Inventaire d'archives : Archives du couvent des trinitaires de Sarzeau

Contenu :

Bien que lacunaire, le fonds du couvent des trinitaires de Sarzeau apporte un éclairage sur la vie de l’établissement du XIVe siècle à la fin du XVIIIe siècle, avec en premier lieu des documents liés à son organisation générale tels que des titres de fondation – dont une fondation par Anne de Bretagne en 1512 – ou encore des documents liés aux privilèges et aux devoirs incombant aux trinitaires. Parmi ces derniers, plusieurs procès-verbaux de descente au couvent aux XVIe et XVIIe siècles sont particulièrement riches en informations : identité des religieux, célébrations des messes, mobilier, obligation d’accueil des pauvres et tenues de lits à l’hôpital du couvent, etc. D’autres documents ont trait aux rapports du couvent avec l’ordre des trinitaires. On trouve notamment des procès-verbaux de visites effectuées dans d’autres couvents de l’ordre par le ministre du couvent de Sarzeau, qui exerce à certaines périodes les fonctions de visiteur provincial dans les provinces de Bretagne et Normandie, ou encore des documents témoignant de la difficile introduction de la réforme de l’ordre dans les couvents de Sarzeau et de Rieux au XVIIe siècle. Les documents de fonctionnement de l’abbaye offrent par ailleurs quelques informations sur les religieux qui l’occupaient, leur comptabilité, leurs emprunts et leurs prêts mais donnent peu d’éléments sur leur vie spirituelle. Les documents relatifs aux biens du couvent sont en revanche un peu plus nombreux et concernent notamment les aveux et autres droits dus au roi, les rentes perçues par les trinitaires ou encore les dîmes qu’ils possèdent sur la presqu’île de Rhuys, qui donnent fréquemment lieu à des contentieux. Le fonds comporte enfin quelques documents isolés sans rapport apparent avec le couvent.

Cote :

56 H 1-65

Publication :

Archives départementales du Morbihan
2020
Vannes

Informations sur le producteur :

Les trinitaires, dont la vocation principale est de recueillir les aumônes des fidèles pour racheter les chrétiens captifs en terre étrangère, s’établissent à Sarzeau en 1341 à l’appel du duc Jean III. Ce dernier installe, en effet, un hôpital1 dans le bourg de Sarzeau, doté d’une rente annuelle de 200 livres et confié à quatre religieux de l’ordre de La Trinité. Ces derniers jouissent de dîmes dans les paroisses de Sarzeau et Saint-Gildas, du droit de prendre du bois de chauffage dans la forêt ducale de Rhuys et d’y faire paître les bêtes du couvent, du droit de mouture immédiate dans les moulins du duc ainsi que du droit de pêche dans ses étangs. Une autre rente annuelle vient s’y ajouter en 1512, date à laquelle Anne, reine de France et duchesse de Bretagne, fonde une messe hebdomadaire moyennant une rente de 10 livres pour compenser les torts que les trinitaires disent avoir subi lors de la réformation du domaine de Rhuys. Le siècle suivant est marqué par la réforme de l’ordre de la Trinité, introduite avec difficulté dans le couvent de Sarzeau en 16422. Un autre hôpital est par ailleurs fondé à Sarzeau en 1667 par le recteur Vincent de Sérent, abandonné puis remplacé par un second établi par Pierre de Francheville en 1724 et confié aux filles du Saint-Esprit ; celui-ci entraîne peut-être une fermeture de l’hôpital des trinitaires dans le courant du XVIIIe siècle3.
À la Révolution, le couvent des trinitaires de Sarzeau compte toujours quatre religieux et est saisi comme bien national. Les demandes faites à l’administration révolutionnaire par la municipalité de Sarzeau en vue de conserver au couvent sa vocation initiale – soit en continuant d’accueillir des trinitaires, soit permettant aux municipalités du canton d’y tenir un hôpital et un atelier de charité – ne sont pas retenues4. La vente du mobilier débute ainsi le 15 avril 1791. La maison des trinitaires, son église et ses dépendances sont quant à eux vendus entre 1791 et 1799 à Jean-Claude Valet et divers autres particuliers. Le couvent retrouve sa vocation religieuse un demi-siècle plus tard : avec son enclos et son église, il est acheté en 1847 par les Pères de Picpus, qui y tiennent une maison d’étude pour leurs théologiens, un collège secondaire puis une école apostolique5.

Informations sur l'acquisition :

Il est probable que les archives du couvent des trinitaires de Sarzeau aient été transférées du siège du district de Vannes vers les Archives départementales suite à la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796). Cette loi ordonnant la réunion dans les chefs-lieux de département de tous les papiers acquis à la République semble cependant avoir été appliquée avec difficulté dans le Morbihan, comme le souligne le rapport de l’archiviste au ministère de l’Intérieur en 1817 : « À la supression des districts, les troubles qui avoient agités pendant plusieurs années le département ayant occasionnés l'enlèvement et même la destruction des registres et titres des chefs-lieux, ils ne purent être remis qu'en partie et dans le plus grand désordre au chef-lieu du département, ceux des districts de Rochefort et de La Roche-Bernard ayant été particulièrement en grande partie la proie des flammes »9. La date exacte d’entrée du fonds aux Archives départementales reste cependant inconnue. La première mention claire et datée des archives des trinitaires de Sarzeau est faite dans le répertoire général des Archives départementales de 183810, sans précision sur le nombre de liasses, tandis que le répertoire général de 1850 mentionne la présence de quatre liasses provenant du couvent. Outre ce noyau initial, quelques documents rejoignent le fonds suite à un don de l’abbé Marmagnant en 192611 et suite à un achat à la librairie Saffroy en 195712.
Historique de conservation :
Les titres primordiaux du couvent de la Trinité de Sarzeau disparaissent avant la première moitié du XVIIIe siècle. Vers 1730, une déclaration faite par le ministre du couvent à l'assemblée générale du clergé de France et au bureau du diocèse de Vannes donne en effet les indications suivantes : « nous ne scavons pas que sont devenus nos tiltres primordiaux, soit que les Englois qui s'estoint emparés de cette maison et avoint mené monsieur le ministre priçonier à Londres, ayent emporté les tiltres, soit qu'ils ayent esté brûlés par deux incendies qui sont arrivées et dont cette misérable maison porte encore les marques »6. Quelques précisions sur les conditions de conservation des archives au couvent peuvent par ailleurs être trouvées dans les archives de l’administration révolutionnaire. Une déclaration des biens du couvent datée du 5 novembre 1790 mentionne ainsi, à l’étage d’un corps de logis situé à droite du vestibule d’entrée de la cour, « un cabinet dans lequel sont le chartrié et la bibliothèque », qui contient « peu de titre » et dont le contenu est brièvement décrit7. Les titres y sont rangés dans une armoire avec le linge du couvent8. Ils sont ensuite vraisemblablement transportés vers le district de Vannes avant la vente du couvent.

Description :

Critères de sélection :
L'ensemble du fonds est conservé de manière définitive et aucune élimination n'a été effectuée par les Archives départementales.

Conditions d'accès :

Les documents sont immédiatement communicables sous réserve que leur état le permette.
Publiable sur internet

Conditions d'utilisation :

Les documents sont reproductibles (photographies sans flash) sous réserve que leur état le permette.

Langues :

langue: La plupart des documents sont en français, quelques-uns sont en latin.

Description physique :

Importance matérielle :
1

Ressources complémentaires :

Sources internes au service
 
Série B :
Les trinitaires de Sarzeau apparaissent dans divers fonds judiciaires, en particulier celui de la sénéchaussée de Rhuys. Parmi eux, on relève notamment un dossier concernant l’homicide d’un enfant de chœur par un frère convers du couvent en 1742 (7 B 401).
Série J :
93 J 847 (fonds du château de Truscat) : pièce de procédure opposant Étienne Copalle, ministre du couvent des trinitaires de Sarzeau, à René de Francheville, procureur du roi en la sénéchaussée de Rhuys, en raison de l'absence des religieux pour faire le service divin et des lits et des vivres pour recevoir les pauvres (1563).
Série Q :
Plusieurs documents concernent la gestion des biens nationalisés du couvent des trinitaires de Sarzeau, en particulier dans la cote Q 321.
Série L :
L 875 : correspondance, déclarations, comptes, extraits de registres paroissiaux et de registres de vêture concernant les anciens religieux de la Trinité de Sarzeau (1791).
 
Sources externes au service
 
Archives départementales de Loire-Atlantique
Série B : B 916 : aveux et déclarations du couvent des trinitaires de Sarzeau (1573-1686).
Archives nationales
Les séries L et LL (monuments ecclésiastiques) et S (biens des établissements religieux supprimés) contiennent des documents sur les établissements religieux sous l’Ancien Régime.

Références bibliographiques :

Deslandres (Paul), L’ordre des trinitaires pour le rachat des captifs, Toulouse, Édouard Privat; Paris, Plon, Nourrit et Compagnie, 1903, 2 vol.
Le Mené (Joseph-Marie), Communautés situées hors de Vannes, Vannes, Galles, 1905, p. 21-37. [U 274.41]
Martin (Hervé), Les ordres mendiants en Bretagne (vers 1230-vers 1530) : pauvreté volontaire et prédication à la fin du Moyen Âge, Paris, Klincksieck, 1975. Plusieurs développements sont consacrés aux trinitaires de Sarzeau, notamment p. 30-31. [HB 3124]

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD056_00000056H

Liens