Inventaire d'archives : Fonds de l'Association nationale Service formation des jeunes en Algérie - Guerre d'Algérie 1954-1962

Contenu :

Le fonds de l'Association nationale Service formation des jeunes en Algérie - Guerre d'Algérie 1954-1962 est structuré en 7 parties : Création (266 J 1), Administration (266 J 2-3), Comptabilité et finances (266 J 31), Adhérents et membres de l'association (266 J 4), Correspondance (266 J 5-12), Activités (266 J 13-29, 32), Dissolution (266 J 30). Le fonds comprend l'ensemble des archives classiques d'une association.
Les activités de l'association sont particulièrement bien documentées et se déclinent selon plusieurs axes.
Le premier but de l'association est ainsi de rassembler les anciens membres du SFJA dans une structure associative commune, autour d'assemblées générales annuelles. Une correspondance fournie (266 J 5-12) permet de suivre le développement de l'association, dont le nombre d'adhérents est ainsi régulièrement mis à jour (266 J 4). La présence de représentants de l'association lors des cérémonies patriotiques d'anciens combattants est également régulière. On en retrouve ainsi les mentions dans les journaux locaux, et dans les livres d'or annuels de l'association (266 J 13). Les dossiers de réunions du conseil d'administration (266 J 2) et des assemblées générales (266 J 3) permettent aussi de suivre l'évolution structurelle de l'institution au cours de ses années d'existence.
Un travail de collecte d'archives et de témoignages mené par l'association est également à signaler. Des archives originales du SFJA, comprenant des archives administratives (266 J 22 et 23), des archives pédagogiques (266 J 20 et 21), des archives de propagande (266 J 24) et de nombreuses photographies (266 J 19) sont regroupées avec les récits et témoignages individuels des membres de l'association (266 J 18). L'objectif mémoriel de l'association permet de la sorte à cette dernière de s'associer étroitement à un travail de recherche historique scientifique avec le chercheur universitaire Luc Capdevila, dont les travaux ont fait l'objet d'une publication reconnue et de plusieurs articles (266 J 27-28).
Enfin, juridiquement, l'association milite pour que le personnel du SFJA puisse faire valoir ses droits à l'obtention de la carte du combattant. Après plusieurs années de démarches et une correspondance active avec les instances gouvernementales (266 J 14), le 30 janvier 2014, le Cabinet du Ministre délégué auprès du Ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants, attribue la carte du combattant aux anciennes monitrices du SFJA, à condition d'avoir été présentes en Algérie plus de quatre mois entre le 31 octobre 1954 et le 2 juillet 1962. En 2018, l'association mène un nouveau combat pour que les monitrices puissent elles aussi bénéficier de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ; cette demande reste toutefois sans effet car l'article 7 de la loi ne concerne que les rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés (harkis et mokhaznis français régis par la loi coranique) qui peuvent prétendre à l'obtention de l'allocation de reconnaissance. Pour étayer sa demande, l'association prend ainsi soin de collecter les preuves et documents, rassemblés dans chaque chaque dossier individuel de membre de l'association (266 J 15-17). Enfin, la mention "Mort pour la France" est attribuée en 2019 aux quatre monitrices du SFJA décédées lors du conflit (266 J 14). 
Le fonds de l'Association nationale Service formation des jeunes en Algérie - Guerre d'Algérie 1954-1962 conserve ainsi une documentation historique inédite documentant un pan méconnu de la guerre d'Algérie.

Cote :

266 J 1-32

Publication :

Archives départementales de l'Hérault
2023
Montpellier

Informations sur le producteur :

Service de Formation des Jeunes en Algérie [SFJA] (1957-1962)
Association nationale Service formation des jeunes en Algérie - Guerre d'Algérie 1954-1962 (2009-2018)
L'Association nationale Service formation des jeunes en Algérie - Guerre d'Algérie 1954-1962, régie par la loi du 1er juillet 1901, est déclarée à la sous-préfecture de Béziers le 24 avril 2009, sous la présidence de Colette Arnardi (présidente-fondatrice). Le but de l'association est la reconnaissance juridique des monitrices et moniteurs du Service de Formation des Jeunes en Algérie (SFJA) comme anciens combattants.
Créé par le Ministère des armées en juillet 1957, le Centre d'Entraînement des Moniteurs de la Jeunesse en Algérie (CEMJA) forme des appelés du contingent, à l'occasion de deux stages d'une durée de 5 à 6 mois à Fontenay-le-Comte (sport), Rivesaltes (bâtiment) et Rovigo en Algérie (agriculture). Le but est alors de conserver ou ramener la jeunesse à la cause de l'Algérie française. Le cinquième bureau d'Alger oriente le rôle des moniteurs, encadrés par 80 officiers des trois armées. L'arrêté du 1er décembre 1958 créé alors trois structures : les Centres de formation des Jeunes en Algérie (CFJA), les Foyers et les Foyers sportifs.
Après la crise du 13 mai 1958, la première promotion de formation des monitrices du SFJA entre à l'Institut de formation ménagère de l'École d'Agriculture d'Alger, transférée dès avril 1959 à la caserne Richemont à Nantes, qui est alors rebaptisée Centre d'Enseignement des Monitrices des Jeunes en Algérie. Chaque promotion accueille une centaine de jeunes filles, natives des différents départements d'Algérie, recrutées prioritairement parmi les français de "souche nord-africaine" et de "souche européenne". La formation est paramilitaire, excluant cependant le maniement des armes. Les disciplines enseignées sont l'enseignement général, ménager, les premiers soins infirmiers, l'instruction civique, le sport et le chant.
L'objectif initial est en effet tout d'abord d'encadrer les adolescents non scolarisés dans le cadre de la contre-insurrection, avant de se focaliser sur la scolarisation générale en Algérie, et notamment l'alphabétisation des jeunes non scolarisés. L'ordonnance du 20 août 1958 prévoit en effet la scolarisation complète de la jeunesse d'Algérie avant 1965. Par le biais des jeunes femmes, le gouvernement entend dès lors faire passer un message d'intégration : la promotion des femmes musulmanes devient un axe de pacification. Agés de 14 à 20 ans, garçons et filles reçoivent une formation de base pour faire émerger une élite musulmane (ouvrière et paysanne) favorable à la France. À la fin de l'année 1960, le SFJA réunit 362 officiers et sous-officiers pour l'encadrement, 2562 hommes pour l'encadrement des garçons et 200 monitrices pour l'enseignement féminin. En 1962, près de 600 foyers de jeunes et une centaine de centre de formation ont été ouverts, tenus par 400 monitrices. 70 000 enfants et adolescents (dont 10 000 filles) ont été scolarisés à travers ce dispositif. Les centres de formation et foyers se situaient dans les camps et villages de regroupement. Ce fut une expérience inédite où des femmes ont été envoyées en zone opérationnelle, pour travailler avec la population civile, sous autorité militaire, là où l'Éducation Nationale n'intervenait pas.
Après quatre années d'activité en diverses régions de l'Algérie, de 1959 à 1962, le SFJA est dissout, parallèlement à la reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie. 46 ans plus tard, en 2008, l'Association nationale Service formation des jeunes en Algérie - Guerre d'Algérie 1954-1962 est fondée pour faire reconnaitre le rôle joué par le SFJA pendant la Guerre d'Algérie. Pendant dix ans, elle œuvre pour rassembler les anciennes monitrices et moniteurs, leur faire reconnaître les droits inhérents aux Anciens combattants, et enfin collecter archives et témoignages pour contribuer à la recherche historique relative à cette période. Tous les buts de l'association ayant été réalisés, cette dernière est dissoute le 1er octobre 2018 lors d'une assemblée générale extraordinaire.

Informations sur l'acquisition :

Don Colette Garcia-Arnardi (entrée n° 6730, 27 novembre 2018 ; entrée n° 7511, 4 juillet 2022).

Description physique :

Importance matérielle :
1,03

Ressources complémentaires :

Des nombreux fonds d'archives concernant le SFJA sont identifiés par Luc Capdevila dans son ouvrage Femmes, armée et éducation dans la guerre d'Algérie : l'expérience du service de formation des jeunes en Algérie, Presses Universitaires de Rennes, collection Histoire, 2017, pages 216-219 [Archives départementales de l'Hérault, 266 J 28]. Ceux-ci sont conservés aux Service Historique de la Défense (Vincennes), à l'Établissement de Communication et de la Production Audiovisuelle de la Défense (Ivry-sur-Seine), aux Archives nationales d'Outre-mer (Aix-en-Provence) et aux Archives départementales du Cantal.
Archives départementales de l'Hérault :
1 J 2085 Fonds Colette Arnardi (née Garcia, en 1943) : archives personnelles, archives associatives, archives politiques, correspondance (1935-2022).

Références bibliographiques :

Capdevila (Luc), "Guerre, engagement et émancipation féminine : l'expérience singulière des monitrices du SFJA (Algérie, 1958-1962)", dans L'engagement et l'émancipation : ouvrage offert à Jacqueline Sainclivier, sous la direction de Patrick Harismendy et Luc Capdevila, Presses Universitaires de Rennes, collection Histoire, 2015, pages 119-135. [Archives départementales de l'Hérault, 266 J 28]
Capdevila (Luc), Femmes, armée et éducation dans la guerre d'Algérie : l'expérience du service de formation des jeunes en Algérie, Presses Universitaires de Rennes, collection Histoire, 2017, 234 pages. [Archives départementales de l'Hérault, 266 J 28]

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives départementales de l'Hérault

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD034_M_000809

Archives départementales de l'Hérault

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