Joseph, François de Cadoine marquis de Gabriac, originaire d'une famille du Languedoc, (les Cadoine de Gabriac), était le petit-fils d'un aide de camp du prince de Condé, ami d'enfance du duc de Richelieu, le ministre des Affaires étrangères de la Restauration.
Son père Ernest de Gabriac, lui-même diplomate, avait débuté en qualité de secrétaire à Naples en 1812, au temps du premier Empire. On peut retenir de sa carrière, son séjour au Brésil comme ministre plénipotentiaire, son ambassade à Berne, son ralliement au second Empire (il devint sénateur en 1853). Il faut signaler également une intéressante lettre qu'Ernest de Gabriac écrivit à Guizot le 23 mars 1845, où il démontre l'utilité pour le bon règlement des affaires de recréer plusieurs charges de "publicistes" des Affaires étrangères, autrement dit de conseillers juridiques. La lettre en question serait à citer dans une histoire du service juridique du ministère des Affaires étrangères.
Son fils Joseph, dont nous possédons les papiers, avait été l'un des élèves de l'éphèmère école d'administration, créée en 1848. Après la dissolution de cette école, une recommandation paternelle, garantissant chez lui "une véritable vocation" pour la carrière diplomatique, lui valut une nomination, le 15 novembre 1849, d'attaché aux archives.
Il avait été auparavant attaché à la conférence de Bruxelles.
Jusqu'à sa mise à la retraite, le 1er janvier 1885, Joseph de Gabriac occupa successivement les postes suivants (date de nomination) :
- Surnuméraire à la direction politique le 20 juin 1850.
- Secrétaire adjoint des deux commissions instituées en vertu de la loi du 20 mars, relative à la répartition de l'excédent provenant de l'indemnité payée par le Mexique le 25 mars 1851.
- Secrétaire à Naples le 6 juin 1859.
- Secrétaire à Rome le 10 décembre 1859.
- Secrétaire à Münich en 1862.
- Secrétaire à Saint-Pétersbourg le 16 décembre 1866.
- Chargé d'affaires à Berlin en 1871.
- Ministre à La Haye le 15 mai 1872.
- Ministre à Athènes en juillet 1874.
- Ministre à Bruxellesle 24 octobre 1876.
- Ambassadeur à Rome (Saint-Siège) le 20 mars 1878.
Il envoya deux rapports dont il fut félicité, l'un sur l'Allemagne, l'autre sur la Russie, à la fin de ses séjours à Münich et à Saint-Petersbourg.
Il était le neveu du duc de Gramont qui avait été son ambassadeur à Rome et qu'il félicita le 18 mai 1870 après sa nomination au ministère des Affaires étrangères. Cette nomination fut probablement la cause de l'envoi du marquis de Gabriac comme chargé d'affaires à Berlin, où il rencontra Bismarck et acquit une expérience de la politique allemande qui perce à maintes reprises dans sa correspondance.
Il exerça avec distinction, en des années difficiles, les fonctions d'ambassadeur à Rome (Saint-Siège) sous le pontificat de Léon XIII. Son dossier renferme à ce sujet deux copies de lettres élogieuses de Waddington qui lui sait gré d'avoir évité "de prendre ouvertement parti dans nos luttes politico-religieuses" et d'avoir pu contrebalancer "l'action que les passions violentes cherchaient à exercer sur le Vatican". Il avait épousé pendant son séjour en Russie, Catherine-Anne de "Davidoff", soeur d'un conseiller privé de l'Empereur de Russie.
Paulette Enjalran.

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve