

Publication :

Agence bibliographique de l'Enseignement supérieur
2015

Informations sur le producteur :

CNR - Conseil National de la Résistance
SAILLANT Louis, André,né le 27 novembre 1910 à Valence (Drôme), mort le 28 octobre 1974 à Paris (XVIIIe arr.) ; ouvrier sculpteur sur bois ; secrétaire de l’Union des syndicats Drôme-Ardèche, de la Fédération des travailleurs de l’industrie du Bois ; président du Conseil national de la Résistance ; secrétaire de la CGT, secrétaire général de la Fédération syndicale mondiale, président d’honneur du Conseil mondial de la Paix.
Fils d’André Saillant, Louis Saillant fit très tôt, aux côtés de son père, l’apprentissage des luttes ouvrières ; il n’avait pas encore dix ans lorsqu’au cours des grèves de 1920, avec les enfants de Pierre Semard, et ceux d’autres grévistes, il participa à la chorale enfantine constituée par un groupe artistique ouvrier. « L’école du Lys rouge valentinois, a-t-il dit, fut pour ma vie militante une dure et bonne école ».
Apprenti sculpteur sur bois, il adhéra en août 1926 au syndicat de l’Ameublement de Valence, qui le désigna en janvier 1929 comme secrétaire et comme membre de la commission exécutive de l’Union confédérée. En 1930, le congrès national des travailleurs de l’industrie du Bois le nomma délégué régional pour le Sud-Est, et l’année suivante la Fédération nationale le chargea d’être son représentant à l’Union internationale des industries du Bois. Enfin, secrétaire adjoint de l’Union Drôme-Ardèche (CGT) dès 1931, Louis Saillant en devint, le 2 juillet 1933, le secrétaire permanent.
Membre de la section socialiste de Valence, il partagea les réticences de son parti à l’égard de l’unité d’action préconisée par les communistes et les syndicats unitaires, mais cependant les rapports des confédérés avec ceux-ci ne furent jamais totalement rompus, car leurs délégués se rencontraient au conseil d’administration de la Bourse du Travail de Valence.
Dans la lutte contre le fascisme, l’adhésion de Louis Saillant au comité de défense de Georges Dimitrov et sa participation à la grande manifestation unitaire de Valence, le 22 septembre 1933 (voir Jules Moch et Charles Doucet) marquèrent le départ d’une action commune dont les événements de février 1934 accélérèrent la marche et qui aboutit, malgré bien des difficultés, à la signature d’un accord d’unité, le 7 août 1934, par les bureaux des deux Unions syndicales Drôme-Ardèche. Leurs deux secrétaires, Louis Saillant et Charles Doucet, furent parmi les militants désignés le 26 septembre par les congrès de la CGT et de la CGTU pour participer aux travaux de la commission d’unité, qui aboutirent à la fusion syndicale. Au congrès d’unification des syndicats de Drôme-Ardèche, le 15 décembre 1934, Saillant fut élu secrétaire général.
Au cours des grèves de 1936, il déploya dans sa région une grande activité que souligna par une motion la commission exécutive de l’Union : « Depuis un mois, de jour et de nuit, [il] a été l’âme du mouvement revendicatif ».
En mai 1937, Louis Saillant fut appelé à Paris au secrétariat de la Fédération du Bois, et remplacé à Valence par Charles Doucet ; mais après la mort de ce dernier, le bureau confédéral le remit provisoirement à la disposition de l’Union Drôme-Ardèche. Ce fut alors qu’à la tête de la manifestation organisée à Romans (Drôme) le 26 novembre 1938 contre les décrets-lois, il fut matraqué par un agent, puis poursuivi et condamné par la suite à deux mois de prison avec sursis pour « participation à une manifestation interdite, rébellion et coups à commandant de la force publique ».
Le 21 novembre 1938, à Saint-Vallier (Drôme), d’après La Volonté socialiste du 2 décembre, Louis Saillant s’éleva « contre la formule de l’anticommunisme que cherchent à introduire au sein de la CGT les partisans de la division du monde du travail », refusa à admettre la formule « Plutôt la servitude que la guerre » de Jean Mathé et condamna les gouvernements Laval et Daladier « qui ont livré l’Éthiopie et la Tchécoslovaquie ». À la politique de capitulation, conclut-il, « substituons la politique de fermeté qui n’est pas une politique de guerre, mais qui est la seule capable de faire reculer les dictatures ».
Élu par le congrès de Nantes (novembre 1938) à la commission administrative de la CGT, Louis Saillant devint en juillet 1939 membre du comité administratif de l’Union internationale du Bâtiment et du Bois — il était d’ailleurs membre du Conseil national économique 1936-1940 (9e, devenue 11e section professionnelle — sous-section des industries du bois).
En août, avec six autres ex-confédérés, il s’abstint à la CA de la CGT dans le vote sur l’exclusion du bureau confédéral de Benoît Frachon et Julien Racamond ; cependant, en septembre, il fut l’un des signataires (avec Albert Fave*, Auguste Gontard*, etc.) d’un ordre du jour intitulé « Le syndicalisme indépendant », en vue de l’application dans l’Union Drôme-Ardèche des décisions prises à la majorité par le bureau confédéral.
Mobilisé à Lyon en 1939, Louis Saillant revint à Valence après l’armistice. Le 15 septembre 1940, il participa à une réunion à Salon, en présence de Jouhaux et Buisson, où fut prise la décision de maintenir la CGT sous la forme d’un groupe d’études économiques et syndicales.
De retour à Paris, il participa à la création du mouvement Libération-Nord et fut l’un des signataires du manifeste lancé le 15 novembre en réplique à la Charte du Travail et à la dissolution des centrales syndicales CGT et CFTC.Présent à la réunion du 17 mai 1941, à Paris, qui marqua la reprise des contacts entre ex-unitaires et ex-confédérés, Louis Saillant fut avec Robert Bothereau, Henri Raynaud et André Tollet, le réalisateur des accords du Perreux (17 avril 1943), réorganisant la CGT clandestine. Il représenta la CGT le 27 mai 1943 au Conseil national de la Résistance et fut à l’unanimité désigné pour le présider, le 10 septembre.
À la Libération, il fut délégué à l’Assemblée consultative provisoire 1944-1945, au titre du CNR ; il y présida le groupe de la Résistance intérieure française et la commission de la production industrielle et de l’équipement qui eut, entre autres questions à s’occuper des nationalisations.
Secrétaire de la CGT et délégué par elle au congrès des TUC britannique, à Brighton, Louis Saillant y prit des premiers contacts, en particulier avec le dirigeant des syndicats soviétiques V. Kouznetzov qui, à la suite de plusieurs rencontres internationales, aboutirent à la tenue du premier congrès syndical mondial (Paris, 26 septembre-8 octobre 1945) et à la création de la Fédération syndicale mondiale (FSM) dont il fut secrétaire général de 1945 à août 1968.Une notation des archives du RGASPI donne une idée de son image à Moscou décembre 1945 : « Secrétaire de la CGT, secrétaire général de la FSM. Président du CNR. Ancien membre du Parti communiste. Dirigeant de la Fédération du Bois en 1939, fut désigné par Jouhaux en 1942 pour le représenter auprès des communistes dans les négociations en faveur de la reconstitution de l’Unité syndicale. Épouse sympathisante au Parti communiste. Subit la double influence des Frachon et de Jouhaux sans qu’on puisse dire de quel côté il penchera. Paraît nourrir certaines ambitions ».
Saillant avait joué un rôle important au moment de la scission syndicale. Au Comité confédéral national des 12 et 13 novembre 1947, il signa la « déclaration Jouhaux » mais rejoignit la majorité sur le vote décisif de la motion internationale. Il resta à la CGT dont il fut secrétaire et se consacra à la FSM.
Le 21 août 1968, Louis Saillant condamna sans réserves l’entrée des forces du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie et trois jours plus tard, renouvela cette condamnation avec Renato Bitossi, président de la fédération. Le 28 août le secrétariat de la FSM exprima sa réprobation de l’usage de la force et du non respect de la souveraineté nationale. Le lendemain Louis Saillant fut frappé d’un infarctus et amené à abandonner les fonctions de secrétaire général. Il fut nommé à la présidence d’honneur de la FSM comme auparavant il l’avait été à celle du Conseil mondial de la Paix.
Décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre avec palme, de la rosette de la Résistance pour son action à la présidence du CNR, Louis Saillant reçut le 8 mai 1958 le prix Lénine « pour la paix entre les peuples », et portait depuis le 10 novembre 1967 le titre de docteur « honoris causa » de l’Université d’amitié « Patrice-Lumumba » à Moscou.
Cette biographie rédigée par R. Pierre est extraite du Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français sous la direction de Jean MAITRON, 4e partie : 1914-1939, "De la première à la seconde Guerre mondiale", t. 41. Paris : Les Editions ouvrières, 1992, p. 62-64

Informations sur l'acquisition :

Ce fonds d'archives du Conseil national de la Résistance a été donné à la Bibliothèque du Centre d'histoire sociale du XXe siècle, en février 2012, par les héritiers de Louis Saillant qui en fut le dernier président.

Description :

Mise en forme :
A son arrivée au CHS, le fonds CNR était constitué de 136 liasses de documents contenues dans des chemises numérotées et munies d'étiquettes qui en précisaient le contenu. Il est vraisemblable que ce classement ait été effectué par les secrétariats du CNR et des Commissions de travail concernées et non par Louis Saillant lui-même. Nous avons choisi :
- de respecter dans la mesure du possible ce classement qui pour l'essentiel regroupait les documents dans des grandes sections que nous avons maintenues en tant que séries ;
- de créer des nouvelles séries pour les documents qui n'étaient pas attribués à l'une de ces sections et qui ne les concernaient pas ;
- de maintenir la composante du classement d'origine "Dossiers : en attente, sans suite, terminés, spéciaux" sans essayer de classer les documents concernés dans les séries dont ils relevaient. En effet, il nous a semblé que ce classement initial qui indiquait l'état d'avancement des dossiers d'un point de vue administratif pouvait avoir une pertinence pour l'historien. Nous avons toujours précisé, quand cela a été possible, les noms des organisations ou des particuliers concernés par ces dossiers.
L’ensemble du fonds entièrement reconditionné a fait l’objet d’une cotation à l’article.

Conditions d'accès :

Certains documents de ce fonds contiennent des informations sensibles à caractère privé concernant des personnes physiques et morales. Ils ne peuvent être communiqués qu'après autorisation délivrée par la bibliothèque du CHS. C'est le cas notamment des dossiers nominatifs constitués par la Commission de la justice du CNR dans le cadre de l'épuration.

Conditions d'utilisation :

Les photographies sans flash sont autorisées après signature d'un engagement spécifique.Les photocopies sont interdites.

Description physique :

Importance matérielle :
201 boîtes
Dimensions :
21,56 mètres linéaires

Ressources complémentaires :

Inventaire disponible également sous forme de fichier PDF

Références bibliographiques :

Sur le CNR après la Libération :
René Hostache, Le Conseil national de la Résistance. Les institutions de la clandestinité, Paris, Presses universitaires de France, 1958
Henri Nouguerès,Histoire de la Résistance en France. V. Au grand soleil de la Libération 1er juin 1944-15 mai 1945, Paris, Robert Laffon, 1981.
Claire Andrieu, Le CNR et les logiques de l'insurrection résistantein Le Rétablissement de la légalité républicaine. Interventions actes du colloque organisée par la Fondation Charles De Gaulle et la Fondation nationale de Sciences politiques, les 6-8 octobre 1994, Bruxelles, Editions Complexe, p. 299-375, 1996.
Philippe Buton, Les lendemains qi dui déchantent. Le Parti commmuniste français à la Libération,Paris, PFNSP, 1993.
Philippe Buton et Jean-Marie Guillon, Les pouvoirs en France à la Libération ;Paris, Belin, 1994.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Grand équipement documentaire du Campus Condorcet
10 cours des Humanités
93322 Aubervilliers Cedex
Téléphone : 33 (0)1 88 12 08 80
archives.ged@campus-condorcet.fr
Site web du Campus Condorcet 

Mises à jour :

4 novembre 2019
  • Mise à jour des informations lors du transfert des fonds du Centre d'histoire sociale des mondes contemporains vers le Grand équipement documentaire du Campus Condorcet
  • Identifiant de l'inventaire d'archives :

    FR-930019801-Paris1-CHS-CNR

    Où consulter le document :

    Humathèque Condorcet - Service des archives

    Humathèque Condorcet - Service des archives

    Liens