Inventaire d'archives : Répertoire numérique détaillé du fonds Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées (GENEPI)

Contenu :

Ce fonds aborde l’action associative en prison et les questionnements qu’elle suscite ; la manière dont est perçu l’enfermement par les politiques et le grand public ; et les conditions de détention en France. Il concerne pour l’essentiel le « Genepi national » mais comprend également des dossiers provenant des archives de groupes locaux (essentiellement celui de Besançon et, dans une moindre mesure, ceux d’Île-de-France) et de la délégation Est. Le fonds est assez lacunaire concernant les 20 premières années d’existence de l’association, l’essentiel des archives concernant la décennie suivante et plus encore les années 2010. Il comprend ainsi une collection complète des rapports d’activités nationaux de 1987 à 2016. Différentes publications internes (guides) témoignent de l’attention portée au suivi des militants et des permanents. De même, des sessions de formations – dont les supports figurent dans les archives – ont été régulièrement organisées pour ces publics.
Ce fonds permet également d’étudier les rapports entretenus par le Genepi avec les pouvoirs publics (au travers de ses prises de position et des réactions qu’elles ont suscitées), des administrations (administration pénitentiaire, protection judiciaire de la jeunesse) et le monde associatif. Les cartons relatifs aux actions de l’association rassemblent des supports d’ateliers destinés aux actions en détention (AD) mais aussi à l’extérieur (ISP : information et sensibilisation du public), qu’il s’agisse d’actions visant le grand public ou d’actions plus ciblées destinées au milieu scolaire. Cette volonté de faire connaitre les réalités carcérales hors les murs se retrouve dans la communication de l’association (communiqués et dossiers de presse, prises de position sur les évolutions législatives) et la revue qu’elle a éditée (La lettre du Genepi devenue en 2005 Passe-Muraille). Enfin, ce fonds vient éclairer la décision prise en 2019 par l’assemblée générale d’arrêter l’action en détention pour ne plus « collaborer à l’enfermement », question qui avait longtemps fait débat au sein de l’association.

Publication :

Agence Bibliographique de l’Enseignement supérieur
2023

Informations sur le producteur :

GENEPI
Le GENEPI (jusqu’en 1994, acronyme de Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées) est une association née en mai 1976 (date de dépôt de ses statuts, après près de deux ans de fonctionnement informel), suite à une initiative de rencontre entre l’Administration pénitentiaire et des étudiants — initiative coordonnée par Lionel Stoléru (alors conseiller à la présidence de la République), engagée après les violentes mutineries des étés 1974 et 1975 dans les prisons. Forte, au début des années 2000, de plus de 800 bénévoles, ayant pour interlocuteurs les détenus, les enfants placés sous-main de justice, l’administration pénitentiaire, la protection judiciaire de la jeunesse, l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, elle a fonctionné jusqu’en août 2021, date de l’annonce de son autodissolution. Ses activités reposant pour l’essentiel sur le bénévolat de ses membres, souvent renouvelés, régulièrement formés, le Genepi a longtemps eu pour objectif général de « collaborer à l’effort public en faveur de la réinsertion sociale des personnes incarcérées par le développement de contacts entre les étudiants de l’enseignement supérieur et le monde pénitentiaire » (article 3 des statuts de l’association).
L'action en détention du Genepi reposait notamment sur des cours de soutien scolaire et des activités socio-culturelles. Elle agissait également « en tout lieu » par « des activités visant à l’amélioration du contexte économique, social et psychologique de la réinsertion des personnes incarcérées en France (…) » (extraits de l’article 4 des statuts de l’association). A partir des années 2010, le Genepi a embrassé des thèses plus critiques au sujet de la prison et de l'administration pénitentiaire.
En 2011, l’association a ainsi changé son objet social et abandonné la « collaboration à l'effort public en faveur de la réinsertion ». Tout au long des années 2010, elle a cherché à concilier ses questionnements internes et son action avec des prises de position comme celle de 2017 instaurant un ensemble de « limites basses » à son action (c'est-à-dire des conditions minimum de déroulement des ateliers, à imposer à l'Administration pénitentiaire, en dessous desquelles les ateliers en détention ne pourraient pas être menés : l'association refusait par exemple d'intervenir si la participation des personnes incarcérées à ses ateliers était conditionnée à des fouilles à nues). Ses relations devenant de plus en plus tendues avec le ministère de l’Intérieur, et l’Administration pénitentiaire ayant abandonné en septembre 2018 la convention triannuelle qui la liait à l’association, celle-ci a décidé en 2019 de se revendiquer féministe et abolitionniste, et de renoncer à son activité historique d'ateliers ou de cours en prison.
Le communiqué d’autodissolution publié l’année suivante, le 2 août 2021, est sans ambiguïtés : « (…) Nous refusons de continuer de faire perdurer une association qui n'a pas été pensée comme un outil de lutte contre l'enfermement et n’a jamais servi l'intérêt des prisonnier-es (…). Nous refusons de continuer à être associées à l’histoire du Genepi et au fait qu’en posant un vernis humanitaire sur la taule, il a servi à la légitimer et la renforcer. Nous refusons de nous contenter d’une critique réformiste de la taule et de la justice, seule possibilité entendue par l’Etat et discours dominant formulé par le Genepi pendant plus de 40 ans. Le système police-justice-prison ne peut pas être réformé. Outil du racisme, du capitalisme et du patriarcat, il doit être aboli. (…) Notre perspective de lutte ne peut être que révolutionnaire, son but est l’abolition de la taule et de toutes les formes d’enfermement. Féministes et anticarcérales tant qu’il le faudra. Solidarité avec tou-tes les prisonnier-es et crame la taule. »

Informations sur l'acquisition :

Don d’Alice Toussaint (agissant en tant que commissaire de liquidation du Genepi) enregistré en octobre 2021 sous le numéro 81236.
Historique de conservation :
Les donateurs et donatrices du fonds ont transmis au sujet de son histoire le texte ci-dessous, daté du printemps 2022.
« Le fonds rassemble les archives du « Genepi national », telles que traitées et triées en vue de la dissolution de l’association, intervenue en 2021. Le bureau national du Genepi a toujours été situé à Paris, mais a connu plusieurs locations. A la création de l’association, ses locaux étaient semble-t-il situés dans les murs du ministère de la Justice, place Vendôme ; elle s’est ensuite installée dans deux annexes du ministère, d’abord rue Ferrus, puis, à partir de 2005, au 12 rue Charles Fourier, dans le 13ème arrondissement, où elle partageait un étage avec d’autres associations comme par exemple le CLIP, Club Informatique Pénitentiaire, ou le MRS, Mouvement pour la réinsertion sociale.
En 2019, les archives étaient en partie conservées dans une salle d’archivage située au sous-sol des locaux de l’association, rue Charles Fourier. En raison de travaux, cette salle a dû être vidée dans un temps assez court, fin 2019 ; un grand nombre d’archives ont alors été perdues. Des archives étaient également conservées dans les deux bureaux de l’association, l’un d’entre eux lui étant prêté par l’Association Française de Criminologie En octobre 2020, ces bureaux ont dû être déménagés à un autre étage de l’immeuble. Les délais de transfert étant très courts, certaines de ces archives ont été triées et éliminées, confiées pour destruction à une entreprise spécialisée. En 2021, il a été demandé au Genepi de payer un loyer, qui ne pouvait entrer dans ses dépenses : cette contrainte a précipité son installation, en mars 2021, au 10 rue de la Pierre-Levée (Paris 11ème) C’est dans ce dernier local que les archives conservées ont été stockées jusqu’à leur déménagement à La contemporaine en septembre 2021.
A partir de 2020, le conseil d’administration de l’association a cherché à permettre la conservation et la valorisation de ses archives. Un poste de « chargée des archives » a été créé, occupé par deux salariées différentes entre janvier 2020 et septembre 2021. Au cours de ces deux années, un travail de reconstitution et de valorisation auprès des bénévoles de la collection des publications du Genepi a été effectué, ainsi que (d’avril à septembre 2021) le classement — en grandes sections pensées avec le conseil d’administration et les militant.e.s de l’association, en fonction des actions et du fonctionnement du Genepi tels que reflétés par/dans ses archives —, le reconditionnement et le pré-inventaire du fonds « national » destiné à être donné à La Contemporaine.
Ce fonds « national » comprend également des archives du groupe local de Besançon, récupérées en juin 2021, à l’université de Franche-Comté, le local que le Genepi Besançon partageait avec le syndicat Solidaires Etudiant.e.s et devant alors être vidé pour des travaux (seule une partie du fonds a été récupérée, après sélection sur place par l’une des deux « chargée des archives », dans le but de compléter le fonds national ; les archives « restantes » ont été détruites). Quelques autres archives locales, issues notamment des groupes d’Île-de-France (fonds très incomplet, constitué suite au déménagement de la Maison des Initiatives Etudiantes, 11 rue des Tournelles, Paris 4ème, par des bénévoles) et de l’Est, se trouvent aussi dans le fonds, au sein duquel elles avaient été intégrées au fil des ans.

Description :

Critères de sélection :
Une collection de la Lettre de Genepi — numéros 2 (1976) à 4 puis 9 à 67 (2005) — initialement présente dans le fonds, en a été extraite pour être traitée comme le sont habituellement les titres de périodiques. Cette collection est désormais consultable sous la cote 4 P 15143.
Les ouvrages listés ci-dessous, donnés par le Genepi en complément du versement de ses archives, ont été intégrés dans les collections de La contemporaine (ouvrages en cours de traitement ; ils seront repérables, à terme, dans le catalogue de la bibliothèque). :
Accueil des familles de détenus en attente de parloir. Ministère de la Justice (Direction de l’Administration pénitentiaire, Sous-direction de la réinsertion, Bureau de l’insertion sociale et de la participation communautaire )1997.
Matthieu Aron, Gardés à vue. Les Arènes, 2010.
Philippe Auzenet, Quand la justice nous casse. Un ancien aumônier des prisons incarcéré témoigne. Le Sarment / Fayard, 2001.
Odile Barral, Les passeurs de muraille. Familles et intervenants en prison. Récits. Erès, 2007.
Hélène Bellanger, Vivre en prison. Histoires de 1945 à nos jours. Hachette Littératures, 2007.
Céline Béraud, Claire de Galembert et Corinne Rostaing, De la religion en prison. Presses universitaires de Rennes, 2016.
Aurélie Bonne-Harbil, Droit et santé en détention. LEH édition, 2018.
Géraldine Bouchard, Vivre avec la prison. Des familles face à l'incarcération d'un proche. L’Harmattan, 2007.
Hans Boutellier, L’utopie de la sécurité : ambivalences contemporaines sur le crime et la peine. Larcier, 2008.
Christophe Cardet, Le placement sous surveillance électronique. L’Harmattan, 2003.
Patrick Chariot, En garde à vue : médecin dans les locaux de la police. La Fabrique, 2005.
CIMADE, Dénoncer la machine à expulser. Cimade, 2018.
Christiane de Beaurepaire, Non-lieu : un psychiatre en prison. Fayard, 2009.
Vanessa de Greef et Julien Pieret, Le casier judiciaire. Approches critiques et perspectives comparées. Larcier, 2011.
Claude Deroussent et Marc Haeberlin, Je cuisine pour moi tout seul ou… cuisine interne. Jérôme Do Bentzinger, 2005.
Christiane Dufourcq-Chappaz, Être père malgré tout : univers carcéral et parentalité. Chronique sociale, 2011.
Jeannette Favre, En prison. Récits de vie. L’Harmattan, 2006.
Jacques Fesch, Dans 5 heures je verrai Jésus ! Journal de prison. Le Sarment / Fayard, 1989.
René Fregni, Charles A. Gouvernet et Yves Jeanmougin, Carcérales. Pages et images en prison. Editions Parenthèses Métamorphoses, 2001.
Sylvie Frigon, De l’enfermement à l’envol. Rencontres littéraires. Prise de parole, 2014.
GENEPI et CVC (Centre de vulgarisation de la connaissance), Les prisons. Milan, 1999.
Philippe Gailly (ed.), La justice restauratrice. Larcier, 2011.
Antoine Garapon (dir.), Les juges, un pouvoir irresponsable ? Nicolas Philippe, 2003.
Catherine Herszberg, Fresnes, histoires de fous. Seuil, 2006.
Alice Jaspart, Aux rythmes de l’enfermement. Enquête ethnographique en institution pour jeunes délinquants. Bruylant, 2015.
Myriam Joël, La sexualité en prison de femmes. Presses de Sciences Po, 2017.
Annie Kensey, Prison et récidive. Armand Colin, 2007.
François Laruelle (ed.), Fabriques de l’insécurité. L’Harmattan, 2007.
Philippe Le Pelley Fonteny, Les Don Quichotte de l’espoir. Une présence inconditionnelle : l'accompagnement à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes et à l'UHSI La Pitié-Salpêtrière. Glyphe, 2016.
François Lecompte, Attentes : désincarcérer la prison. Jean-Michel Place, 2012. Entretien avec Gabriel Mouesca, président de la section française de l'Observatoire international des prisons.
Mathieu Martinelle et Catherine Ménabé (dir.), L’enfant en prison. L’Harmattan, 2017. Actes de la Journée d'étude du 6 octobre 2016 à la Faculté de droit de Nancy.
Alain Monnereau, La castration pénitentiaire. Droit à la sexualité pour les personnes incarcérées. Lumière et justice, 1986.
Personnes sortant de prison ou sous-main de justice. Guide pratique de l’accueil et de l’accompagnement. FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale), 2016.
Patrick Pognant, Procès de Philippe Naigeon. La paranoïa menottée. Essai. L’Harmattan, 2002.
Serge Portelli, Récidivistes. Chroniques de l'humanité ordinaire. Grasset, 2008.
Prisons. Concours universitaire national de la bande dessinée 2006. Recueil des planches sélectionnées par le jury national à Besançon le 19 juin 2006. CROUS Besançon, 2007.
Saïd André Remli, Je ne souhaite cela à personne. Seuil, 2010.
Isabelle Rome, Dans une prison de femmes : une juge en immersion. Editions du Moment, 2014.
Gilles Sainati et Ulrich Schalchli, La décadence sécuritaire. La Fabrique, 2007.
François Sammut, Pierre Lumbroso, Christian Séranot, La prison : une machine à tuer ? Un pénitentiaire et un avocat en colère. Editions du Rocher, 2002.
Jean-Louis Senon, Psychiatrie de liaison en milieu pénitentiaire. PUF, 2016.
Eric Sniady, Entre quatre murs. City, 2016.
Tentatives d’évasion. Ombres et lumières à Clairvaux. Editions Loco / Association renaissance de l’Abbaye de Clairvaux, 2014.
Jean-Marie Thiébaud, Prison et justice. Mode d'emploi pour les détenus et leurs familles. Petite encyclopédie pratique à l'usage des justiciables. L’Harmattan, 2000.
Syndicat de la magistrature (Eric Al, ed.), Le sexe et ses juges. Syllepses, 2006. Actes du colloque organisé par le Syndicat de la magistrature le 26 novembre 2004 au palais de justice de Paris.
Talents cachés. 10ème anniversaire. De l’ombre à la lumière… Les Points sur les i éditions, 2005. Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition « Talents cachés. 10ème anniversaire » présentée au Centre interculturel de la PSTI et à l’espace Saint-Sauveur de l’hôpital Corentin-Celton à Issy-les-Moulineaux.
Union nationale des Fédérations régionales des associations de maisons d'accueil de familles et proches de personnes incarcérées, Un de mes proches vient d’être incarcéré dans un centre de détention ou en maison centrale. Carnet de bord de la famille. UFRAMA, 2005.
Mise en forme :
Le classement original du fonds, établi par la chargée d'archive du Genepi, a été conservé, ainsi que les titres originaux des différentes sections.

Conditions d'utilisation :

La reproduction, la publication ou la citation des documents sont soumises à l’accord préalable de La contemporaine. Toutefois, les documents conservés dans les sections 1 « Archives interne », 6 « Relations institutionnelles », 7 « Piliers », 8 « Communication », 9 « Groupes locaux », et 10 « Documentation » ne peuvent être reproduits pendant une durée de 20 ans (jusqu’en 2042).

Description physique :

Importance matérielle :
41 cartons

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

La contemporaine
Université Paris Nanterre
184 cours Nicole Dreyfus
92000 Nanterre
Téléphone : 01 40 97 79 00
Mail : collections@lacontemporaine.fr
Accéder au site web de notre bibliothèque 

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FR_920509801_LC_Archives_AC_GENEPI

Liens