Robert Javelet (Épinal, 8 juillet 1914-ibid., 19 mai 1986), était prêtre, théologien, historien, professeur, écrivain et journaliste.

Fils d’Henri-Alexis Javelet, agent d’assurances, et de Léonie Pernot, Robert Javelet est élevé dans un esprit d’obéissance et de piété. Il milite, dès sa prime jeunesse, dans des groupes de jeunesse chrétiens et y développe son sens de l’écriture en créant, avec Pierre Christophe, un feuillet périodique intitulé Captivant et qui paraîtra de 1926 à 1937. Élève brillant à l’école Saint-Goëry à Épinal, il obtient son certificat d’études primaires à 11 ans, puis intègre le petit séminaire de Mattaincourt. Il participe en outre à de nombreux patronages et colonies de vacances. Après un report d’un an, il effectue son service militaire entre 1935 et 1936 ; il est d’abord affecté au 155e régiment d’artillerie à pied (R.A.P.), puis au 166e régiment d’artillerie de forteresse à compter du 1er septembre 1937 . Sa santé fragile lui vaut un séjour à l’hôpital militaire d’Haguenau en 1936.

A son retour, il choisit la voie du sacerdoce en intégrant le grand séminaire de Saint-Dié ; il est ordonné prêtre en 1938 puis nommé professeur au petit séminaire de Droiteval. Rappelé au 166e régiment d’artillerie le 24 août 1939, l’abbé Javelet fait preuve d’une activité apostolique débordante durant la Drôle de Guerre, créant notamment un foyer catholique du soldat et un journal de régiment intitulé L’Amphibie. Il est capturé le 24 juin 1940 à La Bourgonce, comme des centaines de milliers d’autres soldats encerclés dans la poche de l’Est. Frappé de dysenterie, il est hospitalisé à Strasbourg, puis transféré au camp d’Oberhoffen. Refusant son rapatriement au motif de santé fragile, il reste auprès de ses camarades de captivité pendant près de cinq ans, déployant une activité importante : il veille au ravitaillement, participe à la création d’un théâtre et prête son concours aux tentatives d’évasions.

Rendu à la vie civile en mai 1945, il devient enseignant au séminaire de Martigny (Vosges), poste qu’il occupe jusqu’en 1947, avant de reprendre ses études en s’inscrivant à la faculté de Nancy où il obtient plusieurs licences tout en assurant la fonction d’aumônier au lycée d’Épinal . C’est à cette époque que l’abbé Javelet édite ses premiers ouvrages évoquant sa captivité et le sort des prisonniers de guerre en Allemagne en publiant successivement Les barbelés ont fleuri (1950), Mon curé chez les P.G. (1953) et Camarade curé (1961) ; particulièrement actif dans le milieu des anciens prisonniers de guerre, il participe également au journal Eux et Nous, et organise de nombreux pèlerinages à Lourdes. En 1959, il est nommé au CNRS et représente la France dans de nombreux congrès et conférences de philosophie. Il entre, la même année, à la faculté de théologie catholique de Strasbourg dont il devient titulaire de la chaire de philosophie-théologie. Il devient spécialiste de la littérature religieuse du XIIe siècle à laquelle il consacre de nombreux ouvrages – notamment sa thèse de doctorat intitulée Image et ressemblance au douzième siècle, de saint Anselme à Alain de Lille – entre 1959 et 1966. L’abbé Javelet prend sa retraite de professeur en 1982.

L’œuvre de l’abbé Javelet et particulièrement éclectique : poète, il donne plusieurs recueils de vers dont Le Sourire vient d’éclore (1953) ou Fleurs de nos épines (1960). En 1962, il fait jouer une pièce de théâtre La Dame en bleu dans laquelle sa prédilection pour le culte marial s’affirme. Historien, il donne aussi deux remarquables ouvrages consacrés à Épinal : Épinal à la Belle Époque (1969) et Épinal, images de mille ans d’histoire (1972). À la fin de sa vie, le soucis pastoral domine : il crée, en 1977, le journal Horizons lorrains où il expose des convictions religieuses peu et progressistes, puis publie Intelligence de la foi, exposé de la doctrine catholique (1977) suivie par Marie, la femme médiatrice et L’unique médiateur, Jésus et Marie, qui est considéré comme son testament spirituel.