Inventaire d'archives : Fonds Jean Zyromski

Contenu :

Le Fonds Jean Zyromski rassemble tous les papiers conservés par Zyromski à l’exception de :
1. Les dossiers saisis par la police allemande le 22 juin 1940. Selon une note manuscrite, ils concernaient l’Internationale ouvrière socialiste, l’antifascisme, la politique extérieure et des congrès nationaux (Toulouse : 1934, Paris : 1936, Montrouge : 1938, Nantes : 1939).
2. Des dossiers sur la Fédération communiste du Lot-et-Garonne remis à cette Fédération.
3. Quelques papiers personnels détenus par la famille, en particulier des lettres adressées d’Espagne à sa femme (1936-1939).

Cote :

Paris1 CHS JZ

Publication :

Agence bibliographique de l'enseignement supérieur
2011

Informations sur le producteur :

Zyromski, Jean (1890-1975)
Né le 20 avril 1890 à Nevers (Nièvre) dans une famille bourgeoise, d'une mère catholique (Angèle Jouguet, née le 16 juin 1866 à Nîmes) et d'un père intellectuel dreyfusard (Ernest Zyromski, né à Nîmes en 1862) descendant d'une famille de nobles catholiques polonais, Jean Zyromski passa son enfance à Toulouse (Haute-Garonne) où son père enseignait la littérature. Il fut gagné aux idées socialistes vers 1910, pendant ses études à la Faculté de droit : "J'avais été frappé par la solidité et la cohérence des théories de Marx en suivant les cours d'Economie politique de la licence en droit" écrivit-il plus tard.
Un jeune avocat,Vincent Auriol, le fit admettre à la section socialiste toulousaine en 1912. Il représenta le courant socialiste dans l'Union des Etudiants Républicains et affirma déjà "la nécessité de la Défense nationale en régime capitaliste". Ses activités politiques et le thème de son doctorat en droit (La protection légale du salaire vis-à-vis de l'employeur, Toulouse, 1913, 249 p.) provoquèrent une brouille avec sa famille qui avait espéré le voir s'orienter vers une carrière prestigieuse. Pour consacrer le plus de temps possible au militantisme, le jeune docteur en droit entra par concours comme rédacteur à la Préfecture de la Seine. Il devint chef de bureau.
Mobilisé en août 1914, Jean Zyromski combattit sur le front et fut blessé. Un an de réforme temporaire lui permit de reprendre son action à la 6e section socialiste de la Seine, où il se prononça "contre la reprise des relations internationales avec les représentants de la Sozial-Démocratie" (A III, comptes rendus des Assemblées générales de la 6e section). Réincorporé en octobre 1916, i1 fut envoyé en Orient mais resta en relation épistolaire avec des dirigeants socialistes et put, à l'occasion d'une permission, assister au XIIIe congrès national, à Paris, du 26 au 28 décembre 1916.
Fidèle à ses convictions "majoritaires", Zyromski anima avec Marcel Déat le Comité de Résistance de la 5ème section et vota en décembre 1920 pour la motion Blum, contre l'adhésion à la IIIe Internationale. Il resta à la "vieille maison" considérant que le Parti communiste naissant était contaminé par "les courants anarchistes". Il s'en expliqua longuement en 1960 dans un article des Cahiers internationaux (n°114, sept-oct.1960) intitulé "Quarantième anniversaire du Congrès de Tours", son dernier grand texte politique. Rapidement Jean Zyromski jugea le socialisme international menacé par le "révisionnisme". Son combat rejoignit celui du théoricien marxiste Otto Bauer avec lequel il correspondit. Avec des militants le plus souvent formés par 1e guesdisrne, il organisa un courant de "Résistance socialiste " puis de "Bataille socialiste" , dont le nom revint à un journal mensuel en 1927. Le numéro un publié 1e 10 juin 1927 proclamait : "Contre l'affaiblissement de la conception générale d'action de classe qui s'est manifestée dans les diverses formes de l'activité du Parti, ils veulent agir vigoureusement et ils pensent que les événements en mettant en relief 1' accentuation des antagonismes de classe, indiquent au socialisme sa véritable voie" . Le journal réunit immédiatement les signatures de Paul Colliette (administrateur), Bracke, Louis Lévy, Léo Lagrange, Léon Osmin, Emile Farinet, Georges Dumoulin auxquelles s 'ajoutèrent bientôt celles de Ludovic Zoretti et Marceau Pivert. Membre suppléant de la commission administrative permanente de décembre 1920 à février 1924, Jean Zyromski siégea comme titulaire jusqu'en 1939 et entra au Bureau en mai 1926, occupant les fonctions de secrétaire de la sous-commission des conflits (1926, 1927, 1928, 1929), secrétaire de la sous-commission de propagande (1930, 1931, 1935, 1936), secrétaire de la sous-commission des éditions et de la documentation (1932, 1933), secrétaire de la sous-commission d'action internationale (1938). Malgré l'importance de son rôle, il n'eut guère d'ambitions électorales. Il ne se présenta pas dans des circonscriptions faciles : 3ème secteur de la Seine 1e 11 mai 1924 (5e de liste), 3e circ. du XIe arr. de Paris1e 1er mai 1928, 4e circonscription de l'arr. de Béthune le 1er mai 1932. Peut-être en raison de son métier, il ne fit jamais acte de candidature au conseil municipal de Paris.
Partisan résolu de l'unité d'action avec le Parti communiste, il put, lors de son passage aux fonctions de secrétaire de la Fédération socialiste de le Seine en 1929-1930, tenter sur 1e terrain, un rapprochement entre les militants socialistes et communistes malgré les divisions des directions. Quand le PCF s'engagea dans une politique de Front populaire Jean Zyromski jugea possible l'Unité organique et entraîna sur ses positions La Bataille socialiste et la Fédération de la Seine (Voir G.Lefranc, "La tentative de réunification entre1e Parti socialiste et le Parti communiste de 1935 à 1937", L'information historique, janvier-février 1967). Après avoir connu son apogée dans la lutte contre le néo-socialisme, la Bataille socialiste vit s'éloigner d'elle des militants (Paul Faure, Séverac, Lebas) qui, jugeant le danger du "participationnisme" et du "ministérialisme" éloigné, ne voulaient pas être solidaires des thèses de Zyromski. La correspondance entre Zyromski et Marceau Pivert témoigne de profondes divergences sur la "défense nationale en régime capitaliste", dès la préparation du congrès de Tours (24-27 mai 1931) : le problème actualisé par la menace de l'Allemagne nazie et la signature du pacte Laval-Staline en mai 1935 conduisit à la rupture, consommée à la fin de l'été 1935.
Pendant le Front populaire, Zyromski refusa d'être directeur de cabinet de Léon Blum, mais, comme directeur de la Page économique et sociale (désigné par Blum), il fut en contact fréquent avec le président du conseil. La question espagnole les sépare définitivement. Le créateur du Comité d'Action Socialiste pour l'Espagne vit dans la non-intervention, puis dans les accords de Munich les prémices d'une capitulation nationale face au fascisme allemand.
Dès leur entrée à Paris, les allemands tentèrent de l'arrêter à la Préfecture de la Seine, perquisitionnèrent à son domicile puis se désintéressèrent de lui. Il put participer à la reconstitution clandestine de la 5e section socialiste mais ne chercha pas à rester en contact avec la direction clandestine. Les archives permettent de corriger sur ce point des erreurs ou des imprécisions dues à l'absence de sources. Ayant obtenu sa retraite administrative le 2 octobre 1940, il eut l'autorisation, au bénéfice du "retour à la terre", de se retirer dans sa ferme du Lot-et-Garonne, achetée en 1938. Il s'y installa le 7 août 1941 et fut en contact avec la résistance locale. Arrêté comme "juif", Zyromski séjourna au camp de Drancy de la fin de l'année 1943 au début de l'année 1944. Sa famille fournit les preuves de son ascendance catholique et réussit à le faire libérer à la faveur d'un changement de direction du camp (J'ai porté l'étoile jaune de David, Manuscrit, 44p.). Les relations qu'il eut avec des militants comunistes pendant son emprisonnement semblent l'avoir déterminé à rejoindre le Front national.
Dès la Libération, Jean Zyromski fut traité en suspect par la direction socialiste et en interlocuteur privilégié par le Parti communiste. Il mena une ultime campagne en faveur de l'Unité organique, puis traduit devant la commission de contrôle en mai 1945 pour avoir participé à un meeting du Front national, il donna son adhésion au Parti communiste en septembre, suivi par quelques militants de base. Son nouveau parti le fit élire conseiller de la République. Zyromski, installé définitivement à Marmande (Lot-et-Garonne), renonça rapidement à tout mandat pour se consacrer à une recherche intellectuelle sur le "matérialisme géographique" et à la rédaction d'articles pour les Cahiers internationaux. Affecté par la mort de sa femme, Marcelle, en 1962, puis atteint par la maladie, il s'installa dans un petit appartement à Chatillon-sous-Bagneux, à proximité de chez sa fille, tout en conservant sa maison de Marmande. Il cessa toute activité politique et abandonna la rédaction de ses mémoires après l'intervention militaire en Tchécoslovaquie d'août 1968.
Après le décès de Jean Zyromski, le 20 octobre 1975, Lily Bleibtreu fit venir de Marmande un métre cube de brochures, journaux, documents, archives. Une grande partie des imprimés furent confiés à Michel Dreyfus, conservateur à la B.D.I.C., pour compléter l'importante collection de journaux et de brochures socialistes. Ainsi ont pu être constituées les seules séries complètes de la Bataille socialiste, de la Correspondance socialiste, de la Vie du parti et des comptes rendus des congrès de la Fédération socialiste de la Seine (1920-1938). Les documents non utilisés, en raison de leur présence antérieure dans le fonds de la B.D.I.C., seront versés au C.R.H.M.S.S. avec les archives.
-------
Cette biographie rédigée par Eric NADAUD est extraite du Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français sous la direction de Jean MAITRON, 4e partie : 1914-1939, "De la première à la seconde Guerre mondiale", t. XLIII. Paris : Les Editions ouvrières, 1993, p. 431-439
-------
Sources
- Jean ZYROMSKI, J'ai porté l'étoile jaune de David, récit autobiographique, manuscrit autographe, 44 p.
- La Bataille socialiste, 1927-1939.
_____

Informations sur l'acquisition :

A l'initiative de la fille de Zyromski, Lily Bleibtreu, les archives du dirigeant de la Bataille socialiste ont été déposées au Centre de Recherches et d'Histoire des Mouvements sociaux et du syndicalisme (l'actuel CHS). Un contrat a été signé en janvier 1980 : après un premier classement, les dossiers sont entrés dans le fonds du Centre au cours de l'année 1981.Les archives présentent un grand intérêt en raison du rôle éminent de Jean Zyromski dans le Parti socialiste S.F.I.O de l'entre-deux-guerres, et aussi de son goût pour la conservation des documents. De 1910 à 1968, Zyromski a gardé la plupart de ses articles. Par chance, peu de pièces furent perdues : la police allemande saisit seulement quelques dossiers lors d'une perquisition, le 22 juin 1940. Après la mort de Jean Zyromski, la vigilance de sa fille permit le regroupement et un premier tri des dossiers.
-------
Principales clauses du contrat de dépôt des archives Jean Zyromski :
Madame Bleibtreu déclare déposer à titre révocable au C.R.H.M.S.S. (Centre de Recherches et d'Histoire des Mouvements sociaux et du syndicalisme, l'actuel CHS) les archives de Jean Zyromski . Le déposant donne une autorisation permanente et générale de communication, sauf pour un dossier dit « dossier fermé » (autorisation spéciale). En cas d’annulation du contrat le fonds serait versé à un centre public et en priorité, aux Archives nationales.

Description :

Mise en forme :
Le premier classement de ce fonds a été fait, en 1981 très peu de temps après son dépôt, par un historien du CHS, Claude Pennetier. Ce travail a été guidé par une solide connaissance de la période et par le classement que J. Zyromski avait déjà effectué. Dans la suite de cet inventaire, ce classement sera appelé "classement des historiens". En 2000, dans le cadre d’un stage de fin d’études, un archiviste, Jean-Louis Cirès, a revu et corrigé partiellement cet inventaire en y apportant les modifications nécessaires à la prise en compte des normes archivistiques. Malheureusement, la courte durée de ce stage n’a pas permis la révision complète de l’ensemble du fonds. Ce classement sera appelé, dans la suite de cet inventaire, "classement de l'archiviste".
L’inventaire qui est aujourd’hui disponible dans Calames, intègre à la fois l’expertise de l’historien et de l’archiviste. Nous avons choisi :
- de respecter dans la mesure du possible le classement de Zyromski qui a attribué des titres à de nombreux dossiers.
- de maintenir ou de créer des séries et des dossiers autour de cadres chronologiques qui rendent mieux compte des multiples activités de Zyromski (jusqu’en 1920, l’entre-deux-guerres, la Deuxième guerre mondiale, au-delà de 1945)
- de rassembler la documentation concernant de grands sujets comme le Front populaire ou la guerre d’Espagne
- de respecter l’unité des dossiers documentaires que Zyromski constituait pour alimenter ses articles et conférences. Nous les avons maintenus et regroupés dans une série "Dossiers sur des thèmes politiques et syndicaux"
- de laisser une partie de la correspondance dans les séries ou les dossiers auxquels elle se réfère et qu’elle aide à éclairer
- de regrouper à la fin quelques dossier de correspondance « en vrac »
- Le dossier fermé a été, bien évidemment, maintenu.
- Nous avons recoté l'ensemble du fonds selon ce nouveau classement ; les cotes antérieures ont été reportées, chaque fois que cela était possible ; elles figurent dans l'inventaire précédées de la mention "ancienne cote", en précisant de quel classement il s'agissait.
_____

Description physique :

Importance matérielle :
33 boîtes soit 5 mètres linéaires environ

Ressources complémentaires :

Inventaire disponible sous forme de fichier PDF

Références bibliographiques :

Le fonds Zyromski a fait l'objet de nombreux mémoires et études depuis son arrivée au CHS :
- Franck GEORGI, La Première “Bataille socialiste”, histoire et portrait d’une tendance dans le Parti socialiste, 1927-1935, Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1983.
- Catherine KAHN, Une tendance de la SFIO, "la Bataille socialiste", 1927-1939, Mémoire de Maîtrise, Paris X, 1977.
- Georges LEFRANC, Le mouvement socialiste..., op. cit.
- L. LEVY, Comment ils sont devenus socialistes, Éd. du Populaire, 1932.
- Éric NADAUD, Une tendance de la SFIO, la Bataille socialiste, 1921-1933.Thèse, Paris X, 1987.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Humathèque Condorcet
10 cours des Humanités
93322 Aubervilliers Cedex
Téléphone : 33 (0)1 88 12 08 80
archives.humatheque@campus-condorcet.fr
Site web du Campus Condorcet 

Mises à jour :

4 novembre 2019
  • Mise à jour des informations lors du transfert des fonds du Centre d'histoire sociale des mondes contemporains vers le Grand équipement documentaire du Campus Condorcet
  • Identifiant de l'inventaire d'archives :

    FR-930019801-Paris1-CHS-JZ

    Où consulter le document :

    Humathèque Condorcet - Service des archives

    Liens