Inventaire d'archives : Répertoire numérique détaillé du fonds Raymond Marquié

Contenu :

Ces archives comprennent principalement, d’une part, des pièces en lien avec la Mission militaire française de rapatriement en URSS, dirigée par Raymond Marquié de novembre 1945 à la fin 1947, et, d’autre part, des dossiers témoignant de son engagement au sein de l’association France-URSS, dont il a été de 1948 à 1953 le secrétaire national à la propagande, et au sein de laquelle il a été, en 1972-1973, l’animateur principal du Comité national de commémoration du 30ème anniversaire de la bataille de Stalingrad.
Deux derniers cartons regroupent des pièces concernant le MNPGD (Mouvement national des prisonniers de guerre et des déportés) et le RNPG (Rassemblement national des prisonniers de guerre), ainsi que de petits dossiers d’archives et de documentation sur divers sujets.

Publication :

Agence Bibliographique de l’Enseignement supérieur
2022

Informations sur le producteur :

Raymond Marquié
Raymond Marquié est né en 1913 à Paris.Alors employé par la société des usines chimiques Rhône-Poulenc, il est mobilisé en août 1939 et passe toute la « drôle de guerre » sur la ligne Maginot, avant de participer, en juin 1940, aux combats de retardement avec la Division de marche Chastenet (43ème CA). Fait prisonnier, il est envoyé en Prusse orientale puis en Pologne occupée, où du fait de sa connaissance de la langue allemande il est affecté comme interprète médical dans un hôpital de campagne pour prisonniers de guerre situé à proximité de la ligne de démarcation entre l’Allemagne hitlérienne et l’Union soviétique, et réservé aux prisonniers soviétiques dès l’automne 1941, après le déclanchement de l’invasion de l’URSS par les nazis.
Ayant de bonne notions de russe, il poursuit sa tâche d’interprète, se lie d’amitié avec des officiers de l’Armée rouge (avec lesquels, pour certains, il travaillera plus tard lors de sa mission en URSS) et, en contact avec des résistants polonais et les maquis soviétiques, participe à la création de réseaux d’évasion pour prisonniers de guerre soviétiques. C’est seulement en septembre 1943 que, grâce de faux papier de malade, il parvient à revenir en France. Grâce à Albert Buisson, alors président de Rhône-Poulenc, il est affecté comme adjoint à Henri Guérin, responsable d’un service créé au sein de cette entreprise pour l’entraide aux prisonniers de guerre et travailleurs en Allemagne de cette société. Cette couverture lui permet de mener parallèlement une tache clandestine, au sein vraisemblablement du MNPGD ; c’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Maurice Pinot, dont le rôle était important dans la résistance des prisonniers de guerre.
A la Libération, il est sollicité pour collaborer à la préparation des Missions de rapatriement. A partir de septembre 1944, il est de nouveau officiellement mobilisé au sein du nouveau Ministère des prisonniers et déportés, en particulier pour travailler sur des projets pour le rapatriement d’URSS, ses compétences linguistiques, sa connaissance des problèmes propres aux prisonniers de guerre et ses amitiés en URSS (où ses activités passées étaient connues) étant ainsi mises à profit ; « communiste convaincu, j’avais à cœur de faire le maximum dans les meilleures conditions, pour rapatrier mes compatriotes et pour montrer, ainsi, le visage authentique de l’URSS amie de la France » (extrait de son CV de novembre 1975 conservé dans le fonds).
Dès la signature de l’accord de rapatriement franco-soviétique (29 juin 1945), il part en URSS avec la Mission militaire française de rapatriement dirigée par le général Pierre Keller. Lieutenant-colonel, il est d’abord nommé chef d’Etat-major, avant de succéder au général Keller à la tête de la Mission à partir de novembre 1945 et jusque fin 1947. En deux ans et demi, plus de 300000 Français dont 21000 Alsaciens ou Lorrains (ou présumés tels), « Malgré-nous » prisonniers en URSS seront libérés par l’Armée rouge et rapatriés en France. (« Le problème complexe et douloureux des Alsaciens et Lorrains incorporés de force, parlant Allemand, portant uniforme allemand, fut un des plus délicats à résoudre et des plus exploités abusivement contre l’URSS. (…) « Si mes convictions politiques étaient connues et ne pouvaient que servir notre cause auprès des autorités soviétiques, ma désignation ne fut l’œuvre ni du PCF ni d’aucun autre parti ; je la dois uniquement à la confiance de mes camarades résistants, anciens prisonniers de guerre et des ministres responsables » (Ibid. ; Henri Frenay, Robert Prigent, Laurent Casanova et François Mitterrand sont alors successivement ministres des anciens combattants et des prisonniers de guerre).
A partir du début de la guerre froide, le travail de la Mission devient plus compliqué. En novembre, une descente de police, en France, au camp de « Beauregard » (camps où sont regroupés des citoyens Soviétiques déplacés par la guerre, prisonniers de guerre et civils, anciens déportés par les nazis, etc., hommes et femmes), au prétexte que celui-ci échapperait à tout contrôle, puis l’expulsion des militaires de la Mission soviétique de rapatriement, accusés d’espionnage, remet en cause l’accorde de rapatriement signé en 1945. En décembre 1947, la Mission française à Moscou doit cesser ses activités, et ses quatre membres sont fermement invités à quitter immédiatement le territoire de l’URSS.
Avant son départ Raymond Marqué donne à Moscou une conférence de presse pour dénoncer cette dégradation des relations franco-soviétiques, dont selon lui « les instigateurs ne se trouvaient pas en France mais bien avant tout de l’autre côté de l’Atlantique » (extrait d’une lettre de Raymond Marquié au maire de Saint-Denis, en mai 1972, conservée dans le dossier « Correspondance et pièces complémentaires. Années 1970 à 1990 » du carton coté ARCH/0308/3). En vertu d’une décret du 6 juin 1939, et bien que rien ne puisse lui être reproché sur le plan du travail ou de la gestion de ses affaires, cette prise de position publique, et critique, à l’étranger, en tant que chef d’une Mission militaire, sans autorisation du Conseil des ministres, lui vaudra, à son retour en France, une démobilisation immédiate et une condamnation à 30 jours d’arrêts de forteresse, à Saint-Denis.
Libéré, Raymond Marquié devient en 1948 secrétaire national à la propagande (permanent) de l’association France-URSS (créée en 1945), poste qu’il occupe jusqu’en 1953 — une pleurésie lui ayant été diagnostiquée en février 1951, il est cependant obligé de suspendre ses activités pendant près d’un an (en 1953, une caverne au poumon, potentiellement tuberculeuse, étant détectée, il sera soigné d’abord à Paris puis, pendant 4 mois, en 1954, dans un sanatorium près de Moscou, où il séjournera de nouveau pendant trois ou quatre mois en 1955 et 1956).
Grâce à Maurice Pinot, connu en France après son retour en 1943, il trouve alors un emploi dans l’industrie chimique, tout en continuant à rester membre des instances dirigeantes de France-URSS, jusqu’à la disparition de l’association en 1992 : en 1972-1973, il joue ainsi un rôle moteur au sein de son Comité national de commémoration du 30ème anniversaire de la bataille de Stalingrad, et participe aussi, par exemple, en 1985, à la Commémoration du 40ème anniversaire de la victoire de 1945.Raymond Marquié est décédé à Paris en 2004.

Informations sur l'acquisition :

Don d’Hélène Marquié enregistré en mars 2022 sous le numéro 81246.

Description :

Critères de sélection :
Les trois ouvrages suivants, déjà présents dans les collections de La contemporaine, n’ont pas été conservés :
Dossier PG, rapatriés 1940-1945. Recueil de témoignages d'informations et de commentaires sur les activités, en France, des prisonniers de guerre (PG) évadés ou rapatriés avant 1945, dans l'administration PG, l'action sociale PG, la résistance PG. Asnières, Dossier PG rapatriés 1940-1945, 1981, 2 tomes. Directeur de publication : Jean Védrine. Voir aussi les deux exemplaires conservés par La contemporaine sous les cotes F 4058/1 et Q 17346/1-2.
Georges Baud, Louis Devaux et Jean Poigny, Mémoire complémentaire sur quelques aspects des activités du service diplomatique des prisonniers de guerre : SDPG-DFB-Mission Scapini, 1940-1945, témoignages de dix délégués documents et réflexions mis à la disposition des Services d'archives, des bibliothèques et des Centres de documentation pour encourager la recherche, pour contribuer à l'étude et au bilan de cette Mission (Paris, G. Baud, 1984). Voir l’exemplaire conservé par La contemporaine sous la cote Q 18383.
Michel Cailliau sur le Mouvement de résistance des prisonniers de guerre et des déportés (Michel Cailliau dit « Charrette », Histoire du MRPGD, ou D'un vrai mouvement de Résistance (1941-1945) (Paris, M. Cailliau 1987). Voir les deux exemplaires conservés par La contemporaine sous les cotes O res 510 et O 120932.

Conditions d'accès :

Librement consultable.

Conditions d'utilisation :

La reproduction, la publication ou la citation des documents sont soumises à l’accord préalable de La contemporaine.

Description physique :

Importance matérielle :
8 cartons

Ressources complémentaires :

Voir aussi le dossier « Mission française de rapatriement en URSS » (pièces confiées par Raymond Marquié) conservé dans le fonds Jean Védrine (carton coté F/DELTA/RES/0293/6).
La brochure La Vérité sur la grève du ministère des anciens combattants et victimes de guerre, par Maurice Cochet, secrétaire du syndicat national (Syndicat national CGT des personnels du ministère des anciens combattants et victimes de guerre, sd), initialement présente dans le fonds, en a été extraite pour être traitée comme une monographie ; elle est désormais conservée sous la cote O pièce 60563.

Références bibliographiques :

Un Curriculum vitae (période 1939-1947) établi par Raymond Marquié, daté du 5 novembre 1975, est conservé dans le dossier « 1975. Etude sur le rapatriement des Français en URSS » (carton coté ARCH/0308/2). Voir aussi la fiche biographique de Raymond Marquié sur le site du « Maitron », dictionnaire biographique du mouvement ouvrier .

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

La contemporaine

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FR_920509801_LC_Archives_AP_Marquie_Raymond

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