Notaires de Pignan

Le notariat est établi à Pignan dès le XIVe siècle. Maître Pons du Suc exerce à Pignan et à Cournonterral en 1346 comme l'attestent les minutes de ce notaire conservées sous la cote 2 E 95/1674. L'activité notariale est très dense sur ce territoire au XVIe siècle. On recense en effet plusieurs offices notariaux, comme en témoignent les registres de notaires à Pignan du XVIe siècles parvenus jusqu'à nous, dont ceux de Maître Jean Michel, actif entre 1505 et 1516, de Maître Pierre Ribayrolles, ayant passé des actes en 1522, de Maître Jean Bassaldi, actif entre 1537 et 1539, de Maître Jean Pontier, ayant produit des actes entre 1548 et 1555, de Maître Jean Teixier, en exercice entre 1557 et 1578 et de Maître Pierre Couderc, établi entre 1584 et 1627. Il est certain qu'un deuxième office de notaire est attribué à cette même période, puisque Maître Jean Arnal produit des actes entre 1537 et 1571. Cet office a probablement été transmis à Maître Jacob Arnal, en exercice de 1588 à 1614, puis à Maître Gabriel Arnal, actif entre 1618 et 1614.

Au début du XVIIe siècle, commence l'activité d'une étude dont la succsession des titulaires de l'office nous est connue jusqu'en 1781, date à laquel l'office est définitivement supprimé. Maître Étienne Bascou exerce à Pignan de 1611 à 1650, puis l'office passe à Maître Pierre Bascou, actif entre 1655 et 1680. Son successeur est Maître François Bascou. Celui-ci intrumente entre 1688 et 1712. L'office est cédé à son fils, Maître François Bascou, baptisé le 13 juin 1693. Ce dernier est pourvu de l'office de son père par lettres patentes du 20 janvier 1716. Après son décès, l'office passe à son fils, Maître Augustin Nicolas Bascou, pourvu de l'office de notaire à Pignan par lettres-patentes du 11 avril 1759. Son successeur est Maître Barthélemy Laurent Boissier, reçu notaire de Pignan le 11 juin 1771. L'exercice de ce notaire est très court, puisque Maître Boissier cesse son activité à Pignan après seulement un an, en juin 1772. L'office est alors repris par Maître Bertrand Irlandès. Baptisé le 1er décembre 1722, il est pourvu par lettres patentes du 17 novembre 1772 de l'office de notaire et greffier des arbitrages que tenait Maître Boissier. Le 15 mai 1779, Maître Irlandès est condamné par un appointement du sénéchal de Montpellier pour avoir passé des actes à Fabrègues, après un signalement de Maître Jean Baptiste Delanglade fils, notaire à Pignan et Fabrègues. Maître Irlandès est remplacé par Maître Jean Grollier, qui a précédemment exercé comme notaire à Pignan du 15 janvier 1772 au 6 septembre 1778 en tant que successeur de Maître Jean Barnier de Valcaude, titulaire du second office de notaire à Pignan. Maître Grollier, baptisé le 15 décembre 1740, est pourvu par lettres patentes du 28 juillet 1779 de l'office de notaire de Pignan et de greffier des conventions et arbitrages que détenait jusqu'alors Maître Irlandès. Maître Jean Grollier meurt en exercice le 30 octobre 1781. Après la loi du 6 octobre 1791 portant sur la nouvelle organisation du notariat, un seul office de notaire est jugé suffisant sur la commune de Pignan. L'étendue de l'étude de notaire de Pignan porte alors sur les communes de Saussan, 200 habitants estimés, Lavérune, 450 habitants estimés, Saint-Jean-de-Védas, 200 habitants estimés et Saint-Georges-d'Orques, environ 450 habitants. Le nombre d'habitants dans ces villages ne rend pas nécessaire l'installation d'un deuxième office sur ce territoire pour l'administration. Aussi, l'office de Maître Grollier est supprimé en l'an IV. Un seul office de notaire à Pignan reste pérenne, celui de Maître Jean Baptiste Delanglade fils.

L'origine de la succession de l'office de l'étude pérenne de Pignan nous est connue à partir de l'exercice de Maître Guillaume Delanglade, notaire, mais aussi greffier consulaire de Pignan, de 1656 à 1675. Il est le fils de Louis Antoine Delanglade, notaire de la baronnie de Montlaur. À partir de 1686, Maître Louis Antoine Delanglade succède à Maître Guillaume Delanglade. Le 13 mai 1733, il résigne son office en faveur de Maître Augustin Caze. Baptisé le 29 août 1704 en la paroisse Sainte-Anne de Montpellier, Maître Augustin Caze est pourvu par lettres-patentes du 27 août 1733 de l'office de notaire à Pignan. Il décède le 18 décembre 1744. Son successeur est Maître Jean Baptiste Delanglade. Baptisé le 19 avril 1725, Maître Delanglade est mineur, âgé de 24 ans, quand il sollicite l'autorisation d'exercer comme notaire à Pignan. Comme la majorité est requise pour tout postulant au notariat, il bénéficie d'une dispense d'âge et est ensuite reçu notaire le 6 juin 1749. Maître Delanglade meurt le 21 mai 1769. Maître Jean Barnier de Valcaude, baptisé le 8 novembre 1733, lui succède. Il est reçu notaire de Pignan le 12 août 1769 et exerce jusqu'en 1772. Maître Jean Grollier, son successeur, est pourvu par lettres patentes du 31 décembre 1771. Il est reçu le 15 janvier 1772 et exerce jusqu'au 6 septembre 1778. L'office est ensuite cédé à Maître Jean Baptiste Delanglade fils. Ce dernier note que Maîtres Barnier et Grollier étaient les régisseurs de l'office de son père.

Successeur du premier exercice de Maître Jean Grollier, notaire à Pignan, Maître Jean Baptiste Delanglade fils est pourvu de l'office de Pignan le 26 août 1778 et est reçu le 10 septembre 1778. Le 8 décembre 1778, un arrêt du conseil lui accorde que ses fonctions s'étendent sur la commune de Fabrègues à condition qu'il soit reçu par les officiers. Ainsi, Maître Delanglade est reçu notaire de Fabrègues le 19 février 1779. Après la loi du 6 octobre 1791 portant sur l'organisation du notariat, Maître Delanglade est maintenu comme notaire à Pignan et Fabrègues, avec l'autorisation d'exercer pour les habitants des communes de Saussan et Saint-Jean-de-Védas, pour lesquels aucun office notarial n'est installé. Maître Delanglade décède en 1820. Son successeur est Maître Amand Félix Constant Fidèle Maurin. Il est nommé par ordonnance royale du 4 février 1820 et exerce jusqu'en 1823. Maître Frédéric Eugène Delanglade, né le le 20 vendémiaire an VII à Pignan, lui succède. Il est enregistré notaire de Pignan le 19 novembre 1823 et exerce jusqu'en 1831. Son successeur est Maître Jean Louis Léandre Massal, nommé par décret du 21 février 1831. Il passe des actes à son étude jusqu'en 1863, période à laquelle son remplaçant, Maître Jean Baptiste Frédéric Pagès, est nommé. Maître Massal acquiert l'honorariat le 21 mai 1864. Maître Jean Baptiste Frédéric est enregistré notaire à Pignan le 6 décembre 1863 et exerce jusqu'en 1876. Maître Pierre Joseph Eugène Roussel, nommé notaire de Pignan par décret en date du 30 août 1876, lui succède. Maître roussel reste en activité à Pignan jusqu'en février 1888, date à laquelle il est remplacé par Maître Marie Joseph Ernest de Nucé de Lamothe.

Originaire de Souillac, dans le Lot, Marie Joseph Ernest de Nucé de Lamothe naît le 17 janvier 1858. Il suit ses études en droit à la faculté de Toulouse et obtient sa licence en droit le 26 juillet 1883. Il exerce comme clerc à l'étude de Maître Clément Gèze, notaire à Toulouse, d'octobre 1880 à juillet 1887. Il réussit ensuite l'examen professionnel passé devant la Chambre des notaires de l'arrondissement de Montpellier à la suite duquel il obtient un certificat de capacité et de moralité exigé par l'article 43 de la loi du 25 ventôse an XI. Maître Nucé de Lamothe est alors nommé notaire de Pignan le 4 février 1888 à l'âge de 30 ans en remplacement de Maître Pierre Joseph Eugène Roussel. En 1923, après une plainte de la Chambre de discipline des notaires de l'arrondissement de Montpellier, Maître Nucé de Lamothe est suspecté d'effectuer une partie de son activité notariale hors de sa résidence, à Montpellier, dans un cabinet de consultation situé au boulevard de l'Observatoire à Montpellier. L'enquête menée par le Parquet de Montpellier détermine que cet appartement n'est pas utilisé comme bureau annexe de l'étude et que les activités de Maître Nucé de Lamothe n'ont pas porté concurrence aux notaires montpelliérains. Il est remplacé le 4 juin 1933 par son fils, Maître Louis Emmanuel de Nucé de Lamothe.

La production des notaires de Lavérune est également conservée en sous-série 2 E 70. Une activité notariale est attestée sur ce territoire dès l'année 1406 grâce au registre de reconnaissances féodales de Maître Narcisse Merani, notaire à Lavérune. L'instauration d'un office à Lavérune est certaine à partir de l'exercice de Maître Jacques Barral. Celui-ci s'intitule dans ses premiers actes notaire de Montarnaud, puis, à partir d'août 1623, il précise la mention "habitant de Lavérune". Tous ses actes sont passés dans ce village où il est greffier de la communauté. Au cours de son exercice, il modifie son intitulé au profit de notaire de Lavérune. Son fils, Maître Léon Barral, lui succède comme notaire et viguier de Lavérune à partir de 1655. Fils de Maître Jacques Barral, notaire et viguier de Lavérune, et de Gratie Séranne, Maître Léon Barral naît vers 1626 et épouse en premières noces Claude Ducros, le 24 juillet 1650 à Lavérune. Le couple a plusieurs enfants. Claude Ducros décède à Lavérune le 20 janvier 1670. Veuf, Maître Barral épouse en secondes noces Eléonore Arnaud le 14 juin 1673. Un contrat de mariage est passé le 25 mars 1673 devant Maître Jean Faucilhon, notaire à Montpellier. Maître Léon Barral est également viguier de Lavérune et succède dans l'office à César François Vézian. Il décède le 30 juillet 1686 à Lavérune et son fils, Pierre Barral, baptisé le 3 avril 1677, lui succède. Ce notaire est pourvu par lettres patentes du 6 août 1709 de l'office de son père. Maître Pierre Barral instrumente jusqu'en 1723. L'office est alors repris par Maître Joseph Martin, pourvu par lettres patente du 12 juin 1737 de l'office de notaire à Lavérune. Maître Joseph Martin est actif jusqu'au 18 avril 1751. En 1753, son successeur est Maître Antoine Viguier. Ce dernier instrumente jusqu'en 1768. Maître Pierre Cambon le remplace et reste en exercice jusqu'en 1779. Son successeur est Maître Jean-Baptiste Mounier, dernier titulaire de l'office de notaire à Lavérune. Celui-ci reçoit ses lettres de provision d'office le 14 juillet 1779 et est reçu le 7 septembre suivant. Maître Mounier décède au cours de son exercice. Son office reste vacant à son décès. En raison de la proximité de la commune de Lavérune avec celle de Montpellier, il est jugé que l'établissement d'un notaire n'y est plus justifié. En application de la loi du 6 octobre 1791 portant sur la nouvelle organisation du notariat, l'office de Lavérune est supprimé.

Archives départementales de l'Hérault