Né à Paris le 8 mai 1886, Pierre Chasles a occupé très tôt de nombreuses fonctions administratives et eut de nombreuses activités professionnelles. En effet, il a été licencié de philosophie, docteur en droit (sa thèse Le Parlement russe, son organisation, ses rapports avec l'empereur de 1908, publié deux années plus tard, est actuellement conservée au Service des archives économiques et financières), maître de conférences à la faculté de droit de Paris, diplômé de l'Ecole des Sciences politiques et de l'Ecole des Langues Orientales et membre de l'Institut d'études slaves.

Ces formations lui ont permis d'acquérir la culture générale nécessaire pour réfléchir sur d'importants sujets littéraires, historiques, politiques et économiques constituant une partie de ses archives personnelles. En conséquence, il a rédigé de nombreux articles dans des revues historiques, dont certains sont présents dans ce fonds, y compris au moment de leur élaboration. De plus, il a écrit des ouvrages couvrant principalement les régimes tsariste et soviétique (La crise constitutionnelle de mars 1911 et les oukases extraordinaires en Russie (1912) ; Anatole Leroy-Beaulieu et l'empire des tsars (1913) ; L'Empire russe (1907-1913) (1909-1914) ; Le Bolchevisme expliqué par l'Etat social de la Russie (1921) ; La vie de Lénine (1929). Polyglotte (il parlait et écrivait couramment le russe et l'allemand).

Sa passion pour la politique économique étrangère (principalement les pays slaves, baltes et la Russie) lui a donné l'occasion de quelques voyages en dehors de France (en Finlande, dans le Caucase, le long de la Volga et de l'Odessa, en Perse septentrionale et en Russie) dont il témoigne dans ses notes manuscrites, ainsi que de tenues de conférences (à Paris, en Alsace, en URSS, à Londres, Gênes et La Haye) parfois en parallèle de ses fonctions.

Troisième au concours de 1911 pour être auditeur à la Cour des Comptes, il est ensuite entré au Comité du Secours national en août 1914 en attendant la mobilisation. Une fois mobilisé du 8 février 1915 au 15 août 1919 (bien que réformé en 1906), il a été commis à la Trésorerie et postes aux armées et Trésorier payeur aux armées à la 3ème brigade russe en 1916. Au printemps 1917, il a été également chargé de missions économiques et financières en URSS par le ministère des Affaires Etrangères, notamment en étant l'adjoint de la « mission Tirard » (sous la responsabilité de Paul Tirard, un conseiller d'Etat en charge de cette mission d'octobre 1916 à juin 1917) devant assurer le suivi des paiements des dettes russes aux porteurs français et de la situation financière générale du pays, en rendant directement compte de ses observations au Président du Conseil de l'époque, Alexandre Ribot. A la fin de cette même année, il a été administrateur du territoire de Thann-Massevaux-Dannemarie jusqu'en 1918 pour gérer le service financier de l'enclave.

Après l'armistice, il a été affecté au poste de directeur des services financiers de Lorraine à Metz auprès du Haut-Commissariat de la République d'Alsace-Lorraine. En juillet 1919, il a intégré la Direction du Mouvement général des fonds (ancêtre de la Direction du Trésor) pour être chef de section des relations financières entre l'Etat français et la Russie, la Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et les Etats baltes. Grâce à ce poste, il a participé en qualité d'expert au Comité de contrôle de l'exportation des capitaux. Alors qu'il occupait cette fonction, il était aussi commissaire du gouvernement auprès de la société fermière des Mines fiscales de Haute-Silésie, une société franco-polonaise créée grâce à des subventions françaises. Il accomplit une mission à Berlin et en Rhénanie en 1922 dans le contexte d'occupation des territoires allemands par la France.

Chevalier de la Légion d'Honneur le 26 février 1923, il reçut en outre la croix de guerre de 1914-1918, les médailles d'honneur des affaires étrangères, l'Ordre Polonia Restituta, l'Ordre de l'Etoile en argent de Roumanie et la Royal Red Cross.

Quittant la Direction du Mouvement des fonds en 1925, il termina sa carrière en tant que conseiller référendaire de la Cour des Comptes jusqu'à sa mort prématurée de la tuberculose à Versailles, le 29 décembre 1929, à l'âge de 43 ans.

Service des archives économiques et financières